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Nucléaire : Téhéran ne renonce pas

Mohamed El-Baradeï : <i>«Ma patience est à bout, celle de la communauté internationale aussi.»</i>(Photo : AFP)
Mohamed El-Baradeï : «Ma patience est à bout, celle de la communauté internationale aussi.»
(Photo : AFP)
Malgré les mises en garde des Occidentaux et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran a insisté sur sa volonté de reprendre ses activités de recherche nucléaire.

De notre correspondant à Téhéran

« J'espère que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) fera le nécessaire pour que les activités de recherche reprennent ce lundi. Nous souhaitons faire les choses dans l'entente et la coopération. Les représentants et inspecteurs de l'AIEA sont venus à Téhéran il y a quelques jours, et ont eu plusieurs réunions avec les représentants de l'organisation iranienne de l'énergie atomique », pour préparer la levée des scellés, a déclaré lundi après-midi Hossein Entezami, porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale, chargé du dossier nucléaire. « Des activités de recherche reprennent aujourd'hui, sous la supervision de l'Agence », déclarait de son côté le porte-parole du gouvernement Gholam Hossein Elham lors d’un point de presse.

Alors que les responsables iraniens insistaient pour reprendre les activités de recherche, lundi, à Vienne, l’AIEA faisait état de son « impatience ». « Nous sommes toujours dans l'attente de davantage d'éclaircissements (sur la reprise des activités de recherche) et n'avons rien de plus à signaler », affirmait un porte-parole de l'AIEA, ajoutant que c’était à l’Iran d’apporter sa coopération en la matière. Le 3 janvier l’Iran avait signifié son intention de reprendre ce 9 janvier des activités de recherche nucléaire, mais sans apporter de détails sur les sites et les activités concernés. Depuis, l’agence a demandé à plusieurs reprises plus d’explication. Les responsables iraniens insistent pour que les inspecteurs de l’AIEA, qui se trouvent à Téhéran, lèvent les scellés des installations qu'ils comptent redémarrer. Ce qui constituerait à leurs yeux une sorte d’approbation. Or, des sources diplomatiques à Vienne ont précisé que les Iraniens peuvent retirer eux-mêmes les scellés des sites où la suspension des activités a été volontaire et donc non soumise aux obligations du Traité de non-prolifération nucléaire. De fait, Téhéran avait volontairement suspendu ses activités liées à l'enrichissement en octobre 2003, en gage de bonne foi.

« Ma patience est à bout »

Ces derniers jours, l’AIEA et les Occidentaux ont demandé à l’Iran de s’abstenir, avertissant Téhéran qu’un tel acte compromettrait la prochaine reprise des négociations avec l'Union européenne et risquerait d'entraîner une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu. « Ma patience est à bout, celle de la communauté internationale aussi, la crédibilité du processus de vérification est en jeu », a lancé Mohamed El-Baradei, directeur de l’AIEA, cité lundi par le quotidien britannique The Independent. Il a ajouté que tout le monde voudrait « être sûr que le programme iranien sert exclusivement des fins pacifiques » et « pense que l'enrichissement (d'uranium) en Iran est source de grave préoccupation ».

C’est précisément l’enrichissement d’uranium qui pose problème. L’Iran affirme vouloir s’engager dans cette voie pour produire le combustible de ses futures centrales atomiques. Mais les Occidentaux craignent que l’Iran n’utilise cette technologie pour la construction de l’arme atomique. Le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel, dont le pays préside l’Union européenne, a mis en garde l’Iran. « Nous ne sommes pas du tout satisfaits de l'évolution de la situation (…) La possibilité de sanctions continue à exister. Mais (...) cela doit rester un dernier recours », a-t-il déclaré.

« La République islamique ne renoncera pas »

La décision iranienne intervient alors qu’une délégation russe a tenté de convaincre l’Iran de transférer en Russie ses activités d’enrichissement pour garantir que son programme nucléaire est pacifique. Après deux jours de négociations, Russes et Iraniens n’ont pas réussi à se mettre d’accord et ont décidé de se retrouver le 16 février prochain. Les pays européens et les Etats-Unis avaient soutenu la proposition russe.

En tout cas, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, est intervenu personnellement pour affirmer que son pays ne renoncera pas à son programme nucléaire. « L'Iran accueille favorablement la participation des pays européens et non européens à son programme nucléaire, car la République islamique ne renoncera pas à la science nucléaire acquise par les jeunes ingénieurs iraniens », a déclaré M. Khamenei, en référence à l'offre iranienne d'une proposition de participation de pays étrangers au programme de production du combustible nucléaire. « Les menaces de sanctions n'auront aucun effet », a-t-il ajouté en réponse aux Européens qui ont menacé de saisir le Conseil de sécurité.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 09/01/2006 Dernière mise à jour le 11/01/2006 à 11:10 TU

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(Conception : RFI)

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Armand Mostofi

Journaliste à la rédaction en langue persane de RFI

«Sur le dossier nucléaire, la confiance entre les Iraniens et les Européens est perdue.»

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