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Immigration

Renforcement de la coopération franco-chinoise

30 juin 2006 : Un couple chinois sans-papiers sort de la Préfecture de Police de Paris avec une autorisation de séjour de dix ans en France. La France et la Chine ont signé mardi 18 juillet un accord pour mieux coordonner la lutte contre l'immigration clandestine. 

		(Photo : AFP)
30 juin 2006 : Un couple chinois sans-papiers sort de la Préfecture de Police de Paris avec une autorisation de séjour de dix ans en France. La France et la Chine ont signé mardi 18 juillet un accord pour mieux coordonner la lutte contre l'immigration clandestine.
(Photo : AFP)
Le ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, et son homologue chinois, Zhou Yongkang, ministre de la Sécurité publique, ont signé, mardi, un accord pour renforcer la coopération en matière de sécurité intérieure. Le but ? Lutter contre l’immigration clandestine. Ce renforcement de la coopération bilatérale intervient à l’heure où le contrôle des sans-papiers s’intensifie en France.

Les filets se resserrent. «Nous avons décidé d’échanger nos informations et de lutter ensemble contre l’immigration clandestine», ont déclaré les deux ministres de l’Intérieur français et chinois, Nicolas Sarkozy et Zhou Yongkang, à l’issue d’une rencontre mardi, à Paris. Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il y aurait prochainement «une opération de retour groupé d’immigrants clandestins qui seront renvoyés en Chine», mais sans préciser la date. 

Pour renforcer le contrôle de l’immigration en amont, les deux pays ont conçu des échanges de policiers français et chinois dans les aéroports des deux pays. Et, pour faciliter les reconduites à la frontière des ressortissantschinois interpellés en situation irrégulière, Nicolas Sarkozy a demandé à Zhou Yongkang que la Chine coopère davantage «en matière de délivrance de laissez-passer consulaires», des documents émis par le pays d’origine des clandestins et qui sont nécessaires pour leur retour.

Cette rencontre entre les deux ministres a eu lieu alors que le ministre français de l’Intérieur intensifie sa politique de contrôle migratoire et de régularisation au par cas. Le durcissement de la politique gouvernementale a pour corollaire une mobilisation croissante des associations de défense des droits de l’homme. C'est ainsi, par exemple, que grâce aux pressions exercées sur les autorités préfectorales et gouvernementales par un collectif de parents et d’enseignants, le père d'un enfant né en France, renvoyé en Chine en février dernier a pu revenir et obtenir un titre de séjour d’un an avec autorisation de travail.

En vertu d’une récente circulaire, datée du 13 juin 2006, toute famille en situation irrégulière -dont un enfant mineur est scolarisé en France- a jusqu’au 13 août pour déposer un dossier de régularisation auprès de la préfecture dont elle dépend. D’ici cette date butoir, les contrôles d’identité, les interpellations et les placement en centre de rétention s’accélèrent. Ainsi deux jeunes Chinois majeurs, Zhiyan et Feng Xu (19 ans), scolarisés cette année dans un lycée technique parisien ont été arrêtés le 12 juillet dernier lors d’un contrôle d’identité dans un café parisien et placés dans un centre de rétention à Vincennes en attendant un examen de leur dossier.

Retour à la case départ avec, de surcroît, le risque d’encourir la prison

Le Réseau éducation sans frontières (Resf) -un collectif mobilisé dans la lutte contre les expulsions des élèves, qui a mis en place pour l’été un système de veille afin d’éviter globalement les retours forcés dans les pays d’origine- se mobilise spécifiquement en leur faveur : «Selon nos informations, en Chine, les expulsés sont placés en camp de travail. Le risque de voir ces deux étudiants incarcérés dès leur retour existe. C’est pourquoi, pour Resf, il est irresponsable de prendre une telle mesure à l’égard de pays dictatoriaux, sans avoir de garantie de ce qu’il adviendra pour eux après le retour en Chine.», déplore Richard Moyon.

La lutte contre le terrorisme et autres criminalités transnationales (trafic de stupéfiants, blanchiment d’actifs, et organisation mafieuse de l’immigration clandestine) sont à l’origine de l’accord de coopération entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine.

Avec un étau qui se resserre des deux côtés, les victimes de filières de migration clandestine vers un eldorado incertain ont pour horizon, un retour à la case-départ peu enviable. Concernant par exemple Zhiyan et Feng Xu, le parti socialiste apporte son soutien aux efforts de Resf : «Le PS interpelle le ministre de l’Intérieur sur la situation de ces jeunes qui risquent la prison à leur arrivée en Chine», a alerté Julien Dray, porte-parole PS.



par Dominique  Raizon

Article publié le 20/07/2006Dernière mise à jour le 20/07/2006 à TU