Royaume-Uni
Un complot terroriste déjoué
(Photo : AFP)
Une opération conjointe de la branche antiterroriste de la police et des services de sécurité britanniques a permis, dans la nuit du 9 au 10 août, de déjouer un complot terroriste visant à faire exploser en vol des avions de ligne effectuant la liaison entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les enquêteurs travaillaient depuis plusieurs mois sur cette affaire, et, selon le ministre britannique de l’Intérieur, John Reid, ce réseau terroriste devait impliquer «un grand nombre de personnes aussi bien au Royaume-Uni qu’au niveau international». Il indique également que «la police pensait que les principaux membres du complot ont été interpellés» et que «d’autres interpellations pourraient avoir lieu».
Vingt-et-un suspects ont, en effet, été arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi, dans la région de Londres et à Birmingham, et placés en garde à vue. Selon les chaînes de télévision BBC et Skynews, citant des sources proches de l’enquête, il s’agirait de Britanniques musulmans d’origine pakistanaise ou sud-asiatique. Cette information n’a pas été confirmée par Scotland Yard. Toujours selon les médias britanniques, entre six et neuf avions étaient visés par ces attaques terroristes.
Selon le ministre américain de la Sécurité intérieure, «les plans prévoyaient de multiples explosions dans de nombreux avions, au dessus de l'Atlantique». Michael Chertoff a également indiqué que le complot impliquait «des terroristes transportant des composants sous forme d'explosifs liquides et d'engins explosifs cachés dans des boissons, des appareils électroniques et d'autres objets usuels».
Chaos dans les aéroports britanniques
En Grande-Bretagne, le niveau d’alerte a été porté à son niveau «critique», le niveau le plus élevé. A la demande du gouvernement, des mesures de sécurité ont été imposées dans tous les aéroports britanniques où les bagages à main sont limités à un sac en plastique transparent pour transporter le strict minimum tels que les documents de voyage, passeports, lunettes et médicaments.
Les passagers se sont vus en particulier interdire en cabine tout appareil électrique, ou fonctionnant avec une batterie ou des piles, tels qu' un ordinateur portable ou un téléphone mobile. Tous les passagers sont également soumis à une fouille manuelle et leurs chaussures ainsi que tous leurs effets passés au rayons X. Ces mesures de sécurité renforcées ont occasionné d’importants retards.
Sur demande de BAA, l’opérateur des aéroports britanniques, les vols à destination et en provenance de Londres-Heathrow ont été suspendus. La compagnie British Airways a d’ores et déjà annoncé l'annulation de l’ensemble de ses vols pour toute la journée de jeudi. Cette menace d’attaque aérienne a des répercussions sur l’ensemble des aéroports britanniques, mais également en Europe, aux Etats-Unis et en Asie.
De nombreuses compagnies aériennes européennes ont annulé leurs vols jeudi matin, notamment Lufthansa, Iberia, KLM, Air France, Alitalia et Austrian Airlines. Elles prévoyaient d'importantes perturbations en provenance et à destination de Londres tout au long de la journée de jeudi. Les vols visés par les terroristes devaient desservir les Etats-Unis où le niveau d’alerte pour tous les vols commerciaux a été placé au niveau rouge, le plus haut sur l’échelle américaine.
Tandis que, rattrapé par le risque terroriste, le secteur aérien reculait en Bourse, la congestion des aéroports britanniques profitait à Eurostar, le train à grande vitesse reliant la France, la Belgique et la Grande-Bretagne, qui a enregistré une hausse soudaine de ses ventes de billets.
En vacances aux Caraïbes, le Premier ministre britannique Tony Blair, a tenu le président américain George W. Bush informé du déroulement de l'opération de police, pendant la nuit de mercredi à jeudi, a indiqué Downing Street. Plusieurs experts ont déjà mis en cause al-Qaïda. Pour Rohan Gunatran, l’un des spécialistes mondiaux les plus reconnus, «al-Qaïda est le seul groupe qui ait l’intention et les moyens de planifier de tels attentats». Un commentaire relayé, jeudi, par le ministre américain de la Sécurité intérieure pour qu’il s'agit «d'une opération liée au réseau al-Qaïda».
par Myriam Berber
Article publié le 10/08/2006Dernière mise à jour le 10/08/2006 à TU