Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

L’armée israélienne accentue sa pression sur Gaza

(Carte : C.Wissing / RFI)
(Carte : C.Wissing / RFI)
D'importantes forces israéliennes se sont déployées dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord de la bande de Gaza pour tenter notamment de mettre un terme aux tirs de roquettes palestiniens. Elles occupent à nouveau trois anciennes colonies israéliennes, Dugit, Nissanit et Elei Sinaï évacuées en septembre ainsi que la périphérie de Beit Hanoun et deux quartiers de la localité de Beit Lahya. Durant la seule journée de jeudi, 13 Palestiniens ont été tués lors de bombardements ; cela porte à 15 le nombre de Palestiniens qui ont trouvé la mort depuis le début de l’offensive israélienne mercredi. Israël a décidé d'établir une zone de sécurité élargie dans le nord de la bande de Gaza. Toujours dans la nuit de mercredi à jeudi, des blindés et des bulldozers israéliens ont pénétré sur plusieurs centaines de mètres cette fois, dans le sud de la bande Gaza.

Ces opérations baptisées «pluies d’été» se déroulent quelques heures après que le gouvernement israélien ait donné son feu vert à l’armée pour des offensives en profondeur et prolongées dans la bande de Gaza. Avec pour objectif de ramener sain et sauf le soldat Gilad Shalit enlevé le 25 juin dernier par trois groupes armés palestiniens : les Brigades Ezzedine al-Qassam (branche armée du Hamas), les Comités de la résistance populaire et l’Armée de l’Islam, groupe peu connu. Le jeune caporal a 19 ans. Les Israéliens pensent qu’il est détenu dans le sud de la bande de Gaza. L’occupation a aussi pour but de stopper les tirs de roquettes palestiniennes, dont les derniers ont atteint pour la première fois le cœur de la ville d’Ashkelon mardi puis encore mercredi dans la soirée, sans faire de victime. En Israël cette attaque a été ressentie comme une véritable déclaration de guerre.

Jusqu’à présent, les roquettes Qassam n’atteignaient que la petite ville de Sderot,  une localité de 20 000 habitants située à une douzaine de kilomètres de la bande Gaza. Depuis le déclenchement de la seconde Intifada en septembre 2000, des centaines de ces roquettes ont été tirées sur Sderot. Mais selon un porte-parole de l’armée israélienne, leur portée a été rallongée récemment de 9,5 km à 12 km mettant du même coup la zone industrielle d’Ashkalon, une ville de 120 000 habitants, à portée des tirs palestiniens. Une menace selon les Israéliens, qui justifie les opérations en cours. Mais une menace qui sera peut-être bientôt neutralisée si on en croit le quotidien israélien Maariv, qui affirme qu’Israël envisage l’achat d’un système ultra-moderne d’interception de projectiles volants. Appelé «Skyguard» (gardien du ciel), ce dispositif qui fonctionne par laser, est en effet capable d’intercepter tout projectile. Les autorités militaires envisagent d’installer «Skyguard» aux abords des localités israéliennes. Il devrait par conséquent mettre un terme aux risques d’attaques des tirs palestiniens.

Mais en attendant, les forces israéliennes «seront déployées aussi profondément et aussi longtemps qu’il le faudra pour garantir que des roquettes n’atteignent plus les villes d’Ashkalon et Sderot» a déclaré le ministre travailliste des Infrastructures, Binyamin ben Eliézer. En ajoutant aussitôt : «nous n’avons aucune intention de rester». Mais le doute est permis d’autant plus que le président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense Tzahi Hanegbi n’a pas écarté cette éventualité «si les tirs de roquettes ne cessent pas». Dans le sud, plusieurs attaques aériennes ont visé des combattants palestiniens, faisant 2 morts. Le but est d’intensifier la pression sur le Hamas pour le démettre. Le Premier ministre Ehud Olmert tente maintenant de sauver ce qui reste de son projet de désengagement unilatéral de Cisjordanie. Et tant que des roquettes continueront de s’abattre sur Israël, il ne lui sera pas possible de convaincre son opinion d’approuver de nouveaux retraits.

Le père du soldat enlevé en faveur d’un échange

Sur la scène internationale, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a condamné les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza. Le nouveau Conseil a appelé Israël à mettre fin à son intervention armée et demandé la libération des ministres et députés palestiniens arrêtés la semaine dernière par l’armée israélienne. De plus, le Conseil dépêchera le rapporteur spécial de l’Onu pour la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés, John Dugard. Israël a déjà dans le passé refusé de coopérer avec M. Dugard. La résolution a été adoptée par 29 voix contre 11 : les pays occidentaux ont estimé que ce texte était partial en s’abstenant d’examiner l’enlèvement du soldat Shalit ainsi que les tirs de roquettes contre Israël.

Coté américain, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice a appelé mercredi ceux qui ont une influence sur le Hamas à exercer sur lui une pression pour obtenir la libération du caporal Gilad Shalit. Elle a fait un appel du pied à Damas, affirmant «que beaucoup de pays pensaient que la Syrie a beaucoup d’influence et qu’elle pourrait l’utiliser pour la libération de ce soldat israélien». Le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack s’est pour sa part refusé à employer le terme d’«attaque» pour qualifier les raids israéliens. «Israël a le droit de se défendre et ce que nous voulons c’est la restitution du soldat», a-t-il encore ajouté. Les négociations pour obtenir la libération de Gilad Shalit auraient évolué si on en croit le quotidien arabophone basé à Londres, Al Hayat. D’après ses informations, le Hamas aurait revu à la baisse ses premières exigences. Alors qu’il demandait la libération de milliers de prisonniers détenus en Israël, le nombre exigé serait en l’état actuel des discussions beaucoup moins élevé. Et pour la première fois aujourd’hui, Noam Shalit le père du caporal enlevé, s’est exprimé en faveur d’un éventuel échange de son fils contre des prisonniers palestiniens. Pour le moment Israël a rejeté l’idée d’un tel échange proposé par les ravisseurs.



par Claire  Arsenault

Article publié le 06/07/2006Dernière mise à jour le 06/07/2006 à TU