Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Politique Française

Sarkozy : «Jeunesse, écoute-moi»

Nicolas Sarkozy (au centre) a lancé sa campagne lors de l'université d'été de l'UMP et a cloturé son discours en chantant la Marseillaise. 

		(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy (au centre) a lancé sa campagne lors de l'université d'été de l'UMP et a cloturé son discours en chantant la Marseillaise.
(Photo : AFP)
Le discours de Nicolas Sarkozy, en clôture de l’université d’été de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), à Marseille, n’a laissé aucune ambiguïté sur ses ambitions présidentielles. Ce n’est pas seulement en chef de parti qu’il s’est adressé aux jeunes mais véritablement en candidat. En porteur d’un projet de société dans lequel il veut au-delà de tout revaloriser l’action et l’engagement, provoquer une dynamique où la volonté permet, non pas d’espérer, mais de réaliser. Plus que des propositions concrètes -il en a tout de même énoncé plusieurs-, Nicolas Sarkozy a voulu présenter sa vision de la jeunesse, de la France, de la vie. Lui qui prône la «rupture» comme principe fondateur d’une nouvelle politique, a déjà rompu avec ses adversaires potentiels. Il a pris un discours d’avance dans la campagne.

«Tout est possible pour ceux qui le veulent et je vous demande de le vouloir avec moi». Ces mots, comme l’ensemble du discours de Nicolas Sarkozy à Marseille, s’adressaient aux jeunes. Les jeunes se soucient de leur avenir, leur avenir est le souci de leurs parents. Leur parler, c’est donc parler à tous les Français. Sarkozy le sait, et il le dit : «La jeunesse, c’est la base de tout». Et de citer toutes ces périodes de l’histoire où les jeunes ont insufflé le changement : de la Renaissance à la Résistance en passant par la Révolution.

Mais qui dit jeunesse ne dit pas «jeunisme», culte d’une jeunesse qui n’aurait que des droits et pas de devoirs. En tout cas, le président de l’UMP s’y refuse tout net. Le «jeunisme», c’est bon pour la gauche post-soixante-huitarde qui a trahi Jaurès et Blum, qui prône «l’égalitarisme scolaire» et «demande aux enfants ce qu’ils veulent apprendre». Mais certainement pas pour lui. Parce que ce que veut Nicolas Sarkozy, c’est aider les jeunes à «devenir adultes», ce n’est pas «retarder» cette étape. Il ne s’agit pas de «briser leurs rêves» mais de «les aider à les vivre». Mais pas forcément en les brossant dans le sens du poil.

Le droit à «l’excellence»

Pour parvenir à cet objectif, il n’y a pas, à en croire Nicolas Sarkozy, mille et un chemins. Il faut revaloriser l’école et la connaissance. Car «l’inégalité d’accès au savoir est la pire de toutes». De son point de vue, il faut viser «l’excellence», qu’il élève au rang de «droit», et abandonner la logique qui amène à baisser le niveau du bac pour qu’un plus grand nombre d’élèves l’obtienne. «L’éducation doit vous tirer vers le haut». C’est pour cela qu’il veut qu’on arrête de laisser passer en sixième des enfants qui ne savent «ni lire, ni écrire». C’est aussi pour cela qu’il propose qu’on mette en place des classes de 15 élèves dans les quartiers où «les handicaps sont trop importants» ou qu’on permette aux enfants dont les parents travaillent de faire les devoirs à l’école. C’est encore pour cela qu’il veut rendre les universités plus «autonomes» et ne plus les obliger à accueillir des étudiants destinés à échouer sans diplôme au bout de deux ans. Nicolas Sarkozy entend, d’autre part, revaloriser les filières techniques, l’apprentissage, faire du sport -et non de l’éducation physique- «une discipline fondamentale» parce que «le sport, c’est la morale».

Dans son projet, tous ceux qui le méritent doivent avoir leur chance -la même chance quel que soit leur quartier ou leur «couleur de peau». La «discrimination positive» est donc un moyen pour «réduire les injustices» et de rendre la «République plus respectueuse des différences». De cette manière, il espère lutter contre la dérive vers la délinquance de certains jeunes : «C’est le drame de la jeunesse de s’exprimer par la violence parce qu’on ne lui a pas donné la culture en partage».  

Pour autant, il ne faut pas que les jeunes se leurrent. Nicolas Sarkozy ne leur promet rien sans rien. Bien au contraire, il leur demande d’accepter l’idée qu’ils ont des devoirs, qu’ils doivent travailler et mériter leur réussite. Il propose même la mise en place d’un service civique de six mois pour que les «jeunes donnent un peu de leur temps» au service de l’intérêt général. Car «la République, ce n’est pas seulement recevoir».

Nicolas Sarkozy a choisi de s’adresser aux jeunes sur un registre dynamique en faisant valoir que tout est affaire de volonté et d’effort, en affirmant son désir de revaloriser le travail et le mérite, mais aussi en les incitant à être «fiers» d’être Français. Et pas seulement quand l’équipe de football marque des buts. Reste à savoir si ce type de discours est à même de rompre le cycle de l’incompréhension entre les jeunes et les politiques que le président de l’UMP a dénoncé au début de son intervention en déclarant : «Si la jeunesse ne nous écoute pas, c’est parce qu’elle ne nous comprend pas».

Un discours et une posture de candidat

Chaque phrase, chaque mot était destiné à peser son poids de conviction et d’engagement. Pas de d’ironie, pas de sarcasmes, pas de piques mais quelques attaques au nom des principes et des valeurs. Même la tenue de Nicolas Sarkozy montrait qu’il n’était pas là pour se livrer à un exercice décontracté ou à entrer dans un jeu de ping-pong politicien. Contrairement aux autres leaders politiques qui se sont rendus aux universités d’été de leurs partis en manches courtes et cols ouverts, le président de l’UMP était en costume sombre, cravaté, sobre comme… un homme d’Etat. Un discours et une posture de candidat à la magistrature suprême. Il n’y avait que Johnny Hallyday au premier rang des spectateurs, lunettes de soleil et veste blanche, applaudissant à tout rompre comme l’ensemble du public, pour mettre un peu de rock’n roll attitude dans cette intervention. Et pour chanter la Marseillaise avec Nicolas Sarkozy.



par Valérie  Gas

Article publié le 03/09/2006 Dernière mise à jour le 03/09/2006 à 17:14 TU

Dossiers

Dossier - France 2007 : élection présidentielle 

		© SB / RFI

Audio

Extrait du discours de Nicolas Sarkozy

«Si la jeunesse ne nous fait plus confiance, c'est parcequ'elle a le sentiment qu'elle a souvent été trahie.»

[03/09/2006]

Retour sur le discours de Nicolas Sarkozy

«Le candidat parle même de "révolution", avant d'exhorter les jeunes de toutes origines à "aimer la France".»

[03/09/2006]

Articles