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Proche-Orient

Vingt-quatre heures pour sauver le soldat Shalit

Le président de l’Autorité palestinien Mahmoud Abbas (C) visite le bureau du Premier ministre Ismaïl Haniyeh (G) détruit par un raid aérien israélien le 2 juillet. 

		(Photo : AFP)
Le président de l’Autorité palestinien Mahmoud Abbas (C) visite le bureau du Premier ministre Ismaïl Haniyeh (G) détruit par un raid aérien israélien le 2 juillet.
(Photo : AFP)
Les trois groupes d’activistes palestiniens qui ont revendiqué l’enlèvement de Gilad Shalit ont lancé un ultimatum à Israël. Ils donnent jusqu’au 4 juillet au matin à l’Etat hébreu pour répondre favorablement à leurs exigences. A savoir la libération d’un millier de prisonniers palestiniens. Sinon, le dossier du soldat sera «clos». Israël a refusé de se livrer à un tel échange et maintient la pression militaire. Une offensive terrestre, décrite comme «ponctuelle», a débuté le 3 juillet à l’aube au nord de la bande de Gaza.

Israël ne cèdera pas. C’est en tout cas ce qu’Ehud Olmert a dit : «Nous n’avons aucune intention de céder au chantage. Tout le monde comprend que céder au terrorisme aujourd’hui, cela signifie encourager de futures actions terroristes». Dans la bouche du Premier ministre israélien, cela ne signifie pas qu’il renonce à obtenir la libération de Gilad Shalit, enlevé le 25 juin. Au contraire, il a décidé d’autoriser le passage à une nouvelle étape dans l’intervention militaire en cours dans la bande de Gaza. Les chars massés depuis plusieurs jours à quelques centaines de mètres de la frontière nord du territoire palestinien ont commencé une incursion, le 3 juillet, à l’aube. L’objectif affiché par les Israéliens est de détecter des tunnels et des engins piégés dans cette zone à partir de laquelle des roquettes sont envoyées sur le sud d'Israël.

Cette opération militaire a beau être décrite comme «limitée», elle n’en marque pas moins une nouvelle étape dans l’épreuve de force et montre la détermination israélienne de ne pas relâcher la pression, à la fois sur les ravisseurs de Gilad Shalit et sur le parti au gouvernement, le Hamas. Ehud Olmert n’a d’ailleurs pas caché qu’il avait «donné l’ordre à l’armée et aux forces de sécurité d’agir avec toute leur puissance pour poursuivre les terroristes, leurs idéologues et ceux qui leur offrent protection». Le bombardement des bureaux du Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh effectué dans la nuit de samedi à dimanche procède de la même volonté : envoyer un message de fermeté et répondre au chantage par la menace. Les responsables israéliens l’ont dit à plusieurs reprises : ils n’hésiteront pas à s’en prendre à tous les membres du Hamas soupçonnés de soutenir les terroristes, même au Premier ministre. Celui-ci, conscient du danger, ne cesse d’ailleurs de changer de lieu de résidence depuis le début de l’offensive à Gaza. Il n’a été vu en public que lors du prêche de vendredi et à la suite du bombardement de son bureau en compagnie du président de l’Autorité palestienne, Mahmoud Abbas.

Pas de marchandage

Face à l’intervention militaire israélienne, les trois groupes qui ont revendiqué l’enlèvement de Gilad Shalit -les Brigades Ezzedine al-Qassam, les Comités de la résistance populaire et l’Armée de l’islam- ont radicalisé leur position. Ils ont lancé un ultimatum à «l’ennemi sioniste» dans lequel ils le mettent en demeure d’accepter leurs exigences s’il veut récupérer son soldat. Mais les conditions sont inacceptables pour Israël puisqu’il ne s’agit pas seulement de libérer les femmes et les mineurs palestiniens, mais aussi un millier de prisonniers palestiniens et arabes, dont les chefs des factions actuellement en détention. D’autre part, les Brigades Ezzedine al-Qassam (branche armée du Hamas) ont menacé Israël de reprendre les attaques sur son territoire si les opérations militaires continuent.

Les efforts de l’Egypte qui essaie de jouer le rôle de médiateur pour sortir de la crise semblent donc vains pour le moment. Le président Moubarak avait manifesté quelques espoirs en fin de semaine dernière mais, depuis, aucune avancée n’a été réalisée. L’intervention au nord de la bande de Gaza, reculée par Ehud Olmert pour laisser du temps à la négociation, a finalement été lancée car aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé entre les deux parties. Hosni Moubarak, qui s’est rendu à Djeddah, chercherait maintenant à obtenir l’appui du roi Abdallah d’Arabie saoudite pour essayer de convaincre le chef du bureau politique du Hamas exilé en Syrie, Khaled Mechaal, d’intervenir afin de faire libérer le soldat israélien.

«La clé pour résoudre la crise se trouve à Damas»

Du point de vue de l’Etat hébreu, c’est bien de ce pays, qui abrite certains dirigeants de la branche la plus radicale du Hamas, que peut venir la solution. Selon Ehud Olmert, «la clé pour résoudre la crise se trouve à Damas puisque les directives et les ordres pour commettre des actions terroristes proviennent de là». Et de conclure : «La direction syrienne doit démanteler les centres de commandement d’organisations terroristes situés sur son territoire». Mais Souleiman Haddad, un député syrien membre de la commission parlementaire des Affaires étrangères, a affirmé que son pays ne jouerait aucun rôle «tant qu’Israël n’aura pas stoppé son agression». Dans ces conditions, la situation semble bel et bien bloquée. Yuval Diskin, le chef du Shin Beth (service de sécurité intérieure israélien), a d’ailleurs estimé que cette crise risquait de durer : «Il faut s’armer de patience, il n’y a pas de solution miracle, la résolution de l’affaire pourrait prendre plusieurs mois».



par Valérie  Gas

Article publié le 03/07/2006Dernière mise à jour le 03/07/2006 à TU