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Nations unies

Une nouvelle tribune pour les droits de l’homme

Le Conseil des droits de l’homme a ouvert sa première session à Genève en présence du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan. 

		(Photo: AFP)
Le Conseil des droits de l’homme a ouvert sa première session à Genève en présence du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan.
(Photo: AFP)
Le Conseil des droits de l'homme de l’Onu a tenu sa séance inaugurale, lundi 19 juin, à Genève. La nouvelle instance vient remplacer l’ancienne Commission des droits de l’homme discréditée pour avoir accueilli des pays accusés de bafouer ouvertement les droits de l’homme. Le Conseil composé de 47 Etats membres sera chargé de superviser le respect des droits de l’homme dans le monde. Le nouvel organe de l’Onu a débuté ses travaux sans la présence des Etats-Unis et dans la crainte qu’il se révèle tout aussi inefficace que l’ancienne institution. Plusieurs pays accusés de violations des droits de l’homme continuent d’y siéger.

Le premier Conseil des droits de l’homme de l’Onu s’est ouvert, lundi, à Genève en remplacement de l’ancienne Commission des droits de l’homme. Au-delà du changement d’intitulé, c’est pour le secrétaire général une ère nouvelle qui s’ouvre pour l’action des Nations unies dans le domaine des droits de l’homme. Lors de son discours inaugural,  Kofi Annan a appelé solennellement les membres de cette nouvelle instance à ne pas décevoir les attentes de la communauté internationale.

S’adressant aux cent ministres et représentants présents, Kofi Annan a souligné que «le Conseil pouvait donner à l’Onu la chance de reprendre la lutte pour les droits de l’homme avec une vigueur renouvelée». «Ne permettez jamais au Conseil de s’embarquer dans des pugilats politiques ou de recourir à de basses manœuvres. Il faudra que les travaux du Conseil se démarquent nettement de son prédécesseur», a-t-il ajouté. La défunte Commission des droits de l’homme dissoute en mars dernier après 60 ans d’existence a largement été discréditée par la présence, en son sein, de plusieurs pays comme la Chine, Cuba ou la Syrie, accusés de bafouer ouvertement les droits de l’homme et par des marchandages politiques.

Laisser «la porte ouverte» aux  ONG

Cette première session qui est prévue jusqu’au 30 juin prochain, sera consacrée, pour l’essentiel, à l’organisation et à la planification des futures missions du Conseil. Le nouvel organe de l’Onu sera chargé de superviser le respect des droits de l’homme dans le monde. Il devra notamment dénoncer les auteurs d’atteintes aux libertés fondamentales et aider les pays à élaborer leur propre législation en la matière. Les Etats membres seront élus à bulletins secrets et à la majorité absolue de l’Assemblée générale, et non plus désignés comme avant par chaque groupe régional. Une des autres innovations majeures de ce Conseil est l’examen  systématique et régulier de la situation des droits de l’homme dans chacun des pays membres de l’Onu, qui devrait permettre d’éviter l’accusation de discriminations dont souffrait la défunte Commission.

Pour le président désigné du nouvel organe, le Mexicain Luis Alfonso de Alba, «le Conseil ne devrait pas être un lieu de confrontations comme l’était la Commission ». Dans son discours, à l'ouverture de la première session, Luis Alfonso de Alba a plaidé pour laisser «la porte ouverte» aux organisations non-gouvernementales, jugées les mieux placées pour dénoncer les violations des libertés. La tâche s’annonce difficile. Pour l'association Reporters sans frontières, le Conseil des droits de l'homme est mal parti. «Avec des pays comme l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Azerbaïdjan, le Bangladesh, la Chine, Cuba, le Nigeria, le Pakistan, la Russie ou la Tunisie parmi ses membres, nous avons de sérieuses raisons de douter de son efficacité », déplore l'organisation de défense des journalistes. Les Etats-Unis ont vu dans la désignation de Cuba une justification de leur décision de ne pas participer au Conseil, au moins durant sa première année d'existence.

De l’avis de Peter Splinter d’Amnesty International, l’action du Conseil sera jugée sur pièces, et notamment sur les deux conventions, l’une sur les disparitions forcées, l’autre sur les droits des peuples indigènes qu’Amnesty doit soumettre au vote de l’Assemblée générale dès sa première session. Si ces deux textes voient le jour, le Conseil aura «prouvé qu’il peut se mettre au travail».



par Myriam  Berber

Article publié le 19/06/2006Dernière mise à jour le 19/06/2006 à TU