Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Nucléaire

Quelle stratégie face à Téhéran ?

Vladimir Poutine et Hu Jintao en juillet 2005 à Moscou.<br /> Les Européens et les Américains doivent convaincre la Russie et et la Chine de soumettre le dossier du nucléaire iranien au Conseil de sécurité des Nations unies. Les deux pays entretiennent des liens commerciaux importants avec l'Iran et possèdent un droit de veto à ce Conseil.(Photo: AFP)
Vladimir Poutine et Hu Jintao en juillet 2005 à Moscou.
Les Européens et les Américains doivent convaincre la Russie et et la Chine de soumettre le dossier du nucléaire iranien au Conseil de sécurité des Nations unies. Les deux pays entretiennent des liens commerciaux importants avec l'Iran et possèdent un droit de veto à ce Conseil.
(Photo: AFP)
La stratégie face à la crise iranienne se précise après le huis clos de Londres. La réunion rassemblait les représentants de l’Allemagne et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France) pour tenter d'aplanir leurs divergences au sujet des mesures à prendre contre le redémarrage du programme nucléaire iranien.
L'Iran a en effet repris mardi dernier ces activités, affirmant qu'elles étaient uniquement à des fins pacifiques, ce dont doutent les Occidentaux.

De notre correspondante à Londres

Au-delà d’un accord de tous les participants sur la nécessité pour l'Iran de suspendre complètement ses activités d’enrichissement d’uranium, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont demandé une réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l’énergie atomique, les 2 et 3 février. Un préalable à leur souhait de soumettre le dossier au Conseil de sécurité des Nations unies, habilité à prendre des sanctions. Une saisine désormais plus que probable, à en croire un diplomate européen s’exprimant sous couvert d’anonymat. « Les Russes ont donné leur accord, ils ont changé de position. Les Chinois sont encore un peu réticents, mais la saisine du Conseil de sécurité est une affaire entendue », a estimé le diplomate.

Le soutien de la Russie et de la Chine, qui possèdent un droit de veto au Conseil est crucial, or ces deux pays entretiennent des liens commerciaux importants avec l'Iran et se sont opposés à ce recours par le passé. Les Européens et les Etats-Unis seraient donc en passe de les persuader de se ranger sur une ligne dure. Du moins la Russie qui semble prête à agir en dépit de ses intérêts économiques avec l'Iran. Les diplomates occidentaux sont plus réservés quant à la Chine, qui a signé un accord d'envergure sur le pétrole avec l'Iran, et qui est ainsi beaucoup plus dépendante.

Selon la Russie, un compromis est possible

Ceci dit, tant Londres que Moscou ont affiché lundi la plus grande prudence quant à d'éventuelles sanctions. Si le chef de la diplomatie britannique Jack Straw a insisté sur le fait que « la responsabilité revient à l'Iran d'agir pour convaincre la communauté internationale que son programme nucléaire a des objectifs exclusivement pacifiques », en dénonçant le « passé de dissimulation et de tromperie » de l'Iran, il a pourtant refusé toute précipitation. Londres espère en effet que la saisine du Conseil suffira à elle seule à désamorcer la crise. Et de son côté, le président russe a laissé entendre qu’un compromis était encore possible. Vladimir Poutine a déclaré que Téhéran n’avait pas rejeté l’offre que l’enrichissement d’uranium se fasse en Russie, ce qui rendrait la fabrication d’armes nucléaires plus difficile pour l’Iran.

Pourtant, contredisant quelque peu les propos du leader russe, la République islamique continue à se dire déterminée à poursuivre ses recherches nucléaires quelles que soient les pressions. Téhéran a ainsi déclaré que seule la diplomatie, et non la menace de saisine du Conseil de sécurité, pourrait désamorcer la crise et a même averti que d'éventuelles sanctions pouvaient entraîner une flambée du prix du pétrole, qui a d’ailleurs continué à monter lundi à Londres.

Ne pas exclure l'option militaire

Une attitude de défiance qui inquiète les Occidentaux et notamment les Etats-Unis. De nombreux sénateurs se disent ainsi d'accord pour poursuivre sur la voie de la diplomatie assortie d'une menace de sanctions, mais ils sont également unanimes à ne pas exclure l'option militaire.

Enfin, faisant entendre un tout autre son de cloche, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a lui accusé l'Occident d'être partiellement responsable des ambitions nucléaires iraniennes, pour avoir autorisé Israël à se doter d'une capacité nucléaire. Il a estimé que les armes nucléaires ne bénéficiaient à personne et a appelé à faire du Golfe une zone dénucléarisée.


par Muriel  Delcroix

Article publié le 17/01/2006 Dernière mise à jour le 17/01/2006 à 12:55 TU