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Iran

L'holocauste caricaturé à Téhéran

L'un des 200 dessins exposés à la Maison de la caricature de l'Iran. Il représente un Palestinien poignardé par une croix gammée. 

		(Photo : AFP)
L'un des 200 dessins exposés à la Maison de la caricature de l'Iran. Il représente un Palestinien poignardé par une croix gammée.
(Photo : AFP)
Les quelque 200 caricatures exposées à Téhéran depuis lundi ont été sélectionnées sur un total de 1 100 dessins envoyés d’une soixantaine de pays, notamment de Turquie, d’Indonésie, d’Inde, mais aussi des Etats-Unis. Sur le poster de l’exposition, on voit trois casques allemands de la Seconde Guerre mondiale, dont l’un porte l'étoile de David.

De notre correspondant à Téhéran

Cette exposition est le produit d’un concours international de caricatures sur l'holocauste des juifs lancé en février dernier par le quotidien Hamshahri et la Maison de la caricature de l’Iran. Elle est conçue comme une réplique aux caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse occidentale en septembre 2005. A l’époque, de violentes manifestations avaient été organisées dans plusieurs pays musulmans, à Téhéran notamment, devant certaines ambassades européennes.

L' une des caricature exposée à Téhéran représente Adolf Hitler appelant les dirigeants israéliens à un génocide des Palestiniens. Sur une autre, une croix gammée se transforme en étoile de David barbelée étranglant des Palestiniens. Les trois dessins les plus appréciés des organisateurs seront récompensés par 12 000, 8 000 et 5 000 dollars.

Dans la salle d'exposition, des étudiants en art spécialement invités côtoient de simples curieux attirés par les informations à la télévision. «Avec cette exposition, nous voulons savoir où est la limite de la liberté d’expression en Occident. Pourquoi peut-on caricaturer le prophète Mahomet mais pas parler de l’holocauste qui est un événement historique ?», interroge Massoud Shojai, directeur de la Maison de la caricature de l’Iran.

Populisme révisionniste

A l'instar du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, Massoud Shojai met en doute la réalité de l’holocauste en affirmant que les chiffres sur le nombre de juifs tués pendant la Seconde Guerre mondiale sont «exagérés». «Nous sommes préoccupés par les véritables holocaustes commis autour de nous» contre les Palestiniens, ajoute-t-il.

Durant ces derniers mois, le président Ahmadinejad a régulièrement nié le génocide des juifs, reprochant aux Européens de faire payer aux Palestiniens et aux peuples du Proche-Orient les crimes commis contre les juifs en Europe. «Nous ne nions pas que des juifs aient été tués lors de la Seconde Guerre mondiale, mais pourquoi les Palestiniens devraient-ils en payer le prix ?», demande lui aussi M. Shojai, un diplômé d'art graphique âgé de 43 ans.

Cette exposition ne va certainement pas améliorer l’image de l’Iran en Occident. Elle est déjà largement ternie par les déclarations du président iranien sur l’holocauste mais aussi par ses appels à «rayer» Israël de la carte du monde ou à le déplacer en Europe ou aux Etats-Unis. Ces déclarations sont condamnées par le Conseil de sécurité de l’Onu, ce qui n’empêche pas le président Ahmadinejad de les répéter.

L'Iran ne reconnaît pas l’existence d’Israël et, depuis son élection il y a un peu plus d’un an, le président Ahmadinejad reprend sans cesse ces thèmes sur l'authenticité de l'holocauste des juifs, non sans trouver un certain écho en Iran. Mais le président iranien vise plus largement les opinions publiques arabes et musulmanes très sensibles à ce sujet, en raison notamment de la répression contre les Palestiniens.



par Siavosh  Ghazi

Article publié le 17/08/2006Dernière mise à jour le 17/08/2006 à TU