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Proche-Orient

Liban : éviter la catastrophe humanitaire

La ville de Saïda fait face à un afflux de réfugiés venant principalement de Tyr, située plus au sud. 

		(Photo : AFP)
La ville de Saïda fait face à un afflux de réfugiés venant principalement de Tyr, située plus au sud.
(Photo : AFP)
L’armée israélienne et les combattants du Hezbollah continuent de s’en prendre aux civils. Le conflit pousse les ressortissants étrangers à quitter le Liban. Les Libanais, eux aussi, fuient les bombardements. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est en train de s’organiser pour les assister.

Le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) est en train d’organiser une aide logistique pour porter secours à « des dizaines de milliers » de réfugiés libanais qui fuient les bombardements israéliens. Une équipe de l’organisation humanitaire est partie pour Damas où elle supervisera l’arrivée des réfugiés à la frontière entre le Liban et la Syrie. Le HCR va également envoyer du personnel humanitaire au Liban même afin de secourir les personnes qui ont trouvé refuge loin de chez elles. L’agence des Nations unies a déjà du matériel en réserve en Syrie et en Jordanie, comme elle en a l’habitude pour parer au plus pressé, dans presque toutes les régions du monde. Un communiqué du HCR indique qu’il « s’apprête à apporter une aide immédiate, particulièrement sous la forme de tentes, de bâches en plastique et de couvertures ». Le Haut Commissariat répond à un appel à l’aide lancé par les autorités libanaises. L’organisation lance une opération de secours qui pourrait l’amener, estime-t-elle, à dépenser plusieurs millions de dollars. Pour le moment, le HCR estime que l’arrivée de réfugiés en Syrie s’apparente à « un flux caché ». La plupart des Libanais qui s’enfuient se sont réfugiés chez des proches ou dans leur famille.

Tyr débordée

Les habitants de Tyr et des villages environnants sont actuellement les plus exposés aux bombardements israéliens. Ces Libanais remontent vers le Nord et la ville de Saïda a du mal à faire face à l’afflux de réfugiés. La municipalité estime qu’environ 30 000 déplacés sont arrivés dans la cité, dont 40 % d’enfants et de vieillards. Le maire, Abdel Rahmane Bizri, qui est médecin, indique manquer surtout de matelas pour installer les déplacés dans des écoles transformées en centres d’accueil. Le maire indique que les particuliers ont accueilli les réfugiés en leur ouvrant leur domicile. Mais Saïda, port de 140 000 habitants, n’est pas épargné par les bombardements. Le manque de vivres, d’essence et de médicaments se fait sentir. Le conflit au Liban a déjà fait 339 morts, en majorité des civils.

Alertée par le sort des réfugiés dans cette zone en guerre, la Norvège a débloqué une aide de 25 millions d’euros destinés aux populations civiles, aussi bien au Liban que dans les Territoires palestiniens. « La situation humanitaire de la population du Liban est dramatique et peut rapidement se transformer en une crise généralisée et durable », a expliqué le Premier ministre Jens Stoltenberg. L’enveloppe financière sera attribuée à des organisations non gouvernementales et à des agences de l’Onu, a expliqué le ministère norvégien des Affaires étrangères.

La Commission européenne a débloqué une première aide de 10 millions d’euros mais « des mesures de plus grande ampleur seront sans nul doute nécessaires pour faire face aux besoins vitaux qui ne cessent de croître », indique Jacques Chirac dans un courrier envoyé au président de la Commission. Le chef de l’Etat français demande à l’Union européenne de prévoir une aide « de longue durée » afin d’éviter « une catastrophe humanitaire » dans ce pays bombardé depuis plus d’une semaine par l’aviation israélienne.

Jacques Chirac a également soumis à José Manuel Barroso son idée de créer au Liban des couloirs humanitaires afin de sécuriser le déplacement des populations à l’intérieur du pays ou vers Chypre. « La France est disposée, dans le cadre de l’effort européen en la matière, à travailler à la définition et la sécurisation de ces corridors ».

Des couloirs humanitaires

Le Premier ministre israélien a déjà donné son accord à la création d’un « corridor humanitaire » entre le Liban et Chypre. A Jérusalem, le porte-parole de la présidence du Conseil a indiqué : « notre marine permettra qu’une aide humanitaire, notamment des vivres, des médicaments et des vêtements, parvienne à la population du Liban à partir de Chypre ». Le porte-parole du gouvernement israélien a ajouté : « En coordination avec notre marine, divers pays peuvent par ailleurs évacuer vers Chypre leurs ressortissants au Liban». L’Union européenne avait fait savoir que les organisations humanitaires avaient beaucoup de mal à acheminer l’aide aux populations libanaises en raison des conditions de sécurité et des problèmes pour obtenir les visas nécessaires pour se rendre sur place.

Les navires militaires israéliens présents en Méditerranée n’empêchent pas les rotations de navires entre Chypre et le Liban, le port de Beyrouth étant situé à 200 kilomètres seulement de l’île méditerranéenne. Les navettes, effectuées par des navires de guerre ou des ferries, ont commencé en début de semaine. Plusieurs milliers de ressortissants étrangers ont fui le Liban en passant le plus souvent par Chypre, avant de prendre ensuite des vols spéciaux pour rejoindre leur pays.

Des milliers d’étrangers en partance

C’est ainsi que les premiers Américains rapatriés du Liban ont atterri jeudi à Baltimore (est des Etats-Unis). Depuis dimanche, le navire de guerre américain Nashville a évacué plus de 2 000 personnes, en majorité américaines. Près de 25 000 citoyens américains ont été recensés au Liban, la plupart étant des binationaux. Tous n’ont pas demandé à partir malgré les encouragements de leur gouvernement. Washington a dépêché trois navires sur place qui ont déjà évacué du Liban 4 000 personnes. Ces bâtiments sont protégés par des Marines. C’est la première fois qu’ils reviennent en mission au Liban depuis l’attentat dans lequel 240 Américains avaient trouvé la mort, en 1983.

Jeudi, la plus grosse évacuation de Britanniques a eu lieu à bord du Bulwark, un navire de guerre. Cinq vols spéciaux sont prévus depuis Larnaca afin de reconduire ces réfugiés au Royaume-Uni. La représentation consulaire britannique estime à 12 000 le nombre de ses ressortissants vivant au Liban, dont 10 000 binationaux. Le Canada, la France, la Russie, l’Ukraine, l’Inde, l’Allemagne, la République tchèque, le Danemark, la Grèce, ont déjà rapatrié, en passant par Chypre, leurs ressortissants candidats au départ. Le Maroc a reçu une demande d’assistance de ressortissants africains. Des Néerlandais ont choisi de rejoindre Alep, en Syrie, où des avions militaires devraient les rapatrier vers les Pays-Bas. Bien que Chypre et la Syrie soient les plaques tournantes de ces opérations de secours, la Turquie est également mise à contribution par les pays qui évacuent leurs ressortissants. Les Etats-Unis, la Suède, l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, le Mexique et la Moldavie ont utilisé cette seconde possibilité.



par Colette  Thomas

Article publié le 21/07/2006Dernière mise à jour le 21/07/2006 à TU

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(©AFP/Bourgoing/RFI)

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Hélène Caux

Porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies

«Le problème que nous avons à l'heure actuelle est le manque de corridors humanitaires, et donc pour l'instant il est impossible de distribuer le matériel aux déplacés.»

[21/07/2006]

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