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Israël

Kadima lance sa campagne pour les législatives

Le ministre des Finances Ehud Olmert (ici à g. d'Ariel Sharon) est l'une des grosses pointures du parti Kadima.(Photo: AFP)
Le ministre des Finances Ehud Olmert (ici à g. d'Ariel Sharon) est l'une des grosses pointures du parti Kadima.
(Photo: AFP)
Kadima ne fait pas mentir son nom. Le parti créé le 21 novembre dernier par Ariel Sharon et dont le nom signifie en hébreu «en avant» a commencé ce lundi à dévoiler, bien avant ses principaux rivaux du Likoud et du Parti travailliste, son programme pour les élections anticipées du 28 mars prochain. Kadima se propose ainsi, une fois au pouvoir, de fixer les frontières définitives d’Israël et donc du futur Etat palestinien. Tout en affirmant son attachement à la Feuille de route, ce plan de paix de la communauté internationale qui propose le règlement d’un conflit vieux de près de 60 ans, la nouvelle formation centriste fixe certaines exigences comme le rejet du droit au retour des réfugiés palestiniens. Sur le plan intérieur enfin, Kadima propose une réforme constitutionnelle visant à stabiliser le gouvernement israélien dont le Premier ministre passe près de la moitié de son temps à tenter de se maintenir au pouvoir.

Huit jours après l’hospitalisation de son fondateur, Ariel Sharon, victime d’une attaque cérébrale qualifiée de mineure, Kadima est d’ores et déjà dans les starting-blocks pour les élections législatives anticipées. Les ténors de cette nouvelle formation centriste, qui accueille des transfuges aussi bien du Likoud que du Parti travailliste, ont lancé lundi matin leur campagne en vue du scrutin prévu le 28 mars prochain, dans l’un des grands centres commerciaux de Tel Aviv, le Azrieli shopping mall. Mais c’est dans le quotidien Maariv que les Israéliens ont pu découvrir ce matin les grandes lignes du programme défendu par Kadima. Le parti affirme ainsi en préambule que «l’objectif suprême du gouvernement (qu’il dirigera) sera de préserver l’existence et la sécurité d’Israël, foyer national du peuple juif». Pour se faire, Kadima estime que les Israéliens doivent se résoudre à «renoncer à une partie d’Eretz-Israël», Israël aux frontières bibliques qui, outre l’actuel territoire hébreu, comprend la Judée et la Samarie, c’est-à-dire l’actuelle Cisjordanie sur laquelle doit être bâtie une partie du nouvel Etat palestinien.

Concernant le processus de paix, Kadima réaffirme son attachement à la Feuille de route, le plan proposé par le Quartette –Etats-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies­– pour résoudre le conflit israélo-palestinien et qui, depuis son lancement officiel en avril 2003, est toujours au point mort. «Il est primordial de progresser dans le processus de paix avec les Palestiniens. Nous agirons par tous les moyens possibles afin de fixer les principes permettant d’établir les frontières permanentes de l’Etat d’Israël et de parvenir au calme et à la paix», affirme ainsi le programme du parti dévoilé lundi par Maariv. Il y a quelques jours, dans les colonnes du quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, l’un des membres de Kadima, Haïm Ramon –un transfuge du Parti travailliste– précisait que la paix avec les Palestiniens se ferait graduellement, «par étapes et d’une manière mesurée et prudente». «Nous n’avons pas l’intention d’imposer dans l’année un accord sur le statut final des Territoires palestiniens. La marche à suivre est celle qui a prévalu lors des accords d’Oslo», à savoir par étapes, avait-il insisté. Mais certains points semblent d’ores et déjà non négociables pour Kadima comme par exemple «le droit au retour» des réfugiés palestiniens des guerres de 1948 et 1967 qui mettrait en péril, aux yeux de ce parti, l’identité juive de l’Etat hébreu. Le statut de Jérusalem-Est –que les Palestiniens veulent pour capitale de leur futur Etat– et celui des grands blocs de colonies de Cisjordanie comme Ariel, le Goush Etzion ou encore Maale Adoumim, qu’Israël n’entend pas abandonner, seront autant de points d’achoppement lors des futures négociations de paix.

Vers une réforme des institutions

Sur le plan intérieur, Kadima veut aussi aller de «l’avant» et propose notamment une refonte du système politique israélien. Le parti d’Ariel Sharon souhaite en effet abandonner la proportionnelle intégrale, actuellement en vigueur et à l’origine de l’émiettement du pouvoir, le but déclaré étant de mettre un terme à l’instabilité qui caractérise la vie politique israélienne. Un nouveau système de gouvernance est essentiel pour permettre aux prochains gouvernements de travailler et de mener à bien leur programme, avait plaidé, il y a quelques jours, Haïm Ramon dans les colonnes du Yediot Aharonot. Ce membre de la Knesset avait fait valoir que l’actuel système ne permettait pas aux hommes politiques de gouverner dans la mesure où il les obligeait à «perdre un temps précieux dans des manœuvres politiciennes dans le seul but de maintenir leur cabinet en place». «Un Premier ministre investit actuellement 30 à 50% de son temps uniquement pour  survivre politiquement. Nous devons travailler à changer ce système», avait-il insisté. Dans ce contexte, Kadima juge qu’une réforme des institutions est indispensable.

A un peu plus de trois mois des élections législatives, le parti d’Ariel Sharon, qui fête aujourd’hui ses cinq semaines d’existence, a incontestablement pris une longueur d’avance sur ses principaux rivaux que sont le Parti travailliste et le Likoud. Il bénéficie pour l’instant d’un élan de sympathie –qui n’a pas faibli avec l’hospitalisation il y a huit jours de son fondateur– qui se traduit notamment dans les sondages par une nette avance sur ses concurrents. Kadima est ainsi crédité d’une quarantaine de sièges à la Knesset sur un total de 120. Les travaillistes, emmenés par le syndicaliste Amir Peretz, ne parviendraient à faire élire que 19 députés. Quant au Likoud de Benyamin Netanyahu, il n’est crédité que d’une quinzaine de sièges.

De nombreux analystes de la scène politique israélienne avaient estimé que Kadima était le parti d’un seul homme, Ariel Sharon, et prédit que les ennuis de santé de ce dernier –qui ont fait ces derniers jours la une des journaux du pays– ne manqueraient pas d’affaiblir cette nouvelle formation qui se définit comme centriste. Il semblerait, pour l’instant, que ce ne soit pas le cas. Les Israéliens ne manqueront sans doute pas d’être sensibles à la volonté de transparence affichée par le Premier ministre concernant ses problèmes médicaux. Alors qu’aucune loi ne l’oblige à publier son bulletin de santé, Ariel Sharon a en effet ordonné à ses médecins de tenir informés ses concitoyens. Huit jours après son hospitalisation, les Israéliens ont donc appris lundi que l’attaque cérébrale minime dont il a été victime avait touché pendant quelques heures «sa capacité de locution» mais n'avait en rien affecté «sa mémoire et ses autres facultés». Ils ont également appris que leur chef du gouvernement devait subir une intervention cardiaque mineure dans «deux ou trois semaines». Cette intervention, qui doit se dérouler «sous légère anesthésie», est destinée à empêcher que ne se reproduise l’attaque qui a nécessité l’hospitalisation du Premier ministre et qui était due «à un caillot de sang venant du cœur», ont même précisé ses médecins. Une transparence qui honore Ariel Sharon qui fêtera en février prochain ses 78 ans.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 26/12/2005 Dernière mise à jour le 26/12/2005 à 18:22 TU