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Pologne

A la recherche d’une coalition

Donald Tusk (à gauche) et Lech Kacynski (à droite), les deux représentants de la droite polonaise tentent de former une coalition gouvernementale.(Photo : AFP)
Donald Tusk (à gauche) et Lech Kacynski (à droite), les deux représentants de la droite polonaise tentent de former une coalition gouvernementale.
(Photo : AFP)
A l’issue de l’élection présidentielle, les deux principaux partis de la droite polonaise, majoritaires à l’assemblée, tentent de former une coalition gouvernementale. Exercice apparemment difficile en dépit des fortes convergences d’idées et de programmes entre les deux formations, Droit et Justice du président Lech Kaczynski et la Plateforme civique de Donald Tusk.

De notre correspondante à Varsovie

En choisissant Lech Kaczynski pour président, les Polonais ont opté pour la rupture et pour un virage résolument à droite. Le candidat conservateur, élu avec 54% des voix et un taux de participation de 51%, s’est présenté comme le champion de la lutte contre la corruption qui gangrène le pays, comme le protecteur des petits et le défenseur d’un Etat providence contre le libéralisme à tout crin prôné par Donald Tusk, le candidat libéral de la Plateforme civique. Ce dernier a effrayé les électeurs des campagnes et des petites villes. Lech Kaczynski a pour priorités de lutter contre le chômage, de solder les comptes du passé communiste, et de mettre en œuvre un vaste volet d’économie libérale: son parti est également pour la baisse des impôts, sans être toutefois aussi radical que la Plateforme civique.

Dès l’annonce de sa victoire, Lech Kaczynski a voulu tendre la main à son rival, Donald Tusk, en lui proposant de devenir le maréchal de la Diète (président de l'Assemblée), un poste-clef, et de bâtir au plus vite la coalition avec ses adversaires. Lech Kaczynski multiplie les gestes d’apaisement pour atténuer les impressions laissées par une campagne électorale extrêmement brutale durant laquelle il n’a pas hésité à flirter avec l’extrême droite ultra catholique regroupée autour de Radio Maryja et avec les électeurs du populiste Andrzej Lepper. Kaczynski, lors de l’annonce officielle des résultats, se voulait rassurant quant à sa vision de la politique extérieure : «Il y a beaucoup de bonnes choses qui ont été faites en Pologne depuis 16 ans», a-t-il proclamé.

Le président dispose de peu de pouvoirs en Pologne

«Nous vivons dans un pays démocratique et libre et nous avons atteint deux buts stratégiques: nous sommes dans l’Otan et dans l’Union européenne», a dit Kaczynski voulant clouer le bec à ceux qui le soupçonnent d’être eurosceptique et qui se souviennent encore de ses déclarations germanophobes ainsi que de son inimitié envers la Russie. La presse polonaise se rassure en rappelant que le président n’a fort heureusement que bien peu de pouvoirs en Pologne. Pour les renforcer, il faudrait un changement de la constitution et l’assentiment des trois quarts des députés: un cadeau que ni la Plateforme civique, ni les autres partis ne sont prêts à faire.

Le ton des commentaires est tout de même à l’inquiétude, voire au désespoir. Helena Luczywo dans le Gazeta Wyborcza, le quotidien le plus important du pays fondé par Adam Michnik écrit : «C’est un succès d’une coalition pleine de méfiance envers le libre marché et les institutions européennes, une coalition qui juge négativement les 15 dernières années de transformation en Pologne.» D’après l’hebdomadaire de droite Wprost, qui soutenait Donald Tusk, la Plateforme civique ne doit pas former de coalition avec Droit et Justice. «Ce serait un suicide spectaculaire», considère le journal. En effet, devant le succès de Lech Kaczynski, la Plateforme civique se montre de moins en moins enthousiaste pour construire le futur gouvernement avec ses frères ennemis. Même si une liste de noms est déjà publiée par la presse, lundi soir le leader de la Plateforme Jan Rokita, pourtant très proche des frères Kaczynski, a tapé du poing sur la table devant le nombre de postes que Droit et Justice voudrait rafler. Il est donc très difficile de dire maintenant quelle sera la Pologne dirigée par les jumeaux Kaczynski.

Kaczynski pourrait se tourner vers l’extrême droite

Les programmes des deux partis diffèrent largement. Il y aura certainement une baisse des impôts mais pas de flat taxe à 15% comme le demandait la Plateforme. Le programme social de Droit et Justice (une réforme en profondeur du système de sécurité sociale, les aides aux enfants mal nourris et aux chômeurs) est jugé comme trop coûteux par la Plateforme civique dans une Pologne qui doit faire face à une importante crise budgétaire.

En revanche, le programme très libéral de la Plateforme est impopulaire, il contient notamment la proposition de rendre les études payantes, de réformer la sécurité sociale des agriculteurs, très peu chère et avantageuse pour cette classe sociale qui représente près d’un quart de la population en Pologne. Tout dépend maintenant de la capacité des deux partis de droite à s’unir ou à se diviser. Si la Plateforme renonce à rejoindre Droit et Justice, les frères Kaczynski pourraient se tourner vers l’extrême droite et les populistes pour trouver une majorité à l’Assemblée.


par Maya  Szymanowska

Article publié le 25/10/2005 Dernière mise à jour le 25/10/2005 à 16:17 TU

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Piotr Kaczynski

Institut des affaires publiques de Varsovie

«Les deux parties, celle de Lech Kaczynski (PiS), conservatrice, et la Plateforme civique (PO), plus libérale, vont construire le nouveau gouvernement et faire une politique plus ouverte sur le monde.»

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