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Proche-Orient

L’épreuve de force se poursuit

Les chars israéliens se sont arrêtés au nord de la bande de Gaza. 

		(Photo : AFP)
Les chars israéliens se sont arrêtés au nord de la bande de Gaza.
(Photo : AFP)
L’intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza, dont le nom de code est «Pluie d’été», continue. De nombreux raids aériens ont été menés dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin. L’un d’entre eux a visé le ministère de l’Intérieur dirigé par le Hamas. Un autre effectué sur Naplouse en Cisjordanie a provoqué la mort d’un membre du Jihad islamique. Deux activistes palestiniens ont aussi été tués lors d’affrontements avec des soldats israéliens dans la même ville. Il n’y a pas eu de victimes civiles pour le moment ni d’un côté, ni de l’autre. Des roquettes ont été tirées sur Israël à partir de Gaza mais n’ont fait ni blessé, ni tué. Parallèlement, l’Egypte mène une médiation entre Israël et le Hamas pour essayer d’obtenir la libération du soldat Gilad Shalit, dont l’enlèvement est à l’origine de cette démonstration de force de l’Etat hébreu. Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, branche armée du Fatah, ont annoncé vendredi après-midi qu’elles avaient enlevé un autre soldat israélien en Cisjordanie. Cette information n’a pas été confirmée.

On ne peut pas parler de pause dans l’intervention israélienne qui se poursuit. Mais il semble qu’une nouvelle opération terrestre de grande ampleur qui devait être menée à Beit Hanoun, au nord de la bande de Gaza, ait été mise en suspens, vendredi. Selon la presse israélienne, le gel de l’intervention décidé par le Premier ministre Ehud Olmert n’a pas donné satisfaction à l’état-major israélien, qui était favorable à sa mise en œuvre immédiate. La présidence du Conseil a précisé qu’il s’agissait de donner une chance à la négociation menée sous médiation égyptienne en faveur de la libération de Gilad Shalit. Le président Moubarak a, en effet, engagé des pourparlers avec les deux parties pour essayer de trouver une issue. Il a annoncé lui-même qu’ils avaient donné des «résultats positifs» car le Hamas a accepté le principe d’une libération du soldat mais a posé un certain nombre de conditions. Hosni Moubarak a néanmoins ajouté que «jusqu’à présent, la partie israélienne n’a pas accepté».

Ce report d’une opération terrestre au nord de la bande de Gaza ne signifie pas qu’Israël entend marquer le pas et desserrer l’étau. Les chars sont toujours en position et prêts à commencer l’offensive si ordre leur en est donné. D’autre part, les troupes de l’Etat hébreu ont entamé, depuis mercredi à l’aube, une incursion au sud et des raids aériens sont régulièrement menés sur des objectifs stratégiques dans la bande de Gaza et en Cisjordanie (ponts, centrales électriques, camps d’entraînement…). Durant la dernière nuit, un ministère (Intérieur) a même, pour la première fois, été la cible d’une attaque de l’aviation. Ce raid n’a fait aucune victime car le bâtiment était vide. Le bureau du ministre issu du Hamas, Saïd Siam, qui serait entré dans la clandestinité par crainte des assassinats ciblés promis par Israël, situé en haut de l’immeuble, semble avoir été directement visé.

Le Hamas sous pression

Après les arrestations de ministres, députés et maires du Hamas jeudi, cette attaque aérienne sur un ministère donne un nouveau signe de la volonté sans faille d’Israël de maintenir la pression sur le gouvernement palestinien. La décision d’annuler le statut de résident à Jérusalem-est pour un ministre et trois députés palestiniens, annoncée vendredi, va dans le même sens. Ces quatre personnes font d’ailleurs partie des membres du Hamas arrêtés la veille. Le ministre de l’Habitat, Meir Sheetrit, a clairement expliqué la position de l’Etat hébreu : «Soit ils quittent le Hamas et le parlement palestinien, soit ils quittent Israël».

Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, qui a été lui aussi directement menacé de représailles par Israël, s’est exprimé vendredi à l’occasion d’un prêche. Il s’agit de sa première intervention publique depuis le début de l’opération militaire israélienne. Il a accusé l’Etat hébreu d’avoir planifié «une guerre ouverte» contre les Palestiniens et a affirmé que cette offensive ne réussirait pas à faire tomber le gouvernement Hamas. Ismaïl Haniyeh a néanmoins déclaré qu’il s’employait à obtenir la libération de Gilad Shalit et a demandé à Israël de mettre fin à son «agression» car «l’escalade militaire complique la situation». Il a d’ailleurs émis des doutes sur le fait que l’objectif des Israéliens soit seulement de faire libérer leur soldat.

«Faire baisser la tension»

Dans la communauté internationale, les appels au calme se multiplient. Les Etats-Unis, qui avaient approuvé le fait qu’Israël intervienne pour faire libérer son soldat, ont tout de même incité «les deux parties à faire preuve de retenue» et à «essayer de faire baisser la tension». L’Indonésie a qualifié l’intervention israélienne d’«agression». Le président tunisien Ben Ali a fait part de sa «profonde préoccupation». Des organisations humanitaires comme le Comité international de la Croix-Rouge ou Human Rights Watch ont mis en garde contre les conséquences de l’opération en cours sur les populations civiles palestiniennes.



par Valérie  Gas

Article publié le 30/06/2006Dernière mise à jour le 30/06/2006 à TU