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Politique française

Sarkozy : des vœux pour l’avenir

Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, le 12 janvier à Paris.(Photo: AFP)
Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, le 12 janvier à Paris.
(Photo: AFP)
En présentant au même moment ses vœux de ministre de l’Intérieur et de président de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), Nicolas Sarkozy a fixé le cap pour 2006 mais aussi pour 2007. Sans faux-fuyant, il a donné sa vision d’un avenir où il aimerait bien que son destin croise celui de la France. Candidat à la présidentielle ? Il le sera sauf si les militants de son parti lui refusent leur investiture. En tout cas, il a déjà ouvert la boite à idées pour préparer son programme de campagne. Notamment dans le domaine du débat sur les institutions, de l’Europe ou des grands problèmes de société comme la délinquance et l’immigration.

Quelle meilleure occasion que celle des vœux pour peaufiner son image de candidat à la candidature ? Faire de ses souhaits un programme, c’est un art dans lequel celui qui est à la fois ministre de l’Intérieur et président de l’Union pour un mouvement populaire excelle. Direct et enjoué comme à son habitude, Nicolas Sarkozy a donc avancé démasqué vers l’échéance présidentielle de 2007. «Si ce n’est pas moi, c’est que je ne me serai pas mis en situation d’être le meilleur», a-t-il déclaré à propos de sa candidature éventuelle. Et à voir sa mine réjouie, on se dit que Nicolas Sarkozy n’imagine pas un seul instant que la bataille pour la présidence se déroulera sans lui qui a «la concurrence dans les veines».

Reste à savoir si ce parler vrai qu’il revendique haut et fort lui permettra de convaincre que ses idées pour la France sont celles dont le pays a besoin. Le rôle de poil à gratter du paysage politique français lui va bien mais est difficile à tenir au long cours. D’autant qu’il met le ministre de l’Intérieur en position d’être toujours vivement critiqué. Les polémiques sur ses déclarations (Kärcher, racailles, par exemple) ou les accusations de «populisme» qui lui collent à la peau, rappellent de manière récurrente qu’il se trouve à la limite ténue entre séduction et irritation.

Mais Nicolas Sarkozy ne semble pas devoir dévier de sa ligne pour devenir plus consensuel. En tout cas pas avant le deuxième tour de la présidentielle. Pour le moment, il semble convaincu que c’est en apparaissant comme celui qui donne des coups de pieds dans la fourmilière et appelle un chat un chat qu’il peut obtenir son ticket pour l’avenir. Et il ne se prive pas, endossant sur certains sujets la casquette de ministre de l’Intérieur, sur d’autres celle de président de l’UMP.

Réguler l’immigration

Concernant l’immigration, il s’étonne que ce phénomène, qui dans le reste du monde est perçu positivement comme une source de «sang nouveau» et «de talents», reste connoté «négativement» dans l’Hexagone. La faute à une politique d’intégration en échec. Pour y remédier, le ministre de l’Intérieur a annoncé les principales mesures du projet de loi dont la présentation est prévue pour le mois de février. Elles vont sans ambiguïté dans le sens de l’immigration choisie et régulée : augmentation du nombre de reconduites à la frontière, mise en place d’objectifs chiffrés en matière de flux dans les différentes catégories de migrations (économique, regroupement familial, asile) avec un renforcement en faveur de l’arrivée de travailleurs qualifiés et de chercheurs, réforme du regroupement familial, généralisation du contrat d’accueil et d’intégration, mesures pour éviter le détournement du mariage en immigration clandestine. Ces mesures étaient attendues et ont déjà provoqué de vives réactions de rejet de la part des associations humanitaires qui avaient aussi craint que la nouvelle loi ne restreigne les droits des étrangers malades à rester en France. Sur cette dernière question, Nicolas Sarkozy a coupé court au débat en annonçant qu’il n’y aurait pas de modification par rapport aux dispositions actuelles.

Dans le domaine de la délinquance, Nicolas Sarkozy ne peut que se satisfaire des derniers chiffres annoncés qui montrent que, malgré les violences urbaines du mois de novembre, la baisse générale s’est poursuivie. Mais il n’entend pas s’arrêter là et a fixé l’objectif d’une nouvelle diminution de l’ordre de 3% en 2006. Pour y parvenir, il prévoit dans son plan de prévention de la délinquance un certain nombre de mesures pour permettre une détection précoce des jeunes à risques, notamment dans le cadre de l’école. Et afin d’agir sur les parents, il désire que le versement des allocations familiales soit lié à la présentation du certificat de scolarité des enfants.

Au-delà des actions concrètes, il y a aussi les idées pour l’avenir. Le fil directeur de Nicolas Sarkozy semble être de ne pas hésiter à abandonner les recettes qui n’ont pas marché pour permettre à la France de retrouver sa «grandeur» et «renouveler ses valeurs». Dans les relations avec l’Outre-Mer, le ministre qui a confirmé qu’il se rendrait en Martinique en mars 2006, appelle à abandonner «le clanisme, la compassion, l’assistanat» au profit «du respect, de la dignité, du développement». Pour lutter contre l’endettement, Nicolas Sarkozy affirme qu’il faut admettre la nécessité de ne pas remplacer la moitié des fonctionnaires qui partiront en retraite. Et pour améliorer le pouvoir d’achat, il suggère d’exonérer les heures supplémentaires de charges sociales et de permettre aux fonctionnaires de travailler plus pour gagner plus. De quoi chambouler les habitudes. Mais Nicolas Sarkozy l’affirme : «On ne pourra pas résoudre les problèmes de la France avec les idées d’il y a 30 ans» et le «meilleur modèle social, c’est celui qui donne un emploi à chacun».

Pas de VIe République

Pour autant, Nicolas Sarkozy n’adhère pas à la thèse de l’obsolescence des institutions de la Ve République qui pourrait faire partie des thèmes de la campagne présidentielle de 2007. Même s’il pense qu’il faudra tirer toutes les conséquences du passage au quinquennat. En réfléchissant mieux à l’utilisation du référendum et en limitant à deux les mandats présidentiels, par exemple. Mais aussi en redéfinissant les pouvoirs entre un président qui doit «diriger» l’action du gouvernement, un Premier ministre qui doit la «coordonner» et un parlement qui doit avoir les moyens de jouer un rôle de «contre-pouvoir». De son point de vue, il faut «redonner du souffle à notre démocratie»  et «faire évoluer les institutions sans changer le numéro de la République».

Concernant les institutions européennes aussi, Nicolas Sarkozy a sa petite idée. Pour sortir du blocage provoqué par le rejet de la Constitution en France et aux Pays-Bas, il propose de raboter le texte et d’en écrire une version plus courte s’intéressant uniquement au fonctionnement de l’Europe à 25 puis de la faire approuver par le Parlement. Il estime aussi que le processus d’élargissement doit être stoppé car les populations le désapprouvent et qu’il est indispensable d’élaborer très vite un statut de «partenaire privilégié» pour le proposer aux pays «qui n’ont pas vocation à entrer dans l’Union» (Turquie, Ukraine). Il juge d'autre part nécessaire de donner un rôle moteur aux 6 pays les plus peuplés parce que «les petits pays ne doivent pas empêcher les grands de prendre des initiatives».

En ce début d’année 2006, Nicolas Sarkozy est donc apparu fidèle à ses convictions et ses ambitions. Le seul changement notable réside peut-être dans la gestion de la médiatisation de sa vie privée. Ses déboires conjugaux l’ont semble-t-il amené à plus de retenue sur ce plan. Son épouse Cécilia, un moment éloignée, aurait, à en croire les proches du ministre, réintégré le foyer. Une bonne raison de devenir adepte du «sans commentaire».


par Valérie  Gas

Article publié le 12/01/2006 Dernière mise à jour le 12/01/2006 à 17:29 TU

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Isabelle Chenu

Journaliste à RFI

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