Liban
Hassan Nasrallah remonte le moral de ses troupes
(Photo : AFP)
L’intervention télévisée en direct du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, constitue le principal développement en ce quatrième jour de l’offensive israélienne contre le Liban. Elle est d’autant plus importante qu’elle a lieu une heure après la destruction par l’aviation de l’Etat hébreu de l’immeuble de huit étages abritant les bureaux de la direction suprême du parti islamiste, dans la banlieue sud de Beyrouth, le bastion du Hezbollah. Le domicile de Nasrallah et les locaux de la radio du parti ont également été pris pour cible, mais le média a poursuivi normalement ses émissions. Au-delà du fait que Hassan Nasrallah a voulu rassurer ses partisans qu’il était toujours en vie, surtout que quelques plus tôt Israël avait annoncé son intention de l’assassiner, l’intervention de Nasrallah marque un tournant dans la confrontation en cours au Liban. Le chef de la résistance libanaise a en effet lancé des messages dans de multiples directions, et s’est livré à une habile manœuvre qui lui a permis de gagner la première manche de la guerre psychologique contre Israël.
S’adressant aux Libanais, Hassan Nasrallah les a appelés à l’unité face à «l’agression destinée à punir le Liban et son peuple pour avoir osé résisté à l’occupation israélienne». Envers les régimes arabes, le chef du Hezbollah ne s’est pas montré tendre, au lendemain de positions saoudiennes, jordaniennes et égyptiennes lui faisant assumer la responsabilité de cette nouvelle crise. Il a pourfendu les leaders arabes, affirmant que de toute façon, il n’avait jamais compté sur leur soutien dans son combat. A l’égard du peuple israélien, Nasrallah s’est montré particulièrement menaçant. «Vous allez très vite réaliser combien votre gouvernement est stupide et inexpérimenté, a-t-il dit. Il veut changer les règles du jeu, soit. Il veut une guerre ouverte, nous y sommes prêts. Nous frapperons Haïfa (la troisième ville d’Israël, à 45 kilomètres de la frontière) et encore bien plus loin que Haïfa. Vos dirigeants ne connaissent pas ceux qu’ils sont en train d’affronter et de quoi ils sont capables».
Mise en scène théâtrale
Pour Hassan Nasrallah «la vraie guerre vient tout juste de commencer» et dans une mise en scène théâtrale, il a poursuivi: «Les surprises que je vous ai promises vont commencer maintenant. A l’instant ou je vous parle, la vedette israélienne qui bombarde Beyrouth et tue ses habitants depuis des jours est en feu et va couler». Quelques minutes plus tard, la foule commence à affluer sur la corniche du bord de mer. Effectivement, de hautes flammes s’élèvent d’un navire croisant au large. Plus tard, l’armée israélienne confirmera qu’une de ses vedettes a bien été touchée et que quatre marins sont portés disparus. Hassan Nasrallah vient de gagner la première manche de la guerre psychologique contre Israël. Son intervention a remonté le moral de ses troupes et de la population.
Avant et après l’intervention du chef du Hezbollah, les raids de l’aviation israélienne ne se sont pas arrêtés contre les différentes régions libanaises. Les appareils frappés de l’étoile de David ont poursuivi la destruction des ponts principaux et secondaires de manière à isoler les régions les unes des autres. Des routes traversant la frontière libano-syrienne ont également été visées. Autres cibles privilégiées de l’aviation israélienne, les stations à essence. Avec le blocus total imposé au Liban, dans quelques jours, le pays sera confronté à une sérieuse pénurie de carburant.
Déjà, l’électricité n’est plus fournie que quelques heures par jour après le bombardement de l’une des principales centrales électriques à Jiyeh, à 30 km au sud de Beyrouth. Et, nouveauté, des raids ont été menés contre une région sunnite du Liban-Nord, ou le Hezbollah n’a aucune présence. L’objectif de ce bombardement est clair: tenter de creuser le fossé entre le Hezbollah chiite et les autres communautés du pays.
Les jours qui viennent seront difficiles. Les analystes prévoient une intensification des opérations militaires, surtout après l’échec de la réunion du Conseil de sécurité, vendredi soir, et l’absence de toute démarche diplomatique. Signe de la gravité de la situation: la France organise déjà le rapatriement de ses ressortissants au Liban.par Paul Khalifeh
Article publié le 15/07/2006Dernière mise à jour le 15/07/2006 à TU