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Israël

Olmert succède officiellement à Sharon

Ehud Olmert a été officiellement désigné successeur d'Ariel Sharon au poste de Premier ministre. Ariel Sharon est plongé dans le coma depuis bientôt 100 jours.(Photo : AFP)
Ehud Olmert a été officiellement désigné successeur d'Ariel Sharon au poste de Premier ministre. Ariel Sharon est plongé dans le coma depuis bientôt 100 jours.
(Photo : AFP)

La décision était attendue : Ariel Sharon a été déclaré officiellement «inapte à être Premier ministre». L’ancien chef militaire et charismatique leader politique est plongé dans le coma depuis bientôt cent jours. Le gouvernement réuni ce mardi en session extraordinaire a désigné Ehud Olmert, comme successeur d’Ariel Sharon. Sur le terrain, l’armée israélienne procède depuis plusieurs jours à des opérations militaires contre des positions palestiniennes dans le nord de la bande de Gaza.


Ariel Sharon, les yeux rougis par les larmes, porte sa main à la bouche comme pour envoyer un baiser d’au-revoir. Cette photo d’archives s’étalait ce mardi en ouverture du site internet du journal israélien Yediot Aharonot. Avec un titre : «L’ère Sharon est officiellement terminée». Voilà près de cent jours qu’Ariel Sharon se trouve dans le coma, suite à une grave attaque cérébrale. Bientôt cent jours que le général âgé de 78 ans, n’est donc pas en mesure d’exercer sa fonction. Alors, le gouvernement réuni ce mardi à Jérusalem l’a déclaré «inapte à être Premier ministre». Cette décision prendra effet formellement vendredi à minuit. Elle a été avancée de trois jours en raison de la Pâque juive qui commence mercredi soir.

«C’est un jour difficile et triste pour chacun de nous, a avoué Yisrael Maimon, secrétaire du gouvernement. Nous n’avions jamais pensé que ce moment arriverait». C’est la première fois dans l’histoire du pays que l’incapacité d’un Premier ministre est ainsi constatée. Et surtout, les partisans d’Ariel Sharon n’envisageaient pas que cela puisse arriver à leur chef. Ariel Sharon, né en 1928, aura été une des figures les plus marquantes de la vie nationale ces trente dernières années. Chef militaire, leader politique, il était parvenu au poste de Premier ministre lors des élections en 2001 et avait été réélu en 2003. Personnage charismatique, il avait claqué la porte du parti du Likoud (droite nationaliste) pour créer un parti centriste (Kadima, «en avant») en vue des élections anticipées début 2006. Mais son nouveau combat politique aura un goût d’inachevé. Le 4 janvier, Ariel Sharon est hospitalisé d’urgence pour un accident cérébral. Plongé dans le coma depuis, il ne manifeste aucun signe de réveil, selon ses médecins. Le 5 avril dernier, il a subi une nouvelle intervention chirurgicale, sans que cela n’occasionne de changements. Son état de santé est «grave mais stable», selon les mots du porte-parole de l’hôpital Hadassah de Jérusalem. Dans le langage politique, cela se traduit par le constat d’une «incapacité permanente».

Les chantiers d’Olmert

Sans surprise, le Premier ministre par intérim, Ehud Olmert, a été désigné successeur d’Ariel Sharon à la tête du gouvernement. Le remplaçant d’Ariel Sharon à la tête du parti Kadima, vainqueur  des élections législatives du 28 mars dernier, a recueilli l’ensemble des voix des membres du gouvernement sortant, lors de la réunion extraordinaire de ce mardi matin. Pour autant, l’élaboration du nouveau gouvernement n’a pas encore abouti. «Nous espérons y parvenir rapidement», a brièvement commenté Ehud Olmert. Sur le plan constitutionnel, ce n’est que lorsque le nouveau gouvernement aura été approuvé par le Parlement israélien que le chef de Kadima pourra être désigné comme le nouveau Premier ministre.

Et si la page d’Ariel Sharon se tourne, une nouvelle page commence avec Ehud Olmert et sa future équipe dirigeante. Ils doivent et ils devront composer avec les nouveaux responsables palestiniens. Depuis janvier dernier, le parti radical Hamas est au pouvoir en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Ce changement politique dans les territoires palestiniens a amené le gouvernement israélien à rompre les contacts avec l’Autorité palestinienne, considérée par Israël comme une «entité terroriste hostile». Cette position a été réaffirmée ce mardi, lors de la réunion extraordinaire du gouvernement à Jérusalem. Le Hamas refuse de reconnaître l’existence d’Israël et prône la poursuite de la lutte armée.

Sur le terrain, des violences se multiplient, notamment dans le nord de la bande de Gaza. C’est de là que sont partis ces derniers jours plusieurs tirs de roquettes vers le territoire israélien. L’armée de l’Etat hébreu a organisé une forte riposte militaire à travers des raids aériens. Depuis vendredi, seize Palestiniens, des membres de groupes armés, mais aussi deux enfants de 7 et 8 ans ont été tués lors de ces opérations militaires.

«Nous poursuivrons les tirs de roquettes pour répondre aux crimes et aux agressions israéliennes», a prévenu Abou Ahmed, un porte-parole des Brigades des Martyrs d'Al-Asqa, liées au parti Fatah de Mahmoud Abbas. En face, le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz a répondu que les opérations militaires allaient «prendre plus d'ampleur».


par Olivier  Péguy

Article publié le 11/04/2006 Dernière mise à jour le 11/04/2006 à 18:07 TU