Environnement
L’Inde se méfie du « Clem »
(Photo : AFP)
Intérêts économiques, environnement et santé publique sont dans un bateau; environnement et santé publique tombent à l’eau, que reste-t-il ? Des intérêts économiques [qu’il est] « honteux que la France fasse prévaloir », déplore Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace, lequel prend fait et cause pour l’Inde qui refuse, aujourd’hui, de voir arriver sur ses chantiers de démolition un navire qui contiendrait encore trop de déchets dangereux. Bien que le Clemenceau soit autorisé à franchir le Canal de Suez et à poursuivre sa route, après une « visite technique de routine », la Cour suprême indienne met encore un veto, et interdit au Clemenceau de pénétrer dans les eaux territoriales d'Inde jusqu'au 13 février.
Après trois jours de tractations Le Caire s’est rangé aux arguments de Paris et considéré que le Clemenceau était un navire de guerre : ce faisant, que le navire n’était donc pas régi par la convention de Bâle entrée en vigueur en 1992 –stipulant que les pays ne peuvent exporter leurs déchets une fois seulement leur dépollution assurée. Depuis dimanche le « Clem » est donc autorisé à reprendre sa route pour son ultime voyage vers le chantier Shree Ram Scrap Vessel, à Alang dans le Gujarat, où il devrait être définitivement désamianté. A une réserve près cependant : la Cour Suprême indienne qui, le 6 janvier dernier, avait déjà émis un avis négatif, déclare jusqu’à présent « illégale » son importation en Inde, et n’a pas encore donné son arrêt final.
Décision finale attendue le 13 février
L'ex-ministre Vert de l'Ecologie, Dominique Voynet, s’insurge : « Un pays qui passe son temps à donner des leçons au monde entier sur les droits de l'homme, la sécurité du travail, la protection de l'environnement, se doit d'être exemplaire. Donc nous souhaitons que le Clemenceau revienne à Toulon ». Les militants de l’organisation écologique Greenpeace crient au scandale : « Alors que l’Egypte tentait d’appliquer un droit international construit pour protéger les populations du Sud des exportations toxiques des pays riches, la France a utilisé toutes les pressions possibles pour retourner la position officielle égyptienne et ainsi contourner la Convention de Bâle et les conditions de transit qu’elle exige pour un déchet toxique. »
Le 20 janvier, « un comité d’experts [de la Cour suprême indienne] doit écouter les arguments de toutes les parties concernées par cette affaire ». La décision finale est attendue pour le 13 février. La Cour suprême indienne a effectivement annoncé qu’elle avait besoin de temps pour rendre sa décision finale d’autoriser ou pas le démantèlement du porte-avions désarmé français. Le navire « ne représente pas un danger pour l’environnement en Egypte s’il est autorisé à transiter par le canal de Suez », continue de plaider le ministère français de l'Environnement, alors que les associations de défense des victimes de l’amiante et Greenpeace dénoncent « une violation flagrante du droit international ». Pour l’heure, la commission d’experts préconise fermement de ne pas accueillir le bâtiment sur le sol indien.
par Dominique Raizon
Article publié le 16/01/2006 Dernière mise à jour le 16/01/2006 à 16:49 TU