Musique
Le fabuleux destin du petit baladeur d'Apple
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Lorsqu’il présente l’iPod en octobre 2001, le très charismatique Steve Jobs ne doute pas une seconde qu’il tient le moyen de refaire parler d’Apple un jour ou l’autre. Les jours et les mois qui viennent vont lui donner raison. Quand la firme à la pomme entre sur ce marché, les ventes mondiales de baladeurs mp3, toutes marques confondues, avoisinent à peine les 3 millions d’unités. Au printemps 2005, plus de 20 millions d’iPod sont vendus à travers le monde. En quatre ans, ce petit baladeur va radicalement changer le cours de l’histoire de la musique numérique et celui d’Apple. Cet ouvrage, iPod Backstage, les coulisses d’un succès mondial, vient donc à son heure. Conçu sur la base d’une enquête complétée par le point de vue d’experts, ce livre très documenté rédigé à quatre mains retrace l’ascension du plus célèbre lecteur mp3 de la planète. Les deux auteurs, Marc Geoffroy, journaliste spécialisé d'Apple, et Gilles Dounès, rédacteur en chef du site Macplus.net, qui, manifestement connaissent bien leur sujet, nous racontent avec moult détails et anecdotes les étapes successives qui ont conduit à la création de l'iPod.
L’histoire commence alors que l'entreprise de Cupertino cherche des idées pour se diversifier vers l’électronique grand public. Si Steve Jobs incarne le Macintosh, on doit l’iPod à un homme : Tony Fadell. L’idée de cet ingénieur de 31 ans est de créer un lecteur mp3, de construire un service de vente de musique en ligne pour le compléter et de monter une société autour. Ce concept visionnaire séduit Apple : le tryptique iPod/iTunes/MusicStore est né. En dix mois, avec une équipe de 35 personnnes, Tony Fadell lance le projet, réunit les technologies (connexion Firewire, interface pour iTunes), réalise l’architecture de l’iPod (disque dur miniature d’IBM, système d’exploitation Pixo, processeur ARM de la société PortPlayer) et négocie les licences nécessaires pour le développement du produit. Fadell s’occupe de tout sauf du design. Ce chantier revient naturellement à Jonathan Ive, le designer des célèbres iMac et iBook aux formes rondes et aux plastiques translucides.
30 millions d’unités vendues d’ici la fin 2005
L’approche de Jonathan Ive est encore une fois révolutionnaire : l’iMac est un croisement entre un tournesol et une lampe de bureau, l’iPod s’inspirera d’un célèbre paquet de cigarettes blanc au logo rond. Résultat : un appareil particulièrement compact qui tient dans un boîtier blanc et chrome, de la taille d’un paquet de cartes à jouer. Pour naviguer: un écran de visualisation et surtout la célèbre molette de sélection tactile. Mais l’iPod n’est pas seulement un beau gadget, c’est également un bon produit avec une grande capacité de stockage. Le disque dur de 5 Go abrite alors un millier de morceaux, le dernier modèle avec un disque dur de 20 Go permet de stocker près de 5 000 chansons.
Une fois encore, il semble bien que Steve Jobs ait visé juste. L’iPod devient un objet culte dans les six mois qui suivent son lancement, les ventes vont se multiplier par trois entre 2003 et 2004, passant par plusieurs phases d’accélération. Le phénomène est mondial. Le baladeur fait des campagnes d’affichage dans le métro et a droit, au même titre que n’importe quelle actrice, à la couverture des magazines. De nombreux sites et forums de discussion sont consacrés au baladeur d’Apple. Les stars de la chanson de Moby à Robby Williams en passant par le groupe de rock U2 s’affiche avec lui. C’est un vrai succès. Une foule de modèles (iPod Mini en différentes couleurs, iPod Photo, iPod Shuffle destiné aux petits budgets et iPod Nano) et d’applications (comme le podcasting ou baladodiffusion) sont développées spécifiquement. Reste que cette croissance des ventes du baladeur s’appuie largement sur le logiciel iTunes qui sert à l’alimenter. Accessible sur Windows et MacOS, ce jukebox qui propose de rechercher sur le disque dur de l’ordinateur les morceaux mp3 et de les organiser dans une bibliothèque musicale, permet aussi de graver des CDmp3. L’ouverture du site de vente en ligne iTunes MusicStore va encore accélérer ce phénomène. Le prix symbolique du morceau (moins d’un dollar ou d’un euro) est devenu un standard du marché.
Aujourd’hui, Apple est devenu une affaire de musique et non plus seulement d’informatique. Cet ouvrage donne également des pistes pour comprendre pourquoi le fabricant de Mac est devenu l’un des leaders de la musique numérique. Si la première partie du livre raconte l’aventure de l’iPod, la seconde met en relief la nouvelle stratégie économique du groupe. Tout va bien pour la marque à la pomme : 30 millions d’iPod seront vendus d’ici la fin de l’année, 100 millions d’ici 2009. L’entreprise de Cupertino réussit sur tous les plans. Les ventes d’ordinateurs de bureau et de portable ont progressé de 50%, deux à trois fois supérieure à celle des PC. Le succès du baladeur dope par ricochet les ventes d’ordinateurs Macintosh équipés du logiciel iTunes sur lequel le baladeur vient s’alimenter en chansons. Sa plate-forme de musique en ligne iTunes MusicStore revendique aujourd’hui plus de 76 % des téléchargements légaux sur la toile. A travers l’aventure de l'iPod, les auteurs reviennent également sur les débuts de la e-musique: l’avènement du format mp3, des premiers encodeurs et lecteurs de fichiers. Un ouvrage unique pour les aficionados d’Apple et pour tous ceux qui souhaitent comprendre le monde de la musique numérique.
par Myriam Berber
Article publié le 26/09/2005 Dernière mise à jour le 26/09/2005 à 16:10 TU
