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Politique française

Sarkozy-Royal : un homme et une femme

Dans le dernier sondage TNS/Sofres pour le <i>Figaro Magazine</i>, Ségolène Royal&nbsp;obtient 52% de bonnes opinions, contre 44% pour Nicolas Sarkozy.(Montage : RFI)
Dans le dernier sondage TNS/Sofres pour le Figaro Magazine, Ségolène Royal obtient 52% de bonnes opinions, contre 44% pour Nicolas Sarkozy.
(Montage : RFI)
Il est depuis longtemps candidat à la candidature, elle en est devenue une par la grâce des enquêtes d’opinion. Il incarne l’autorité, elle séduit les Français. Il souhaite rompre avec «l’immobilisme», elle est à «l’écoute». Il voudrait représenter «la France d’après», elle le socialisme de demain. Les sondages disent que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont les faveurs des Français. Mais ils ne disent pas jusqu’à quand.

Ils pourraient former un beau couple. Mais au-delà du fait qu’ils ont déjà chacun trouvé compagne et compagnon, la rencontre de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ne devrait avoir lieu que sur le terrain politique. Car à en croire les sondages, lui à droite, elle à gauche, sont les préférés des Français. Et la dernière enquête dit même qu’en ce moment, les Français ont un petit faible pour l’épouse du Premier secrétaire du Parti socialiste.

Dans le dernier sondage, réalisé les 22 et 23 février, par TNS/Sofres pour le Figaro Magazine, Ségolène Royal gagne trois points et arrive en tête toutes familles politiques confondues avec 52% de bonnes opinions. De quoi faire grincer les dents de Nicolas Sarkozy qui en perd 8 et ne convainc plus que 44% des personnes interrogées. Le président de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) reste tout de même le leader de son camp puisque Dominique de Villepin chute lui aussi (34%) et que Jacques Chirac, même s’il gagne 2 points, demeure très bas (23%).

Du Poitou-Charentes à l’Elysée ?

La cote de popularité mesurée par les sondeurs suffira-t-elle à faire de la présidente de la région Poitou-Charentes l’adversaire du ministre de l’Intérieur lors de la présidentielle de 2007 ? Il est bien trop tôt pour le dire. Il n’en demeure pas moins que le phénomène Royal pourrait être bien moins éphémère que prévu. Si la principale intéressée n’a avoué officiellement aucune ambition élyséenne, elle multiplie les initiatives pour transformer l’engouement dont elle jouit en tremplin. Elle s’est offert un voyage de présidentiable au Chili pour rencontrer la nouvelle chef de l’Etat, Michèle Bachelet. Elle s’est positionnée sur le terrain économique en affirmant adhérer à la politique menée dans certains domaines par le Premier ministre travailliste britannique, Tony Blair, par exemple dans la lutte contre le chômage des jeunes ou l’investissement dans les services publiques. Elle s’est même rendue au Salon de l’agriculture, passage obligé de tout prétendant à des hautes responsabilités.

Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Et se rebiffe quand on la présente comme trop novice pour faire le poids dans une élection présidentielle : «Si un homme avait été conseiller du président de la République comme je l’ai été pour le président Mitterrand pendant sept ans, s’il avait été ministre trois fois et élu député quatre fois de suite comme je l’ai été, s’il avait battu le Premier ministre de l’époque lors des dernières élections régionales comme je l’ai fait, est-ce qu’il verrait sa légitimité contestée et sa capacité à gouverner mise en cause ?». Une bonne question à laquelle, de manière inattendue, l’épouse du président de la République, Bernadette Chirac, a apporté une réponse en déclarant que Ségolène Royal était une «candidate sérieuse». Et d’ajouter : «Ses petits camarades socialistes ne lui feront pas de cadeaux mais l’heure des femmes a sonné». Cela voudrait-il dire que, pour les éléphants (Fabius, Strauss-Kahn, Lang… voire Jospin), c’est le glas qui va bientôt résonner ? Celle qui dit «travailler» pour «être prête si le moment arrive» devra attendre l’automne pour le savoir, lorsque sera désigné le candidat socialiste à la présidentielle.

Un sondage ne fait pas une élection…

Nicolas Sarkozy pourrait donc avoir été bien avisé de prendre Ségolène Royal au sérieux. Il serait du plus mauvais effet d’avoir critiqué mal à propos une éventuelle adversaire de la présidentielle. Chaque chose doit arriver à point. Pour le moment, le président de l’UMP a un autre combat à mener. Et celui-ci se situe à droite face à Dominique de Villepin. L’exercice va devenir de plus en plus difficile. Car Nicolas Sarkozy doit paraître solidaire d’un gouvernement auquel il a accepté de participer, tout en réussissant à montrer qu’il peut incarner le changement pour ne pas être assimilé aux éventuels échecs endossés par son principal rival à droite. Parti très tôt, il va devoir durer sans s’épuiser. De ce point de vue, le dernier sondage TNS/Sofres dans lequel Sarkozy perd des points est intéressant puisqu’il montre que malgré son charisme, ses «idées» et son indépendance affichée, il peut être éclaboussé par les gouttes du mécontentement social.

Un sondage ne fait pas une élection, ni une candidature. Nicolas Sarkozy le sait. Ségolène Royal le dit, histoire de montrer qu’elle connaît la chanson politique et qu’elle a du recul. Un sondage, des sondages contribuent, en revanche, certainement à conforter des ambitions ou, parfois, à y mettre un terme.


par Valérie  Gas

Article publié le 03/03/2006 Dernière mise à jour le 03/03/2006 à 17:17 TU