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Afrique du Sud

Une nouvelle tuberculose mortelle en Afrique Australe

L’Afrique australe est menacée par une épidémie de «tuberculose ultra résistante», qui ne laisse pratiquement aucune possibilité de soigner les patients avec les antibiotiques existants.

De notre correspondante en Afrique du Sud

Dans un hôpital kenyan. A Johannesburg, Les experts demandent une évaluation «<i>urgente et rapide</i>» des zones touchées par les cas de tuberculose résistant aux antibiotiques. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: AFP)
Dans un hôpital kenyan. A Johannesburg, Les experts demandent une évaluation «urgente et rapide» des zones touchées par les cas de tuberculose résistants aux antibiotiques.
(Photo: AFP)

L’apparition en Afrique du Sud d’une souche de tuberculose résistante aux 6 médicaments anti-tuberculeux les plus distribués dans le monde, inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui parle de «menace grave pour la santé publique». Cette tuberculose «ultra résistante» (UR ou XDR en anglais, pour Xtreme drug-resistant tuberculosis) a été identifiée à l’hôpital de Tugela Ferry, au Kwazulu-Natal : sur les 53 patients atteints, 52 sont décédés, très rapidement. On avait déjà découvert sa présence, ces dernières années, dans plusieurs régions du monde, notamment en Russie et en Asie. Mais elle était restée limitée, avec seulement 347 cas répertoriés début 2006.

Son apparition en Afrique du sud, notifiée à l’OMS en mai dernier, change la donne : associée au sida, cette nouvelle souche pourrait faire des milliers de victimes. «La tuberculose UR peut résulter d’une mauvaise prise des traitements contre la tuberculose. Mais elle peut aussi être transmise par simple contagion : or, les malades du sida sont particulièrement vulnérables», explique le Dr Paul Nunn, coordinateur de la lutte contre la tuberculose résistante, à l’Organisation mondiale de la santé.

Contaminés sans le savoir, faute de tests

«La moitié des malades à Tugela Ferry n’avait jamais pris de traitements contre la tuberculose auparavant, confirme le prof Willem Sturm, de la Faculté de médecine de l’université du Kwazulu-Natal. Un tiers n’avait même jamais été hospitalisé : ils ont donc été contaminés dans leur communauté par une personne déjà infectée, qui a toussé ou respiré près d’eux dans un lieu confiné». Par la suite, la souche UR a été détectée dans 28 des 50 hôpitaux et cliniques du Kwazulu-Natal. D’autres pays d’Afrique Australe sont peut-être aussi touchés sans le savoir, faute de tests rapides ou, simplement, de laboratoires accessibles.

«L’Afrique Australe est l’épicentre de la pandémie du sida. Or celle-ci pourrait provoquer rapidement une épidémie de tuberculose ultra résistante», craint le Dr Karin Weyer, du Conseil de recherche médicale sud-africain. Ainsi, au Kwazulu-Natal,  80% des séropositifs sont  aussi infectés par le bacille de Koch. Avec 5,5 millions de Sud-Africains affectés par le VIH et un taux record de tuberculose (on estime qu’elle est présente sous forme latente dans la moitié de la population), la situation peut devenir critique si l’irruption de cette tuberculose n’est pas contenue.

Une centaine d’experts et de représentants de 14 pays d’Afrique Australe et Centrale, réunis à Johannesburg, les 7 et 8 septembre, ont adopté un plan d’action en 7 points. Il prévoit notamment la mise en place d’un système de surveillance dans la région, le renforcement des capacités des laboratoires, la formation du personnel médical et l’instauration de mesures de protection dans les hôpitaux pour isoler les malades contaminés par la souche UR. Il faudra aussi renforcer l’ensemble des traitements contre la tuberculose : le taux de guérison en Afrique du Sud n’est que de 54 %, alors qu’il devrait atteindre 85 % !

Une politique de santé de plus en plus critiquée

Un quart des patients abandonne les traitements en cours de route. On dénombre déjà 6 000 malades résistants à la première ligne de traitements (tuberculose multi résistante). «Si des mesures de précaution ne sont pas prises pour éviter la contagion, l’épidémie de tuberculose en Afrique Australe risque de devenir multi résistante. Il faut tout faire pour l’éviter !».

L’Afrique du Sud va importer d’Amérique du Nord deux médicaments (plus toxiques), dans l’espoir qu’ils permettent d’enrayer l’irruption de tuberculose UR au Kwazulu-Natal. Mais quatre mois après avoir alerté l’OMS, elle n’a toujours pas demandé son assistance. Le mois dernier, l’organisation des Nations unies a enjoint le gouvernement sud-africain à faire de la tuberculose et du sida, une «urgence nationale». Reste à savoir si le gouvernement sud-africain –dont la politique de santé est plus en plus critiquée par la communauté internationale– répondra enfin à cet appel.

par Valérie  Hirsch

Article publié le 08/09/2006 Dernière mise à jour le 08/09/2006 à 17:57 TU

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