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Afrique du Sud

Sida : premières mesures concrètes

L’armée sud-africaine va fournir des médicaments antirétroviraux à son personnel infecté par le virus du sida. L’annonce a été faite mardi sur le site de la clinique d’une structure militaire de Pretoria, la capitale.
De notre correspondante à Johannesburg.

Ce projet du nom de «Phidisa» est donc le premier acte concret de distribution d’antirétroviraux de la part du gouvernement sud-africain dans le cadre du plan national annoncé en août dernier, et qui prévoit de fournir des médicaments gratuits à quelque 500 000 malades.

Officiellement la prévalence de séropositifs dans l’armée sud-africaine est de 19%, mais les chercheurs estiment que le double est plus proche de la réalité.

Le test VIH sera pratiqué sur une base volontaire et les personnes séropositives déjà engagées seront prises en charge. «Les soldats sud-africains participant à des opérations de maintien de la paix sur le continent doivent être en bonne santé et ne peuvent pas accomplir cette mission s’ils sont séropositifs», a cependant précisé le chirurgien général Rinus Jansen van Rensburg. Plusieurs milliers de soldats sud-africains sont en effet actuellement déployés au Burundi et en République démocratique du Congo.

«Je voudrais encourager chaque membre du personnel à venir faire un test», a demandé la vice-ministre de la Défense Nozizwe Madlala-Routledge, en ajoutant que des traitements «antirétroviraux et non antirétroviraux» allaient être étudiés. «Il s’agit aussi de considérer des facteurs comme la nutrition ainsi que le conseil psychologique», a-t-elle expliqué.

L’ail et l’huile d’olive

La question du traitement «nutritionnel» est un sujet hautement sensible en Afrique du Sud. La ministre de la Santé Manto Tshabalala-Msimang, longtemps opposée à l’usage d’antirétroviraux et influencée par les théories qui nient le lien entre le VIH et le sida, est fustigée par la communauté médicale pour avoir érigé en modèle une recette à base d’huile d’olive et d’ail pour aider les malades du sida. «Ces ingrédients seront aussi étudiés», a confirmé le chirurgien général Jansen van Rensburg.

Le plan national de lutte contre le sida prévoit l’ouverture de 53 sites de distribution d’antirétroviraux d’ici la fin 2004.
Le projet «Phidisa» , doté d’un montant de 35 millions de dollars, est en majorité financé par des fonds américains, dont ceux du département de la Défense.

Les autorités américaines ne cachent pas leur inquiétude vis à vis de la prévalence de séropositifs dans les armées africaines, estimant que la stabilité du continent dépend de celle de ses armées.

Une conférence militaire récente organisée au Botswana, a révélé que le sida était responsable de plus de 60% des décès dans le personnel militaire de 14 pays de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). Le Pentagone dépense ainsi plusieurs millions de dollars pour aider plusieurs armées de pays africains dont l’Afrique du Sud, mais aussi l’Angola ou le Botswana dans leur lutte contre le sida.



par Stéphanie  Savariaud

Article publié le 21/01/2004

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