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Proche-Orient

Pas de cessez-le-feu en vue

Rien de concret n'est sorti de la conférence de Rome. 

		(Photo : AFP)
Rien de concret n'est sorti de la conférence de Rome.
(Photo : AFP)
La conférence de Rome, co-présidée par l’Italie et les Etats-Unis, s’est ouverte ce mercredi, par une minute de silence à la mémoire des quatre observateurs de l’ONU tués lors d’un bombardement israélien. Etaient réunis autour de la table, les 15 pays et institutions qui font partie du groupe de contact sur le Liban, créé en 2005 pour faciliter la reconstruction économique du pays. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, comptait sur cette réunion pour définir une «stratégie concrète» afin de ramener le calme et éviter une aggravation de la crise humanitaire au Liban. Ses espoirs ont été déçus. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a demandé un échange de prisonniers entre le Liban et Israël. Le Hezbollah libanais détient en effet deux soldats israéliens depuis le 12 juillet.

Rien de concret n’est sorti de la conférence de Rome. Les participants se sont contentés de donner un certain nombre d’orientations vers une solution du conflit. Dans leur déclaration finale, ils ont ainsi exprimé leur «détermination pour parvenir de toute urgence à un cessez-le-feu qui mette fin à la violence actuelle et aux hostilités. Le cessez-le-feu doit être durable, permanent et viable». Les participants ont aussi apporté leur soutien au déploiement au Liban d'«une force internationale sous le mandat de l'ONU». Mais rien n’est dit sur les pays qui participeraient à cette coalition, ni sous quelle forme ils seraient appelés à le faire. Condoleezza Rice qui co-présidait la conférence, a insisté pour dire que «tous étaient d’accord sur le fait de mettre un terme à la violence sur une base viable». Les diplomates internationaux ont aussi appelé Israël à faire preuve de la plus grande retenue. Ces tergiversations laissent de fait à Israël encore quelques jours, voire quelques semaines, pour poursuivre ses offensives au Liban qui ont tué depuis le 12 juillet plus de 400 personnes, dont 337 civils. Israël a d’ailleurs intensifié ses combats contre le Hezbollah, ce mercredi au sud du Liban. 

La Finul comme contre-exemple

La mort de quatre observateurs de la Finul mardi, tués par des tirs israéliens, a considérablement alourdi l’atmosphère de la conférence. Dès qu’il l’a appris, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, qui s’est dit «choqué», a dénoncé une «attaque apparemment délibérée» des forces israéliennes. Il a appelé le gouvernement israélien «à mener une enquête approfondie». Pour sa part, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a appelé M. Annan pour lui exprimer ses «profonds regrets» pour ce drame, qu'Israël a qualifié d'accidentel. En même temps, il a exprimé ses «réserves» sur les propos du secrétaire général. L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Dan Gillerman s’est quant à lui déclaré «choqué et profondément affligé par les déclarations hâtives de Kofi Annan». La mort des quatre observateurs de la Force intérimaire des Nations unies (FINUL) survient au moment où les participants à la réunion de Rome projettent justement de s’entendre sur la constitution d’une force internationale d’interposition au Liban sud.

La mission de la Finul, qui a été instituée le 19 mars 1978, est considérée comme un échec. Les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité établissaient que la Finul devait confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, rétablir la paix et la sécurité internationales et aider le gouvernement libanais à assurer le rétablissement de son autorité effective dans la région. La mise en place de la Finul est intervenue après une attaque israélienne contre le Liban, opération baptisée «Litani» et destinée, selon Israël, à protéger le nord de son territoire contre des combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ces derniers partis du pays, depuis 2000 et le retrait des troupes israéliennes du Liban sud, la Finul est censée veiller à l’application du cessez-le-feu le long de la ligne de retrait. Les effectifs de la Finul ont compté jusqu’à 7 000 hommes en 1982. Aujourd’hui elle comporte un peu moins de 2 500 membres, militaires, observateurs et civils. Depuis sa création, la Finul a perdu plus de 250 hommes dont plus de 80 dans des attaques comme celle qui est survenue mardi. 

Le plan Chirac

A Rome, la question épineuse du cessez-le-feu a été au centre des débats avec celle du déploiement d’une force internationale. Sur ce dernier point, la plupart des participants se sont prononcés favorablement. Mais les nombreuses divergences qui persistent notamment quant à sa composition et à son mandat, ont empêché toute avancée décisive. L’ordre de priorité de ces deux points varie. Les Etats-Unis, par exemple, voudraient qu’une force tampon soit déployée à la frontière israélo-libanaise rapidement, avant même qu’un accord politique soit établi entre les parties.

La France, comme l’a précisé Jacques Chirac dans un entretien accordé au journal Le Monde, privilégie plutôt un cessez-le-feu et un accord politique entre Israéliens et Libanais, avant la mise en place d’une force internationale qui garantirait les frontières israélo-libanaise et syro-libanaise. «Mais il est essentiel d’avoir d’abord un cessez-le-feu, insiste-t-il, c’est le préalable». La mission de cette force serait de contrôler le cessez-le-feu, a précisé le président Chirac, qui a par ailleurs écarté une participation de l’Otan «qui est perçue qu’on le veuille ou non, comme le bras armé de l’Occident dans ces régions», a-t-il expliqué. Ce dernier point semble acquis puisque la conférence de Rome désigne l’ONU pour la constitution d’une nouvelle force de maintien de la paix.

A propos de la résolution 1559 de l’ONU, œuvre commune des Etats-Unis et de la France, qui exige notamment le désarmement du Hezbollah, Jacques Chirac ne pense pas qu’une force internationale ait la possibilité ou la vocation de mener à bien ce désarmement. «C’est au gouvernement libanais de le faire. Ce qui implique qu’il y ait un accord politique. Le Hezbollah est actuellement dans le gouvernement libanais. On peut très bien imaginer, en tout cas souhaiter, que le Hezbollah tire les conséquences de sa présence même au sein du gouvernement, et qu’il se transforme en parti politique. D’où la nécessité, ajoute-t-il, qu’il y a à avoir un minimum de contacts entre le gouvernement libanais et le Hezbollah. Le Hezbollah désarmé, a vocation à être une force politique». Selon le président français, la France a les moyens de faire prévaloir ce scénario parce que c’est celui du bon sens. Pour lui, même s’il ne triomphe pas toujours, le bon sens est ici nourri «de la connaissance qu’a la France de cette région et d’une certaine confiance de la part des Libanais au sens large et également, ajoute Jacques Chirac, de leur environnement, dans le monde arabe. Et Israël ne peut pas douter un seul instant que, pour nous, sa sécurité est un élément sur lequel aucune concession n’est possible».

par Claire  Arsenault

Article publié le 26/07/2006Dernière mise à jour le 26/07/2006 à TU

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(©AFP/Bourgoing/RFI)

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