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Les maoïstes décrètent la trêve

Les maoïstes déclarent un cessez-le-feu et laissent une chance au futur gouvernement.(Photo : AFP)
Les maoïstes déclarent un cessez-le-feu et laissent une chance au futur gouvernement.
(Photo : AFP)
Alors qu’elle avait dans un premier temps accusé les partis d’opposition de « trahison » pour avoir accepté de mettre fin au mouvement anti-monarchique, la guérilla a annoncé jeudi un cessez-le-feu unilatéral. De quoi laisser une chance au futur gouvernement de mettre sa feuille de route à exécution.

De notre correspondant régional

« Notre parti annonce une nouvelle fois un cessez-le-feu unilatéral de trois mois avec effet immédiat », a annoncé jeudi matin, le leader de la rébellion maoïste, Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda, au grand soulagement des observateurs de la scène politique népalaise. Ces derniers jours, le bras de fer qui a opposé pendant trois semaines les partis d’opposition au Palais royal, faisant au moins 14 morts et plusieurs milliers de blessés, menaçait en effet de laisser place à un affrontement tout aussi dévastateur entre les partis et les maoïstes.

Forgée en novembre dernier, l’alliance entre les deux parties semblait avoir volé en éclat après que Prachanda eut accusé les partis d’avoir commis une « erreur historique » en appelant les manifestants anti-monarchiques à cesser la mobilisation en échange d’une simple réouverture du Parlement, annoncée la veille au soir par le Roi Gyanendra. L’accord signé en novembre prévoit en effet l’élection d’une assemblée constituante, afin de rédiger une nouvelle constitution qui retirerait au roi tous ses pouvoirs, notamment son statut de chef des armées. Accusant ses alliés d’avoir trahi cet accord, Prachanda avait donc décrété un nouveau blocus de la capitale, Katmandou, et appelé à la poursuite du mouvement populaire jusqu’a ce que le nouveau gouvernement annonce ces élections.

Feuille de route

Dès mercredi, les maoïstes ont cependant levé le blocus, et l’annonce du cessez-le-feu semble indiquer qu’ils sont finalement prêts à laisser une chance au futur gouvernement, dont la feuille de route prévoyait de toute façon la mise en place d’une assemblée constituante. Auparavant, les partis souhaitent cependant engager des pourparlers de paix avec la rébellion, afin que la guérilla dépose les armes et participe aux élections, seul moyen de mettre un terme a conflit armé qui a déjà fait plus de 13 000 morts depuis 1996.

Ces derniers jours, les grands leaders politiques ont donc multiplié les déclarations afin de rassurer leurs alliés. « Toutes nos actions seront guidées par notre feuille de route et l'accord que nous avons conclu avec les rebelles », a ainsi promis Girija Prasad Koirala, Premier ministre désigné du futur gouvernement intérimaire, qui devrait être nommé à l’occasion de la session inaugurale de la Chambre des Représentants, vendredi. Mercredi, les rebelles avaient ainsi levé leur blocus « en prenant compte l’engagement (des partis) en vue de l’élection d’une assemblée constituante ».

En définitive, la réaction « à chaud » des maoïstes semblait donc être avant tout destinée à faire pression sur les partis afin de s’assurer qu’ils poursuivent bien l’objectif d’une nouvelle constitution. Une pression que Prachanda a d’ailleurs maintenue dans son communiqué de jeudi : « Nous voulons qu’il soit très clair que si la première session du Parlement n’annonce pas l’élection d’une assemblée constituante et ne prend pas d’autres décisions positives, nous nous verrons dans l’obligation d’imposer à nouveau le blocus ». Une formalité, a priori, puisque si les partis n’obtempèrent pas, ils se mettront à dos non seulement les maoïstes, mais aussi la population, qui n’entend pas relâcher la pression avant d’être certaine de voir les pouvoirs du monarque réduits au strict minimum. Avant que le roi ne cède, beaucoup, dans les manifestations, appelaient carrément à la création d’une République.

Dans un premier temps, le nouveau gouvernement dirigé par M. Koirala, 85 ans, devrait répliquer à la trêve maoïste en annonçant à son tour un cessez-le feu et en appelant à la tenue de négociations avec la guérilla. Reste maintenant à savoir si les rebelles accepteront bien de déposer les armes, et dans quelles conditions. La situation actuelle constitue en tous cas « une excellente occasion pour que les maoïstes rejoignent la vie politique », estime l’ambassadeur américain à Katmandou, James Moriarty, dans un communiqué publié jeudi.


par Pierre  Prakash

Article publié le 27/04/2006 Dernière mise à jour le 27/04/2006 à 15:18 TU