France
Radio-télé : les archives de l’INA en ligne
(Photo : AFP)
Tout foyer, équipé d’un accès internet ADSL, pourra désormais découvrir ou redécouvrir, en son et en images, les grandes heures de l’histoire et de l’évolution de la société, archivées par l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Jusqu’à présent uniquement accessibles aux étudiants et aux professionnels des médias des radios et des télévisions, les archives de l’INA (l’institut national de l’audiovisuel) vont désormais l’être à tous, et en partie gratuitement. Le fonds d’archives visuelles et sonores, riche de quelque 10 000 oeuvres et 100 000 documents, représente un véritable patrimoine historique.
[Quelques heures après leur mise en ligne, les archives en ligne de l'INA étaient inaccessibles "en raison d'un trop grand nombre de visites" sur http://www.ina.fr/]
Les conférences de presse du général de Gaulle, l’intégralité du procès Papon, les grandes heures de mai 68 en France, le passage du cirque de Pékin sur la scène de l’Olympia dans les années 50 : journaux télévisés, émissions de variété, interviews de personnalités (écrivains, cinéastes, artistes…), ce sont des milliers d’heures de radio et de télévision du service public français que tout un chacun va désormais pouvoir découvrir ou redécouvrir. Les grandes heures de l’histoire et de l’évolution de la société française et internationale -évoquées dans les médias français, et soigneusement archivées par l'Institut national de l’audiovisuel (INA)- sortent des frontières : tout foyer, équipé d’un accès internet ADSL, y aura désormais accès.
Une navigation facile sur www.ina.fr
« Moteurs de recherche vidéo », « sites de téléchargement », « sites d’archives », « sites de télévision » : l’internaute choisit où il veut se rendre. Quant aux archives, organisées par thèmes, elles couvrent l’ensemble des sujets de notre monde. Elles concernent aussi bien les grandes découvertes que des débats politiques, les guerres, les évolutions sociales, les victoires sportives ou les révolutions technologiques, les scènes de la vie quotidienne, des spectacles musicaux ou de variété. Il suffit de suivre l’arborescence, sélectionner une époque, un nom de personnalité, un programme, puis, par association d’idée, cliquer sur la fonction « rebondir » pour passer par exemple de « commandant Cousteau » à « baleines », ou bien encore de « Salvador Dali », au document « Salvador Dali, le goudron et les écrevisses », puis explorer à sa guise « goudron » « écrevisse » ou « surréalisme ». Le site permet, en somme, de naviguer sur le flux audiovisuel comme sur tout site internet.
Consulter, louer ou acheter
L’offre de l’INA s’inscrit dans une logique de service public, majoritairement gratuite. Néanmoins, tout dépend l’usage que l’internaute voudra faire de ses recherches. Consulter sera gratuit, mais louer un document ou l’acquérir (l’INA édite aussi des DVD) sera payant. Avant de décider d’acheter un document -divertissement, magazine ou fiction-, il sera possible d’apprécier une « amorce », équivalent à 10% du document. La location d’un document reviendra par exemple à payer une version plein écran pendant 48 heures ; au-delà de ce délai, il faudra acheter. Tout téléchargement illicite portant préjudice aux ayant-droits, les documents ont été sécurisés. Ils comprennent tous une identification protectrice : les documents ont été « tatoués » et les données ont été « cryptées » pour brouiller l’information numérique sans que ce soit visible. 50% de ce qui sera collecté avec les achats seront reversés aux ayant-droits, 20% permettront de payer diverses taxes, et le reste (30%) permettra de financer l’accélération du plan de sauvegarde.
L’internaute pourra donc désormais naviguer à son gré sur le site et consulter gratuitement 80% des dizaines de milliers d’extraits et d’intégrales, qu’il s’agisse de 40 secondes d’une émission des années 1960, ou d’une heure du discours officiel d’un président. Mais, insiste Emmanuel Hoog, le président directeur général de l’Ina, « il ne s’agit pas d’une compilation des meilleurs moments, d’un site ‘nostalgique’ ou d’une immensité sans repères ni fondations », il s’agit d’une grande dynamique éditoriale, toujours en mouvement.
Une vaste encyclopédie
« Editorialisée et interactive, c’est une vaste encyclopédie en sons et en images, organisée et accessible selon plusieurs entrées qu’offre le site », explique Safia D’Ziri, responsable informatique et coordinatrice du projet. L’offre devrait s’étendre, à l’automne 2006, au domaine pédagogique avec des références chronologiques, des corpus et des fiches explicatives pour accompagner l’élève ou l’étudiant dans sa recherche sur la guerre d’Algérie, par exemple, ou sur les rapports entretenus pas les intellectuels avec le parti communiste, ou pour retrouver des informations sur un auteur (biographie, bibliographie, témoignages de et sur l’auteur). Cette « mémoire vivante s’enrichira progressivement : quelque 5 000 heures numérisées ou en cours de restauration s’ajouteront chaque année à l’offre actuelle, soit 50 000 émissions », déclare par ailleurs Emmanuel Hoog , ajoutant : « L’Ina restaure aussi cette mémoire : la dégradation du fonds ancien rend nécessaire le traitement curatif de certains films, vidéos et sons dégradés : 500 heures sont ainsi restaurées chaque année ».
Première banque d’archives numérisées en Europe
Grâce au travail de sauvegarde thématique effectué depuis très longtemps par les documentalistes et aux efforts de numérisation, l’institution peut aujourd’hui mettre en valeur les riches heures de la radio (plus de 60 ans de programmes) et de la télévision (quelque 50 années d’émissions) qui appartiennent à la mémoire collective en permettant ces explorations par thèmes, personnalités, époques. On pourra passer du document muet concernant une petite ville de Normandie en 1927 à un voyage effectué au Pérou par le général de Gaulle et rebondir sur des documents sur des chefs d’Etat. En offrant quelque 10 000 oeuvres et 100 000 émissions, le site, déjà ouvert aux étudiants et universitaires ainsi qu’aux professionnels (radios et tv), devrait attirer le double de fréquentation, faisant passer les 350 000 visites mensuelles du site à près d’un million -attendu- de connexions d’internautes. Ainsi l’Ina, premier centre d’archives audiovisuelles dans le monde devient la première banque d’archives numérisées en europe.
par Dominique Raizon
Article publié le 27/04/2006 Dernière mise à jour le 27/04/2006 à 12:50 TU