Afrique du Sud
Jacob Zuma jugé pour viol
(Photo : AFP)
Le très populaire Jacob Zuma, dirigeant respecté de l’African National Congress (ANC), candidat à la succession du président de la République en 2009, a vu son avenir politique obscurci dès le mois de juin 2005. Compromis dans une affaire de corruption dans laquelle aurait trempé son ami, homme d’affaires et conseiller financier, Shabir Shaik, il avait été limogé par le président Thabo Mbeki en juin dernier. Mais en marge de cette affaire qui doit être jugée en juillet 2006, l’ex-vice président est accusé d’un viol qu’il aurait commis en novembre 2005 à son domicile de Johannesburg.
La plaignante une militante de l’ANC âgée de 31, ans est arrivée au tribunal voilée et protégée par la police. Elle accuse Jacob Zuma d’avoir abusé d’elle à l’issue d’une cordiale invitation qu’elle avait acceptée. Après le dîner, Jacob Zuma aurait proposé à son invitée de passer la nuit dans une chambre qui lui avait été préparée. Selon sa déposition, elle se serait endormie. Mais son hôte s’est introduit dans la chambre lui proposant un massage. Face à son refus, l’ex-vice-président serait passé à l’acte et l’aurait violée.
Jacob Zuma nie les faits, clame son innocence et se dit victime d’un complot politique. «J’aurai l’occasion de m’exprimer lorsque le procès débutera», a-t-il lancé en zoulou aux nombreux militants de l’ANC venus le soutenir. Très tendu à l’ouverture du procès l’ex-vice est apparu au terme de la première journée d’audience très décontracté. Il a entonné avec ses supporteurs un chant de la lutte de libération en esquissant des pas de danse, rapporte l’AFP.
A 17 ans il intègre l’ANC
Le procès reprendra le 14 février avec un nouveau magistrat chargé de présider les séances. En effet, le juge Bernard Ngoepe qui avait la charge de diriger les débats joue également un rôle important dans l’autre affaire de corruption dans laquelle est impliqué Jacob Zuma. C’est le juge Ngoepe qui avait ordonné les perquisitions au domicile et dans les bureaux de l’ancien numéro deux du régime. Les avocats de la défense ont alors émis des doutes sur son impartialité. «Je pourrais expliquer un million de fois que ces peurs ne sont pas fondées, elles n’en continueraient pas moins», a déclaré le magistrat qui en a tiré les conséquences en déposant sa démission. Par ailleurs, le procès pourrait être reporté parce que les avocats de la défense demandent un délai supplémentaire d’au moins deux semaines pour examiner «des éléments récemment joints au dossier». Né le 12 avril 1942 à Inkandla dans le Kwazulu-Natal, Jacob Zuma, orphelin de père dès l’âge de trois ans était contraint très tôt de quitter les bancs de l’école pour aller travailler afin d’aider sa mère, domestique, à subvenir aux besoins de la famille.
A 17 ans il intègre l’ANC mais il est arrêté en 1963 et condamné à 10 ans de prison à Robben Island. Il met ses années de détention à profit pour faire des études. Dès sa sortie de prison, il retrouve ses activités au sein de l’ANC et gagne très rapidement des galons dans la hiérarchie du parti. Chargé des renseignements, de l’organisation et de l’accueil des exilés en Zambie et au Mozambique, il se révèle fin stratège militaire et parfait connaisseur de la vie politique et sociale de son pays. Ces qualités lui ont valu d’être nommé vice-président de la République par son ami d’enfance Thabo Mbeki en 1999. Divorcé, Jacob Zuma est père de dix enfants.
par Didier Samson
Article publié le 13/02/2006 Dernière mise à jour le 13/02/2006 à 18:53 TU
