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Proche-Orient

Paris et Washington ensemble malgré tout

Le président George Bush, lors d'une une conférence de presse, a déclaré qu'il comptait sur plus d'engagement de la part de la France. 

		(Photo: AFP)
Le président George Bush, lors d'une une conférence de presse, a déclaré qu'il comptait sur plus d'engagement de la part de la France.
(Photo: AFP)
Contrairement à la vague de francophobie de 2003, cette fois-ci c’est la presse quotidienne de centre gauche qui se déchaîne contre la faiblesse de l'engagement de la France au sein de la Finul. De son côté le président américain manifeste le souci de ne pas envenimer les relations entre Paris et Washington.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Le sénateur républicain John McCain se dit «très déçu» par l’offre française d’un renfort de 200 hommes à la Finul. Sur la chaîne conservatrice Fox News, des invités répètent qu’il ne fallait pas s’attendre à mieux de la part d’un allié peu fiable qui ne s’est jamais distingué pour son courage militaire. Le vent anti-français qui balayait la politique et les médias américains avant l’entrée en guerre contre l’Irak serait-il de retour ? Pas exactement. La Maison Blanche qui soufflait sur les braises en 2003 se montre cette fois-ci plus patiente.

Le président George W. Bush a certes déclaré à deux reprises qu’il espérait que la France, «qui a des liens historiques avec le Liban», ferait un effort supplémentaire et enverrait plus d’hommes. La mission américaine fait pression dans le même sens sur les diplomates français au Conseil de sécurité. Lorsque lundi en conférence de presse le président américain a prié l’ensemble de la communauté internationale de se mobiliser pour qu’une force internationale soit déployée au plus vite dans le sud du Liban, il n’a toutefois pas reproché à la France de s’inquiéter de la fragilité du mandat de la FINUL. Le vendredi précédent, M. Bush a même rappelé que, dans cette affaire, «la France est une alliée», soulignant les «intérêts communs» entre Paris et Washington.

En accord avec Israël, les Etats-Unis ont toujours plaidé pour le mandat le plus robuste possible. Plutôt que de blâmer la France, le département d’Etat a expliqué que le déploiement de la force multinationale prend plus de temps que prévu parce que la résolution n’a pas précisé à qui il incomberait de désarmer le Hezbollah. Le président américain a également reconnu cette semaine la nécessité d’une nouvelle résolution de l’Onu pour clarifier les objectifs et le niveau d’engagement de la communauté internationale au Liban. Visiblement plus agacé, l’ambassadeur américain à l’ONU, John Bolton, s’est contenté de faire comprendre que les «parrains» du texte de la résolution, en l’occurrence la France et les Etats-Unis, pouvaient difficilement avoir l’air de découvrir le texte.

Des frites françaises à la cafétéria du Congrès

Si le gouvernement américain se montre donc patient, en revanche les éditoriaux de la presse quotidienne américaine, traditionnellement à la gauche de Bush en matière de politique étrangère, ne décolèrent pas face à ce qu’ils perçoivent comme une marche arrière de la France. Le Washington Post, puis le Los Angeles Times, suivi du New York Times et du San Francisco Chronicle se sont tous fendus d’éditoriaux fustigeant un pays qui a réclamé un statut de grande puissance au moment de la crise et qui se «dégonfle» au moment d’envoyer des troupes. Le Los Angeles Times parle d’une «offre pathétique», «pingre», et va jusqu’à reprocher à George Bush et à la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice de prendre trop de gants avec la France.

Le New York Times s’inquiète à l’idée que la «frilosité» française puisse s’avérer «hautement contagieuse». Le quotidien new-yorkais et le San Francisco Chronicle estiment les préoccupations de la France légitimes mais s’étonnent que la France ne s’en soit pas préoccupées au moment de la rédaction du texte. Alors que les frites servies à la cafétéria du Congrès, rebaptisées Freedom Fries en représailles à l’opposition française à la guerre en Irak, venaient tout juste de retrouver leur nom de French Fries, tout le bénéfice de l’effort diplomatique français semble être déjà perdu dans les médias américains.



par Guillemette  Faure

Article publié le 23/08/2006 Dernière mise à jour le 23/08/2006 à 12:18 TU