Royaume-Uni
Londres diffuse des informations au compte-gouttes
(Photo : AFP)
Le gouvernement britannique a baissé d’un cran, lundi 14 août, de «critique» à «grave», le niveau d’alerte terroriste. La police pense, en effet, avoir arrêté les principaux suspects des attentats déjoués de jeudi dernier. Mais les autorités restent vigilantes comme l’a expliqué, lundi matin, le ministre de l’Intérieur John Reid : «Nous avons déjoué au moins quatre complots terroristes majeurs depuis les attentats du 7 juillet 2005 dans les transports publics de Londres, et il est très probable qu’il y aura encore d’autres attaques». Solidaire, le ministre français de l’Intérieur Nicolas Sarkozy se rendra à Londres mercredi pour des entretiens avec son homologue John Reid.
Si le gouvernement britannique reste droit dans ses bottes, une partie de l’opinion publique se montre de plus en plus sceptique sur les présumés attentats terroristes. Les Britanniques ont été échaudés par des précédentes vraies-fausses opérations antiterroristes, comme l’affaire du Brésilien Jean Charles de Mendez pris à tort pour un kamikaze et abattu par les forces de l’ordre le 22 juillet 2005. Très discrètes, les autorités britanniques n’ont toujours pas, en effet, divulgué d’éléments de preuves sur ce dernier complot présumé aux «dimensions mondiales». Seule certitude, 23 des 24 personnes, interpellées jeudi, sont toujours en garde à vue, mais jusqu’à présent aucune d’entre elles n’a été inculpée et seuls 19 noms ont été publiés par la Banque d’Angleterre qui a fait bloquer leurs comptes.
L’opérateur BAA mis en accusation
Aux informations distillées au compte-gouttes par Londres s’ajoutent les révélations de la presse britannique. Selon The Sunday Times, citant des sources proches des enquêteurs, le chef du réseau al-Qaïda en Grande-Bretagne ferait parti des 23 personnes interpellées encore gardées à vue. Le journal se fait également l’écho de l’inquiétude des services de sécurité qui craignent que davantage de suspects soient en cavale, dont «au moins deux» auraient échappé au coup de filet de la police jeudi. Selon les journaux The Observer et The Independent, citant également des sources émanant de services de sécurité, une vingtaine d’enquêtes sont en cours. Plusieurs journaux rapportaient également, dimanche, qu’un couple de suspects détenus avec leur bébé de six mois était prêt à embarquer pour une «mission suicide familiale» dans laquelle le biberon de l’enfant aurait servi à dissimuler des explosifs liquides.
Côté transport aérien, l’aéroport de Londres-Heathrow, qui était au bord de la paralysie dimanche avec un tiers des vols annulés, avait retrouvé lundi un trafic un peu plus normal avec la diminution de l’alerte terroriste et l’allègement des mesures de sécurité. Tard dimanche soir, la situation a viré au cauchemar pour les passagers. Près de 500 personnes ont été bloquées à l’extérieur dans les aérogares, sous une pluie d’orage. De grandes tentes ont été dressées à la hâte et des imperméables distribués aux voyageurs coincés à Heathrow. Lundi, les 86 compagnies aériennes opérant à Londres-Heathrow prévoyaient à nouveau quelque 20% d’annulations et de nombreux retards étaient encore prévisibles aux départs vers les Etats-Unis, les autorités américaines exigeant désormais que les compagnies aériennes leur transmettent avant même le départ de l’avion 34 renseignements sur chaque passager transatlantique.
Devenus habituelle depuis jeudi, cette grande pagaille a suscité ce week-end la colère de plusieurs compagnies aériennes, comme notamment British Airways et Ryanair, qui ont publiquement accusé BAA, l’opérateur des aéroports britanniques, d’incompétence en raison de son «incapacité à assure la sécurité et des opérations fiables de contrôle de passagers». Ces compagnies réclament l'aide de l'armée pour assurer les fouilles de sûreté. Après la révision à la baisse du niveau d’alerte, le gouvernement britannique a annoncé que l’interdiction des bagages à main à bord des avions allait être levée. Mais tout produit liquide ou pâteux devrait rester interdit. Les ordinateurs portables seront également autorisés dans la cabine des avions après avoir subi un contrôle aux rayons X.
par Myriam Berber
Article publié le 14/08/2006Dernière mise à jour le 14/08/2006 à TU