Algérie
Réconciliation «nationale» controversée
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Alger
Cette charte adoptée par référendum le 29 septembre 2005 avec «97,36% de oui», ensuite promulguée fin février 2006 par ordonnance, est l’épilogue officiel de dix années de violence armée et de contre violence. Les autorités n’ont pas encore dressé le bilan de cette démarche portée à bras le corps par le président Bouteflika. Tout en renvoyant dos à dos, bourreaux et victimes, elle a offert des remises totales de peines et des compensations matérielles. Mais, elle a interdit de droit politique les islamistes impliqués dans la «tragédie nationale», formulation officielle qualifiant la décennie 90 qui a fait plus de 100 000 morts, des milliers de «disparus», des dizaines de milliers d’orphelins…
Pour tourner cette sombre page, il revient à une commission nationale de suivi, représentée dans chacune des 48 wilayas (préfectures), la charge de veiller à l’application de cette charte. C’est dans l’anonymat et la discrétion la plus totale que cette structure a oeuvré. D’après une estimation officieuse, elle a accordé la grâce à 2 200 personnes, condamnés et détenus pour des actes de violence «autres que les massacres collectifs, les viols et les attentats à l’explosif dans les lieux publics». Parmi les terroristes élargis, Abdelhak Layada, premier chef du Groupe islamique armé (GIA). Cette mansuétude, légitimée par le référendum, n’empêche pas de nombreux civils ainsi que des militaires de se demander «où sont passés les auteurs des horreurs de la décennie rouge» et de verser dans la dérision en disant qu’ils «faisaient tous la popote ou la cueillette dans les bois».
L’imminence d’une grande offensive
Dans les montagnes, la main tendue par les autorités n’a été acceptée que par 200 membres de groupes armés, chiffre révélé par le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni. Il resterait alors dans les maquis quelque 500 terroristes qui seraient affiliés au GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), selon la presse locale. Celle-ci annonce depuis un mois l’imminence d’une grande offensive militaire contre ces poches rebelles, localisées essentiellement dans les monts de Kabylie. Cette option militaire correspond à la lettre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui prévoit que, passés les dix mois de grâce, tous ceux qui persisteront sur la voie armée seront combattus.
Rien n’indique que ce terrorisme qualifié de «résiduel» sera rapidement éradiqué. Pas plus que le dossier des disparus ne sera réglé de sitôt. Sur plus de 6 000 cas, on ne sait pas encore combien de familles ont accepté la compensation matérielle prévue par la loi. «Les personnes disparues sont considérées comme victimes de la tragédie nationale, et leurs ayants-droits ont droit à réparation», indique la charte. Mais, de nombreuses familles, regroupées notamment au sein de SOS Disparus, rejettent cette approche et revendiquent vérité et justice. L’avocat Farouk Ksentini, président de
«Ternir l’image de l’Algérie sur le plan international»
Plus que jamais, le sujet des disparus, ainsi que celui des centaines d’assassinats non élucidés, demeurent très sensibles. Mais, toutes les voix discordantes sont condamnées au silence sous peine d’en répondre pénalement. Les autorités ont prévu dans l’ordonnance de mise en œuvre de
par Belkacem Kolli
Article publié le 01/09/2006 Dernière mise à jour le 01/09/2006 à 12:08 TU