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Ukraine

Les députés destituent le gouvernement

C'est sous l'impulsion de Ioulia Timochenko, l’ancien Premier ministre limogé, que le gouvernement Iouchtchenko a été destitué .(Photo: AFP)
C'est sous l'impulsion de Ioulia Timochenko, l’ancien Premier ministre limogé, que le gouvernement Iouchtchenko a été destitué .
(Photo: AFP)
Mardi après-midi, le Parlement, la « Rada Suprême », a destitué le gouvernement. Le Premier Ministre Iouri Ekhanourov était venu présenter devant les députés la teneur de l’accord conclu la semaine dernière avec l’entreprise d’Etat russe Gazprom sur les prix du gaz. La moitié des députés se sont prononcés contre. C’est un rude coup porté à la politique du président Victor Iouchtchenko, à moins de trois mois des élections législatives.

De notre correspondante à Moscou

Dans des déclarations fracassantes cette semaine, l’opposante Ioulia Timochenko disait vouloir la tête du ministre ukrainien de l’Energie, Ivan Platchkov, ainsi que celle du chef de la compagnie publique Naftogaz, Oleksiy Ivtchenko. L’ancien Premier ministre, en froid avec le pouvoir depuis son éviction au mois de septembre dernier, aura finalement presque eu celle du gouvernement tout entier ! C’est en effet sous son impulsion que, hier après-midi, 250 députés sur 450 ont voté la motion de censure destituant Iouri Ekhanourov. Pour obtenir la majorité, Ioulia Timochenko a pu compter sur toutes les forces de l’actuelle opposition : des Communistes en passant par le Parti social démocratique uni, mais aussi sur Victor Ianoukovitch, l’adversaire pro-russe de Victor Iouchtchenko lors de l’élection présidentielle de 2004. Par la même résolution, les députés ont demandé au gouvernement d’exercer ses fonctions par intérim jusqu’à la formation d’une nouvelle équipe. Selon les experts, cela pourrait attendre la fin des élections législatives, prévues le 26 mars.

« Trahison des intérêts nationaux »

Pour la majorité des députés, l’accord trouvé avec Gazprom est contraire aux intérêts de la Nation et va avoir de lourdes conséquences sur l’industrie du pays. Le prix du gaz russe pour l’Ukraine a presque doublé, passant de 50 dollars les mille mètres cubes à 95 dollars. De plus, les transactions auront désormais lieu via une entreprise mixte, RosOukrEnergo. Cette société de courtage, peu transparente, a très mauvaise réputation en Ukraine. Appartenant pour moitié à Gazprom et au groupe autrichien Raiffaisen, l’entreprise est en effet soupçonnée d’être dirigée par de hauts responsables russes. Ce qui reviendrait à « offrir » aux Russes le monopole des livraisons de gaz à l’Ukraine. Dès l’annonce de l’accord, Ioulia Timochenko en demandait l’annulation. L’ancien Premier ministre s’est d’ailleurs engagée à demander au Parquet d’ouvrir une enquête judiciaire contre les dirigeants du secteur énergétique ukrainien pour « trahison d’intérêts nationaux » et « abus de pouvoir ». En réalité, de l’avis des analystes, il s’agirait pour l’opposition, à quelques semaines des élections législatives, de reprendre la main politiquement. Le parti de Ioulia Timochenko, actuellement favori des sondages, se présente contre celui du président.

Bisbilles constitutionnelles

En déplacement hier et aujourd’hui à Astana, au Kazakhstan, pour assister à l’investiture officielle du président Noursoultan Nazarbaïev, Victor Iouchtchenko, interrogé par des journalistes à sa descente d’avion, a aussitôt mis en doute la constitutionnalité du vote des députés. C’est que, conformément aux amendements à la Constitution entrés en vigueur ce 1er janvier, le Parlement a désormais pour prérogative de choisir le Premier ministre ainsi que de la plupart des membres du gouvernement, ouvrant l’éventualité d’une future cohabitation. D’où l’importance des élections législatives à venir. Mais pour Sergui Golovaty, ministre de la Justice destitué, le Parlement ne disposerait pas encore de cette autorité. Selon lui, les députés ne pourraient procéder à un tel vote qu’une fois le nouveau Parlement élu, au mois de mars. Une décision selon lui « absurde », d’autant plus que dans la situation actuelle, le parlement ukrainien étant profondément divisé, « ni le président, ni le parlement ne seront capables de former un gouvernement avant qu'une nouvelle assemblée soit élue. » Le président Victor Iouchtchenko, qui a annoncé vouloir porter plainte devant la Cour constitutionnelle, devait consulter ses juristes mercredi.


par Virginie  Pironon

Article publié le 11/01/2006 Dernière mise à jour le 11/01/2006 à 12:47 TU

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Thierry Parisot

Journaliste à RFI

«La stabilité politique n'est pas le fort de la nouvelle Ukraine»

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