Sénégal
Idrissa Seck, candidat à la présidence
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Dakar
Deux mois après sa sortie de prison, l’ex-bras droit du président Wade, en bon communicateur, a choisi un jour plus que symbolique pour annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle : la fête de l’indépendance à laquelle, de surcroît, le chef de l’Etat sénégalais tenait à donner une résonance particulière avec la présence de Mouammar Kadhafi.
Et comme pour mieux défier Abdoulaye Wade, celui qui fut son fils spirituel affirme compter non seulement sur des mouvements de soutien, mais aussi sur le parti au pouvoir, «ma famille naturelle, au sens des hommes et des femmes qui y partagent ma vision et mes valeurs et qui sont majoritaires, qu’ils soient manifestés ou cachés», précise-t-il dans un enregistrement diffusé mardi sur toutes les radios privées.
Malgré les tentatives de rabibochage, le fossé s'est creusé
La déclaration de candidature d’Idrissa Seck est, en outre, une forme de défi à l’opposition puisqu’il demande tout simplement à des leaders qu’il combattait fermement il n’y a pas si longtemps de se ranger derrière sa personne. «J’adresse aussi, à l’opposition patriotique, un appel au rassemblement, lance-t-il. Rassemblement de toutes les citoyennes et de tous les citoyens qui, après avoir contribué à l’alternance de mars 2000, en rejettent les souillures et les reniements et portent leur choix sur moi pour servir le Sénégal. »
Pour l’ex-chef du gouvernement, il s’agit tout de même d’un revirement politique. Il y a neuf mois, « Idy », comme l’appellent affectueusement ses partisans, avait juré qu’il ne se présenterait jamais contre Abdoulaye Wade. Sauf que depuis il a passé sept mois en prison et, malgré les tentatives de rabibochage, le fossé s'est creusé avec le chef de l'Etat et son entourage.
« Un non événement »
Du côté du PDS au pouvoir, les réactions ne se sont pas faites attendre. « Cette candidature est un non événement », a lâché le président du groupe parlementaire, Doudou Wade. De son côté le porte-parole du parti, Abdou Fall, assure qu’une candidature d’Idrissa Seck reste une hypothèse dans la mesure où, selon lui, l’ancien Premier ministre n’est pas totalement tiré d’affaires sur le plan judiciaire.
L’intéressé n’en a cure. Et à l’évidence, sa « déclaration d’indépendance », pour reprendre le titre de plusieurs journaux sénégalais, présage de chaudes empoignades politiques dans les semaines et les mois qui viennent au Sénégal.
par Christophe Champin
Article publié le 05/04/2006 Dernière mise à jour le 05/04/2006 à 19:50 TU