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Somalie

Cheikh Sharif : «Le premier but des tribunaux islamiques, c'est la stabilité sécuritaire»

Le chef de l’Union des tribunaux islamiques, Cheikh Sharif : «<em>Nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit à la population somalienne, mais nous estimons que la charia islamique peut être appliquée, parce qu'on y trouve toute la justice, toute l'égalité et tout l'amour.</em>»(Photo : AFP)
Le chef de l’Union des tribunaux islamiques, Cheikh Sharif : «Nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit à la population somalienne, mais nous estimons que la charia islamique peut être appliquée, parce qu'on y trouve toute la justice, toute l'égalité et tout l'amour.»
(Photo : AFP)
Dans un entretien à RFI, le chef de l’Union des tribunaux islamiques, dont les miliciens ont pris le contrôle de Mogadiscio, esquisse les grandes lignes de son programme. Parmi les priorités : le retour à la stabilité, l’autodétermination et la négociation avec le gouvernement de transition.

RFI : Quel est votre programme ?

Cheikh Sharif : La Somalie a souffert et continue à souffrir d'énormément de problèmes parmi lesquels les guerres civiles qui ont eu lieu pendant seize ans, le problème de l'instabilité. Les tribunaux islamiques visent essentiellement la stabilité sur le plan sécuritaire. Le premier but des tribunaux islamiques, c'est que la Somalie retrouve la sérénité, la stabilité sécuritaire.

RFI : Comment voyez-vous l'avenir de la Somalie ?

Cheikh Sharif : Je le vois rayonnant. Le peuple somalien n'a jamais pu décider de quoi que ce soit. Il n'a pas été libre depuis la colonisation. Et maintenant, l'occasion s'offre à lui de décider de ce qui lui convient.

RFI : Voulez-vous contrôler tout le pays ?

Cheikh Sharif : Pas du tout. Pourquoi devrions-nous occuper tout le pays ? Nous, tout ce que nous voulons, c'est que le peuple somalien soit libre, qu'il puisse exprimer sa volonté et ait le pouvoir de décider, comme il l'entend.

RFI : Voulez-vous appliquer la loi islamique ?

Cheikh Sharif : Nous sommes musulmans, et je ne crois pas que la charia nous soit interdite mais la décision revient au peuple somalien. C'est lui qui décide de ce qu'il veut. Nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit à la population somalienne, mais nous estimons que la charia islamique peut être appliquée, parce qu'on y trouve toute la justice, toute l'égalité et tout l'amour.

RFI : Et comment le peuple choisira-t-il ?

Cheikh Sharif : Evidemment, le choix est connu. Les tribunaux islamiques ont été plébiscités par les forces populaires dans la capitale somalienne quand la situation est devenue difficile, avec le désordre, les assassinats et les enlèvements, quand tout cela a beaucoup augmenté. Maintenant, nous voulons laisser au peuple somalien la possibilité de choisir ce qu'il veut. Il y a des syndicats, il y a des chefs coutumiers, il y a des intellectuels, des oulémas. Les différentes composantes de la société pourront choisir ce qu'elles veulent. Ce sont elles qui savent ce qui leur convient.

RFI : Reconnaissez-vous le gouvernement de transition ?

Cheikh Sharif : Ca n'est pas une question de reconnaissance : c'est maintenant une question de négociation. On sait comment le gouvernement a été choisi, comment on a préparé ce gouvernement. Tout cela est connu. Mais il faut que nous soyons réaliste. La société somalienne est fatiguée des désaccords et du désordre, de la pagaille entre les Somaliens et nous essayons autant que possible de rapprocher les Somaliens les uns des autres. C'est en négociant avec le gouvernement que nous allons savoir si l'un n'accepte pas l'autre et si les deux parties vont s'accepter mutuellement.

RFI : Donc vous êtes prêt à ouvrir des négociations avec le gouvernement.

Cheikh Sharif : Nous sommes prêts à négocier avec n'importe quelle partie. Nous sommes ouverts.

RFI : Quand vous dites « Nous savons comment ce gouvernement a été choisi », que voulez-vous dire ?

Cheikh Sharif : Je veux dire qu'il y a des forces extérieures au pays, des ennemis du peuple somalien qui ont été derrière la formation de ce gouvernement. Mais quoi qu'il en soit, ce gouvernement est un gouvernement somalien et nous devons autant que possible négocier, nous entendre et nous rapprocher.



par Laurent  Correau, Mouna  El Banna

Article publié le 07/06/2006Dernière mise à jour le 07/06/2006 à 12:49 TU