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Israël

Après la guerre, la menace

De gauche à droite, le ministre de la Défense, Amir Peretz, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, le Premier ministre, Ehud Olmert, et l'ancien Premier ministre, Shimon Peres.  

		(Photo : AFP)
De gauche à droite, le ministre de la Défense, Amir Peretz, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, le Premier ministre, Ehud Olmert, et l'ancien Premier ministre, Shimon Peres.
(Photo : AFP)
Le gouvernement israélien a organisé un débat exceptionnel consacré à la guerre. L’Iran a été vilipendé et le Liban menacé, à la Knesset. Sur le terrain, dans le sud du Liban, plusieurs heures après son instauration, le cessez-le-feu n’a pas été rompu.

Le cessez-le-feu, «en dehors d’incidents localisés, est respecté» a indiqué à la mi-journée le ministre israélien de la Défense. Pour Amir Peretz, les armes se sont tues comme prévu. Les Nations unies, dans la résolution 1701, avaient demandé aux deux camps d’arrêter de se battre à huit heures du matin heure locale. «Nous avons entamé des contacts avec la Finul [Force intérimaire des Nations unies] pour commencer le transfert du contrôle sur le terrain», a encore expliqué Amir Peretz, lors d’une réunion de son parti, le parti travailliste. La résolution onusienne prévoit en effet qu’à la fin des hostilités, la Finul, dont les effectifs vont être renforcés, commence à se déployer au Liban sud. Elle surveillera cette zone où les soldats israéliens sont entrés. La Finul ne sera pas seule puisque 15 000 hommes des forces libanaises devraient également l’aider à maintenir le statu quo. C’est ce que prévoit la résolution, adoptée à l’ONU vendredi, pour ramener la paix dans cette région. Avant d’entrer en vigueur, le texte onusien avait été contesté de toutes parts. Il semble pourtant commencer à être appliqué. 

Si le chef des armées a montré la bonne volonté israélienne de se conformer à la résolution 1701, il s’est dans le même temps montré menaçant : «Nous opérerons avec détermination contre la reconstitution d’un régime du Hezbollah au Liban sud», a déclaré Amir Peretz.

Des propos menaçants

Les déclarations du ministre israélien de la Défense sont intervenues peu de temps avant la séance exceptionnelle de la Knesset consacrée à la guerre. Ehud Olmert, le Premier ministre et son cabinet ont été critiqués à de multiples reprises pour la manière dont ils ont mené ces 33 jours de conflit. Les députés voulaient en débattre.

Prévenant tout reproche, le chef du gouvernement israélien s’est, lui aussi, montré menaçant à l’égard du Liban et du Hezbollah. Israël n’acceptera plus d’atteinte à sa souveraineté, a déclaré Ehud Olmert. Et Israël poursuivra le Hezbollah «en tout lieu et en tout temps et nous n’avons pas l’intention de demander la permission à qui que ce soit pour ce faire», a encore clamé le Premier ministre lors de cette séance spéciale au Parlement. Ehud Olmert a également cherché à mettre le gouvernement libanais au pied du mur, affirmant qu’un Etat comme le Liban ne peut plus abriter «une organisation terroriste». Le Premier ministre israélien a insisté sur le fait que l’Etat libanais est «responsable» de tout ce qui se passe sur son territoire.

Tout au long de la guerre entre Israël et le Hezbollah, Benjamin Netanyahu, chef de l’opposition israélienne, n’a pas ménagé ses critiques sur la manière dont le gouvernement de son pays a mené les opérations au sud du Liban. Benjamin Netanyahu a profité de ce débat exceptionnel pour vilipender ouvertement l’Iran dont se réclame le Hezbollah. Le chef du Likoud a affirmé que «depuis Hitler, il n’y a pas eu de tyran au pouvoir comme [le chef de l’Etat iranien] Mahmoud Ahmadinejad». Enfin Benjamin Netanyahu en a appelé aux Etats-Unis : «Nous attendons des Etats-Unis qu’ils empêchent l’Iran de s’armer de la bombe atomique».

Qu’il y ait débat ou pas à la Knesset, Israël et les Etats-Unis accusent l’Iran d’avoir aidé financièrement et militairement le Hezbollah et rendent Téhéran en partie responsable de la guerre. De son côté l’Iran dément avoir procuré une aide logistique au parti islamiste libanais, expliquant qu’il se contente de soutenir moralement le parti chiite. A la veille de ce débat à la Knesset, le président iranien s’est entretenu par téléphone avec Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies. Mahmoud Ahmadinejad a proposé la participation de son pays pour «instaurer la paix et un calme durable dans la région». Il y a deux jours, le président Bush avait affirmé que «le Hezbollah et ses soutiens iraniens et syriens avaient provoqué une guerre non désirée pour les peuples libanais et israélien».

Les moyens du cessez-le-feu

Avant même ces prises de position tranchées des hommes politiques israéliens sur ce conflit d’un mois avec le Hezbollah, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, par ailleurs chef du mouvement chiite Amal, a encouragé les civils libanais à rentrer chez eux : «En retournant sur nos terres, nous consacrerons la victoire de la résistance et du peuple libanais», a déclaré Nabih Berri. Comme le chef du gouvernement Fouad Signora, le président du Parlement pousse au déploiement de forces libanaises dans le sud du pays afin d’apaiser la situation pour les civils et d’éviter le retour de l’armée israélienne. Alors que Nabih Berri poussait les Libanais du sud à rentrer chez eux, la France et l’Italie laissaient entendre qu’elles pourraient envoyer plusieurs milliers de soldats pour renforcer la Finul et l’aider à maintenir le cessez-le-feu.

Lundi, mais pas dans le cadre de ce débat, le ministère israélien des Affaires étrangères a par ailleurs réagi à une information donnée, durant le week-end dernier, par le magazine américain The New Yorker. Citant un expert, le journal rapportait un scénario de crise que le porte-parole du ministre israélien des Affaires étrangères a démenti. Selon ce scénario, l’offensive israélienne au sud du Liban précédait une autre frappe, américaine celle-là, contre les sites nucléaires iraniens. Toujours selon ce scénario, le pouvoir offensif du Hezbollah devait d’abord être détruit par les militaires israéliens pour qu’Israël ne risque pas de représailles de la part du mouvement islamiste libanais puisque les Américains s’en seraient pris à l’Iran.

Israël a démenti ces hypothèses. «Cette idée que nous avons préparé la campagne au Liban est fausse. Le simple fait que le Hezbollah a emporté un avantage tactique en tuant nos soldats et en enlevant deux autres montre bien que nous n’avons rien planifié contre cette organisation», a expliqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Il nous a même fallu du temps pour pouvoir faire face à la situation ainsi créée, et nous ne voulions, au contraire, pas du tout ouvrir un second front alors que nous étions occupés à lutter dans la bande de Gaza», a encore précisé le porte-parole.



par Colette  Thomas

Article publié le 14/08/2006Dernière mise à jour le 14/08/2006 à TU