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France-Egypte

Chirac-Moubarak : amitié, diplomatie, business

Jacques Chirac doit rencontrer Hosni Moubarak dès son arrivée en Egypte, où il effectue sa septième visite.(Photo : AFP)
Jacques Chirac doit rencontrer Hosni Moubarak dès son arrivée en Egypte, où il effectue sa septième visite.
(Photo : AFP)
Jacques Chirac effectue, les 20 et 21 avril, une visite officielle en Egypte. Le chef de l’Etat français doit rencontrer son homologue égyptien, Hosni Moubarak, dès son arrivée dans le pays pour aborder les grands problèmes politiques du moment, et notamment celui de la position du Hamas face à Israël. Le président de la République doit aussi, à l’occasion de ce séjour, inaugurer l’Université française d’Egypte et le conseil présidentiel des affaires franco-égyptien. Jacques Chirac rendra, d’autre part, hommage aux victimes du crash du Boeing de la compagnie Flash Airlines, qui a coûté la vie à 134 Français en janvier 2004. Et le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, qui accompagne le président, se rendra quant à lui à Charm el Cheikh, pour déposer une gerbe sur le mémorial qui leur est dédié.

Sept voyages en onze ans : l’Egypte fait incontestablement partie des destinations privilégiées par Jacques Chirac depuis son arrivée à l’Elysée en 1995. Il est vrai que le président français entretient «des relations personnelles très fortes» avec son homologue égyptien, Hosni Moubarak. C’est en tout cas ce que le porte-parole de l’Elysée, Jérôme Bonnafont, a rappelé lors de sa présentation de la visite qui doit débuter le 20 avril au pays des pyramides. Un déplacement qui aurait dû avoir lieu à l’automne 2005 mais qui a été repoussé en raison des problèmes de santé de Jacques Chirac.

Entre-temps, la donne politique régionale a beaucoup évolué, notamment en raison de la victoire du mouvement radical Hamas aux élections législatives palestiniennes qui a eu pour effet immédiat de repousser la perspective d'initiatives en faveur de la paix avec Israël. L’Etat hébreu refuse tout contact avec un gouvernement dirigé par les membres d’une organisation qualifiée de «terroriste» qui ne veut ni reconnaître son existence, ni renoncer à la violence. De son côté, le Hamas maintient ses positions malgré les pressions diplomatiques et financières internationales.

Influencer le Hamas

Dans ce contexte, les discussions politiques entre Jacques Chirac et Hosni Moubarak porteront essentiellement sur ce dossier délicat. L’Egypte est un pays clef de la zone et représente un interlocuteur de poids. C’est pourquoi la France a, selon Jérôme Bonnafont, «la conviction que l’Egypte a un rôle tout à fait particulier pour convaincre le Hamas de réformer ses positions» concernant Israël, dans l’espoir de réussir à relancer le processus de paix. Les déclarations d’Ismaïl Haniyeh à la suite de l’attentat suicide perpétré à Tel Aviv, le 17 avril, faisant 9 morts, montrent à quel point la tâche est difficile. Le Premier ministre palestinien n’a pas condamné l’attentat et a estimé que «la poursuite de l’occupation et les attaques continuelles d’Israël contre le peuple palestinien» expliquent de telles violences. D’autres sujets politiques difficiles seront aussi au menu des discussions entre les chefs d’Etat français et égyptien : le nucléaire iranien, la situation en Irak, les relations entre le Liban et la Syrie.

Mais la visite de Jacques Chirac en Egypte n’est pas placée uniquement sous le signe de la diplomatie. Le président de la République doit aussi jouer son rôle de promoteur de la culture hexagonale. Il est, en effet, prévu qu’il participe à l’inauguration de l’Université française d’Egypte, implantée depuis 2002 à Shourouk, dans la banlieue du Caire. Pour le moment, cet établissement qui offre des formations dans les domaines des langues appliquées, des systèmes d’information et des sciences de l’ingénierie, compte un nombre limité d’étudiants (un peu plus de 300). Mais les autorités françaises espèrent que la situation va évoluer rapidement dans les prochaines années. Actuellement, environ 44 000 élèves sont inscrits dans les quelque 65 établissements scolaires où le français est la langue d’enseignement. Et la promotion du français est l’un des axes prioritaires de la politique de coopération avec l’Egypte. L’un des trois ministres qui accompagnent Jacques Chirac est d’ailleurs celui de l’Education nationale, Gilles de Robien (avec Philippe Douste-Blazy, des Affaires étrangères et Christine Lagarde, du Commerce extérieur).

Le dernier volet de la visite de Jacques Chirac n’est certainement pas le moins important. Il concerne le développement des relations commerciales entre les deux pays. Pour les dynamiser, un conseil présidentiel des affaires franco-égyptien (à l’image de ceux qui existent avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne) a été créé et le président va profiter de son passage pour l’inaugurer en compagnie du Premier ministre, Ahmed Nazif. Cet organisme est installé à «Smart Village», une nouvelle technopole située entre Le Caire et Alexandrie.

Gagner la bataille du métro

Ce n’est donc pas un hasard si le président de la République emmène avec une lui une vingtaine de chefs d’entreprises françaises. Aucune signature de contrat n’est prévue lors de cette visite. Mais il s’agit néanmoins pour les sociétés hexagonales de profiter de l’occasion afin de se positionner sur un marché jugé très prometteur. L’économie égyptienne est, en effet, est en pleine croissance (5% par an). Et la France qui est actuellement quatrième investisseur et troisième fournisseur du pays (avec seulement 7% de parts de marché contre 23% aux Etats-Unis) ambitionne d’y améliorer ses performances.

Les entreprises françaises (Alcatel CIT, Alstom Transport, Amec-Spie, Bouygues, Thales, Vinci) sont, par exemple, candidates pour obtenir l’un des plus gros chantiers du moment : celui de la construction de la ligne 3 du métro du Caire. Elles bénéficient d’un atout de poids puisqu’elles ont déjà construit les lignes 1 et 2. Mais cela ne signifie pas que la bataille est gagnée d’avance car la concurrence internationale est rude : des groupes chinois, japonais, espagnol ou encore allemands, ont répondu à l’appel d’offres lancé par la National Authority for Tunnel. L’implication des Etats jouera donc certainement un grand rôle dans le résultat final. La France en est consciente et lors de sa dernière visite en Egypte, en janvier, la ministre du Commerce extérieur, Christine Lagarde, a fait part aux Egyptiens du soutien dont bénéficient les sociétés françaises candidates. Jacques Chirac ne manquera pas de faire de même.


par Valérie  Gas

Article publié le 19/04/2006 Dernière mise à jour le 19/04/2006 à 17:54 TU