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Proche-Orient

Sauver l’otage, éviter l’affrontement

Gilad Shalit est en vie. 

		(Photo : AFP)
Gilad Shalit est en vie.
(Photo : AFP)
Le soldat israélien enlevé par des factions palestiniennes est toujours en vie. Mais la plus grande incertitude règne sur le sort de Gilad Shalit. Ses ravisseurs ont annoncé qu’ils se retiraient des pourparlers engagés avec l’Egypte, qui essaie de jouer le rôle de médiateur dans cette crise, et qu’ils allaient poursuivre leurs «opérations de résistance». Ehud Olmert a, quant à lui, réaffirmé la détermination des Israéliens à ne pas négocier avec «les terroristes» et à «ramener Gilad Shalit à sa famille». Le Premier ministre a, d’autre part, donné le feu vert à la poursuite de l’intervention militaire en cours dans les territoires palestiniens. Reste qu’en dépit des déclarations et des menaces, les tractations semblent se poursuivre sous l’œil de la communauté internationale qui a multiplié les appels à la «retenue».

Personne ne cède, mais personne ne commet l’irréparable pour le moment. Depuis l’enlèvement de Gilad Shalit, les deux parties ont alterné la menace et le statu quo. L’ultimatum lancé lundi 3 juillet par les factions palestiniennes responsables de son enlèvement, qui laissait entendre que la vie du jeune soldat était en jeu, a expiré sans qu’il soit exécuté. Les Israéliens, qui ont engagé une opération militaire dans les territoires à la suite du rapt, ont pris garde à ne pas s’en prendre directement aux civils et à mener des actions jusqu’ici très ciblées. Il s’agit sans nul doute pour chacun de montrer sa détermination sans provoquer une escalade qui deviendrait incontrôlable.

Dans ce contexte, l’Egypte qui tente de mener une médiation pour trouver une sortie de crise joue une partie délicate. Elle n’a pas réussi pour le moment à atteindre son objectif mais elle a, semble-t-il, posé des jalons, en jouant les intermédiaires avec les responsables du Hamas réfugiés en Syrie, comme Khaled Mechaal, qui ont une influence sur les groupes armés responsables de l’enlèvement de Gilad Shalit. Des propositions de solution seraient en circulation. Selon le quotidien arabe édité à Londres Al-Hayat, les Palestiniens étudient l’hypothèse d’une remise de Gilad Shalit à la France (le soldat a la double nationalité) ou à l’Egypte en échange de garanties de la part d’Israël concernant la libération de prisonniers et l’arrêt de l’offensive militaire sur Gaza. La presse israélienne évoque, de son côté, le fait qu’en dépit de la détermination affichée par le gouvernement à ne pas céder au chantage à l’otage, l’éventualité d’une libération de détenus palestiniens en échange de Gilad Shalit est envisageable. A condition que les prisonniers en question n’aient pas été impliqués dans des attentats et que leur libération intervienne après celle du soldat pour préserver la crédibilité de la politique de l'Etat hébreu.

Trouver une issue acceptable

Même si les factions qui ont enlevé le soldat israélien ont annoncé mardi qu’elles se retiraient des négociations, celles-ci ne semblent donc pas totalement interrompues. Et des efforts sont faits du côté des autorités palestiniennes pour que les pourparlers continuent. Un émissaire envoyé par le président Mahmoud Abbas, Nabil Chaath, est arrivé mardi 4 juillet en Egypte pour évoquer cette crise avec le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Le Premier ministre issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a quant à lui appelé une nouvelle fois les factions qui détiennent Gilad Shalit à «préserver sa vie et bien le traiter». Il a aussi affirmé qu’il déployait «des efforts auprès des parties arabes et régionales pour trouver une issue satisfaisante à cette affaire». Le porte-parole du gouvernement, Ghazi Hamad, avait déclaré auparavant que le parti au pouvoir était «attaché à la poursuite de la médiation» et préférait «une solution pacifique à une escalade militaire».

Israël maintient, pour sa part, sa stratégie de pression sur le terrain. De nouveaux raids aériens ont eu lieu dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 juillet. L’aviation a visé notamment l’université islamique de Gaza, considérée comme un bastion du Hamas. Des véhicules sont aussi entrés à Ramallah en Cisjordanie et ont encerclé les bâtiments d’une école gérée par ce mouvement islamiste. Mais l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué, mardi, que, malgré la poursuite des opérations militaires, le blocage de la bande de Gaza avait été relâché par l’armée israélienne permettant l’acheminement de produits de première nécessité. Ce qui semble indiquer que l’Etat hébreu ne veut pas, pour le moment, condamner la population civile, déjà rationnée en eau et en électricité, à la famine.

Dans la communauté internationale, on suit l’évolution de la situation avec inquiétude. Les Etats-Unis ont manifesté leur espoir que les deux parties «puissent rétablir la paix et la sécurité», en affirmant que cela passe par «le retour du soldat israélien». L’Union européenne a appelé Israéliens et Palestiniens «à la retenue et à protéger les civils». La Russie a déclaré qu’elle utilisait «tous les canaux» pour résoudre la crise. La France s’est dite «totalement mobilisée pour la libération du soldat israélien». Reste à savoir si cette mobilisation permettra de réunir les conditions pour une issue pacifique et à éviter une nouvelle dégradation de la situation.



par Valérie  Gas

Article publié le 04/07/2006Dernière mise à jour le 04/07/2006 à TU