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Afghanistan

Nouvelles violences dans le Sud et l’Est

Un attentat-suicide a tué dimanche deux civils dans la capitale afghane Kaboul tandis qu'un soldat étranger et trois autres Afghans se sont ajoutés aux 200 morts, dont deux militaires français, causés par les combats incessants qui se déroulent dans le Sud depuis mercredi soir : attaques de talibans présumés et opérations de ratissages des forces afghanes, soutenues par la coalition internationale.

 

 


Patrouille nocturne de la 16e brigade aéroportée britannique à Lashkar Gah, sud de l'Afghanistan.(Photo: AFP)
Patrouille nocturne de la 16e brigade aéroportée britannique à Lashkar Gah, sud de l'Afghanistan.
(Photo: AFP)

De notre correspondante à Kaboul

Tout a commencé mercredi soir lorsque des commandants talibans auraient pris contact avec la police afghane pour lui annoncer qu’ils étaient maîtres de Mosa Qala, une ville au nord de la province d’Helmand, la plus méridionale d’Afghanistan, une région au cœur de la zone la moins contrôlée du pays. Les affrontements ont duré toute la nuit et les responsables locaux ont certifié avoir tué quarante rebelles, mais aussi avoir perdu treize hommes. « C’est la plus grande attaque dans la province depuis la chute des talibans, a déclaré le vice gouverneur du Helmand Mohammad Akhundzada. Des centaines de talibans y ont participé. »

Dans la province voisine de Kandahar, des centaines de soldats afghans, soutenus par des troupes canadiennes et l’aviation britannique, ont mené deux vastes opérations de ratissage jeudi. Après 24 heures de combats sporadiques, plus d'une centaine de rebelles aurait été tuée et une quarantaine arrêtée. Une militaire canadienne est tombée lors d’un échange de coups de feu dans cet endroit encaissé et désertique. Enfin huit insurgés et deux policiers sont morts au cours d’une longue fusillade dans la région de Ghazni, entre Kandahar et Kaboul. « Nous avons réussi à tuer ou capturer 50 talibans et cela va avoir un impact significatif sur leur capacité à nuire », a expliqué le commandant Scott Lundy, porte-parole de l’armée canadienne à Kandahar.

600 kamikazes attendent les Anglais

Ces combats ont fait rage dans la partie la plus instable du pays, ancien fief des talibans où les probables partisans de ce régime déchu en novembre 2001 ont intensifié leurs attaques ces derniers mois. Ecoles brûlées, fonctionnaires assassinés, soldats harcelés, et une vingtaine d’attentats à la voiture piégée. C’est aussi dans cette partie du pays que la Force internationale d’assistance et de sécurité (Isaf), sous commandement de l’Otan, doit se déployer d’ici l’été, remplaçant en partie les soldats de l’opération « Liberté immuable » dirigée par les Américains. Fin juillet, 2 300 Canadiens, dans la province de Kandahar, environ 3 300 soldats britanniques, dans celle de Helmand, ainsi que 1 350 Néerlandais dans l’Oruzgan, occuperont le terrain.

Actuellement 9 000 membres de l’Isaf sont stationnés dans la région de Kaboul, le Nord et l’Ouest du pays. Leur mission est de stabiliser leurs zones de responsabilité, d'y assurer la sécurité, mais non de mener des opérations de contre-terrorisme comme le font les Américains actuellement. Un changement d’orientation qui fait craindre que les talibans puissent en profiter pour reprendre l'initiative. Un haut dignitaire taliban aurait notamment déclaré que 600 kamikazes attendaient les Anglais dans le Helmand et des porte-parole des « turbans noirs » affirment qu'ils vont défaire les troupes de l'Otan comme lors des guerres anglo-afghanes au XIXe siècle. Les Britanniques se souviennent en effet du traumatisme de Maiwand, célèbre bataille au cours de laquelle en 1880 les soldats de l’Empire avaient été massacrés par des tribus afghanes.

Baroud d’honneur

Pour les forces internationales, cet accroissement de la violence n’est qu’un dernier baroud d’honneur. Même si le général Karl Eikenberry, commandant des forces américaines en Afghanistan, a reconnu que l’influence des talibans dans ces trois provinces était plus forte que l’année dernière à la même époque. Selon ce général, les talibans s’appuient sur des effectifs plus importants et ils bénéficient surtout de la faiblesse des institutions afghanes pour s’installer. « Le pays a besoin d’un gouvernement fort et d’un renforcement de ses forces de police, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse au Pentagone le 12 mai,  pour faire aussi face aux trafiquants de drogue, à la hausse de la criminalité et aux tensions interethniques ».

Difficile surtout de maîtriser totalement la situation sans connaître le nombre de militants anti-gouvernementaux qui s’infiltrent dans la population locale, restent actifs en orchestrant, outre cette guerilla, des attentats-suicides pas uniquement dans le sud. Jeudi, un civil américain a ainsi perdu la vie à Hérat (Ouest) et un Afghan circulant à moto est décédé après qu’un volontaire de la mort se soit fait explosé près d’un convoi militaire américain à Ghazni (sud-est).

par Anne  Le Troquer

Article publié le 19/05/2006 Dernière mise à jour le 19/05/2006 à 18:21 TU