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Sri Lanka

Retour aux attentats suicide

Le numéro trois de l'armée sri-lankaise, le général Parami Kulatunga, a été tué dans un attentat suicide près de Colombo. 

		(Photo : AFP)
Le numéro trois de l'armée sri-lankaise, le général Parami Kulatunga, a été tué dans un attentat suicide près de Colombo.
(Photo : AFP)
Le troisième plus haut gradé de l'armée sri lankaise, le général Kulatunga, a été tué dans un attentat suicide, lundi matin, à une quinzaine de kilomètres de Colombo. La déflagration a transformé sa voiture en épave. Quelques minutes plus tard, la police et l'hôpital confirmaient son décès ainsi que trois autres personnes (dont le kamikaze). L'auteur de l'attentat aurait projeté sa moto contre le véhicule du haut gradé. Fin avril, le chef d'état-major, lui-même, avait échappé de peu à la mort lorsqu'une femme apparemment enceinte s'était jetée sur son véhicule, à Colombo. La guerre entre l'armée sri lankaise et les Tigres tamouls entre dans un nouveau cycle. En deux mois, c'est le second attentat suicide dans la région de la capitale.

De notre correspondant à Colombo

« C'est du pur terrorisme ! Je pense que les Tigres ont perdu le Nord. Ils ne réalisent pas que le terrorisme ne peut pas être accepté à des fins politiques », déclare Palitha Kohona, responsable de l'organisme chargé de la paix pour le gouvernement. A peine l'attentat commis, les premiers éléments de l'enquête pointent du doigt la guérilla séparatiste, et ses fameux kamikazes : les Tigres Noirs, la hantise de Colombo.

Les Tigres noirs: «héros» de la cause tamoule

Les Tigres de libération de l'Eelam Tamoule (LTTE) seraient les inventeurs de ces combattants prêts à tout pour la cause. L'esprit de sacrifice pouvant aller jusqu'au suicide. Le culte du héros porté au firmament. Contrairement aux autres kamikazes, les Tigres noirs n'agissent pas par désespoir ou fanatisme. Ils représentent l'élite de la guérilla séparatiste tamoule et ont tous reçu une solide formation militaire. Leurs motivations sont profondes et puisent leurs racines dans la culture ancienne de l'hindouisme, même si la rébellion n'en fait guère état de peur de se couper de ses militants catholiques.

Le premier attentat suicide date de 1987. Le capitaine Miller aurait foncé sur une garnison de l'armée sri lankaise avec un camion rempli d'explosifs. Bilan: une quarantaine de morts. Depuis, près de 240 rebelles ont suivi sa trace et « le 5 juillet » leur est exclusivement consacré. Dans les territoires contrôlés par la guérilla, on y commémore ces dignement ces « héros » de la cause tamoule. Leur identité est secrète et n'est révélée qu'après la mort au combat.

Une situation politique bloquée

S.P Thamishelvan, le leader de l'aile politique du LTTE n'a pas exclu l'envoi de kamikazes si le conflit devait s'intensifier avec les forces gouvernementales. Si c'est le cas, Colombo replongerait dans les années les plus noires de son histoire. Or les attaques suicide contre les généraux Fonseka et Kulatunga révèlent l'état de crise du pays. En six mois, il y a eu plus de 800 morts, dont une majorité de civils, deux attaques suicide, et des raids aériens contre les positions militaires de la guérilla.

La situation politique est elle, bloquée. Dans l'impasse. D'ailleurs, l'intermédiaire de paix norvégien semble dépassé par la dégradation des relations entre Colombo et les LTTE. Les médiateurs doivent  se réunir à Oslo le 29 juin prochain pour décider de l'avenir de la mission de contrôle de la trêve. Après le classement des LTTE par l'Union européenne sur la liste des organisations terroristes, la guérilla a demandé le départ des observateurs européens. Un départ auquel s'opposent les autorités. Or, la guérilla a d'ores et déjà prévenue qu'un retrait des observateurs serait fatal pour le pays. « Une telle décision indiquerait la fin d'un cessez-le-feu déjà fragile et plongera l'île dans la guerre », dit S. P. Thamishelvan sur un site proche de la guérilla séparatiste.

Négociations directes

Face à cette situation explosive, le président Mahinda Rajapakse, quitte à froisser les médiateurs, aurait fait passer un message à la guérilla. Un message dans lequel il propose d'entamer des négociations directement avec la rébellion séparatiste. « Oui, nous avons reçu le message du président, mais nous préférons passer par le canal officiel. Toutes les négociations doivent passer par la Norvège », confirme Seevaratnam Puleedevan, responsable du bureau chargé de la paix chez les Tigres. En d'autres termes, la guérilla n'a aucune confiance dans les autorités. Même « la trêve dans la trêve » accordée par Colombo ne réussit pas à convaincre les LTTE qui craignent, à tort ou à raison, un piège politique. Pourtant la démarche n'est pas nouvelle. Plusieurs communications secrètes ont eu lieu, mais la crise de confiance entre les deux parties est trop profonde. Une crise qui risque de renvoyer le pays à la guerre civile ouverte.



par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 26/06/2006Dernière mise à jour le 26/06/2006 à TU