Afrique du Sud
Thabo Mbeki sort renforcé du congrès de l’ANC
Le Congrès de l’ANC n’aura pas été le théâtre de la guerre des clans que certains annonçaient. Thabo Mbeki renforce son emprise sur le parti et fait entériner la politique économique de son gouvernement.
De notre correspondante à Johannesbourg
Trevor Manuel, le ministre des Finances, a reçu une approbation inattendue du Congrès national africain (ANC). Il a été élu avec le plus grand nombre de voix parmi les 60 membres que compte la plus haute instance de décision du parti au pouvoir, le Comité exécutif national (NEC). Au terme de sa conférence quinquennale, le 20 décembre à Stellenbosch, l’ANC a ainsi coupé court aux luttes qui opposent ses deux grandes tendances, les «néo-libéraux» et la «gauche ultra».
Sur 3 046 délégués présents, 2 800 ont coché le nom de Trevor Manuel sur leurs listes, et donné un satisfecit sans équivoque à la politique libérale poursuivie par le gouvernement. Surpris, Trevor Manuel a réagi en se décrivant comme “l’un de ceux qui prennent les décisions les plus dures, provoquant la colère, quoique toujours éphémère, de mes collègues ministres”.
Ce vote a été qualifié par le ministre des Finances de particulièrement “rassurant” pour les investisseurs étrangers. “Ils ont désormais la preuve du lien réel qui soude la base du parti aux dirigeants de l’ANC”. En dépit du chômage et de la pauvreté, en dépit d’une inflation de plus de 18% cette année sur les produits alimentaires, l’ANC a manifesté sa confiance. Explication d’un délégué de la province du Limpopo : “Nous n’allons pas répéter les erreurs commises par Robert Mugabe après l’indépendance du Zimbabwe, en nous endettant pour l’éducation et la santé, au point de ne plus pouvoir faire face”.
Cyril Ramaphosa en embuscade pour le prochain congrès
Le président Thabo Mbeki, lui, s’est réjoui dans son discours de clôture de l’unité du parti. Il s’est néanmoins contredit, en se félicitant de la “défaite des facteurs de division au sein de l’ANC”, pour aussitôt menacer “d’action dure ceux qui agissent pour diviser notre mouvement”. Il a montré du doigt des délégués qui se sont présentés comme des “communistes”, en dehors du Parti communiste sud-africain (SACP), et qui ont distribué leurs propres listes de candidats au NEC…
L’élection des membres de cette instance dirigeante sert de baromètre interne au parti. Elle permet d’évaluer la popularité de ses dirigeants. A Stellenbosch, de très nombreux ministres ont remporté des scores écrasants. La très populaire Winnie Madikizela-Mandela, elle, a été reléguée la 6ème place des personnes élues avec le plus grand nombre de voix, alors qu’elle était 3ème en 1997, derrière Cyril Ramaphosa, ancien leader syndical et Kader Asmal, l’actuel ministre de l’Education. Cette année, l’ancienne égérie de la lutte contre l’apartheid a été supplantée par Penuell Maduna, le ministre de la Justice (5ème place), Thoko Didiza, la ministre de l’Agriculture (4ème place), mais surtout par Nkosazana Dlamini-Zuma, la ministre des Affaires étrangères (3ème place). Devenue la femme la plus puissante d’Afrique du Sud, parfois donnée comme un successeur potentiel de Thabo Mbeki, Nkosazana Dlamini-Zuma a vu ses efforts en République démocratique du Congo (RDC) récompensés, il est vrai, pendant la conférence de l’ANC. Un accord de paix signé à Pretoria a enfin ouvert la voie à une transition démocratique.
Quoi qu’il en soit, la composition du NEC n’est pas tout à fait rêvée pour Thabo Mbeki. Elu avec le plus grand nombre de voix il y a cinq ans, à Mafikeng, Cyril Ramaphosa arrive cette année en seconde position, avec seulement 2 voix de moins que Trevor Manuel. Le message politique est fort. Cyril Ramaphosa reste un poids lourd du parti, malgré sa reconversion dans le secteur privé, en 1994, après son éviction par Thabo Mbeki dans la course à la vice-présidence –et à la succession de Nelson Mandela. Ancien secrétaire général de l’ANC, en première ligne dans les négociations avec Frederik de Klerk qui ont mené aux élections de 1994, Cyril Ramaphosa est resté une cible pour Thabo Mbeki.
Il avait notamment été accusé, en 2000, d’ourdir un complot pour renverser l’actuel président, aux côtés de deux autres leaders populaires du parti, Mathews Phosa et Tokyo Sexwale, eux aussi reconvertis sans les affaires. Ce qui est ensuite apparu comme une manipulation grossière, avec excuses à la clé, n’a pas réussi à entamer la crédibilité du milliardaire nori. Malgré son mutisme, Cyril Ramaphosa reste en selle. Il sera l’un des challengers les plus sérieux à la succession de Thabo Mbeki, lors de la la prochaine conférence de l’ANC, en 2007.
Trevor Manuel, le ministre des Finances, a reçu une approbation inattendue du Congrès national africain (ANC). Il a été élu avec le plus grand nombre de voix parmi les 60 membres que compte la plus haute instance de décision du parti au pouvoir, le Comité exécutif national (NEC). Au terme de sa conférence quinquennale, le 20 décembre à Stellenbosch, l’ANC a ainsi coupé court aux luttes qui opposent ses deux grandes tendances, les «néo-libéraux» et la «gauche ultra».
Sur 3 046 délégués présents, 2 800 ont coché le nom de Trevor Manuel sur leurs listes, et donné un satisfecit sans équivoque à la politique libérale poursuivie par le gouvernement. Surpris, Trevor Manuel a réagi en se décrivant comme “l’un de ceux qui prennent les décisions les plus dures, provoquant la colère, quoique toujours éphémère, de mes collègues ministres”.
Ce vote a été qualifié par le ministre des Finances de particulièrement “rassurant” pour les investisseurs étrangers. “Ils ont désormais la preuve du lien réel qui soude la base du parti aux dirigeants de l’ANC”. En dépit du chômage et de la pauvreté, en dépit d’une inflation de plus de 18% cette année sur les produits alimentaires, l’ANC a manifesté sa confiance. Explication d’un délégué de la province du Limpopo : “Nous n’allons pas répéter les erreurs commises par Robert Mugabe après l’indépendance du Zimbabwe, en nous endettant pour l’éducation et la santé, au point de ne plus pouvoir faire face”.
Cyril Ramaphosa en embuscade pour le prochain congrès
Le président Thabo Mbeki, lui, s’est réjoui dans son discours de clôture de l’unité du parti. Il s’est néanmoins contredit, en se félicitant de la “défaite des facteurs de division au sein de l’ANC”, pour aussitôt menacer “d’action dure ceux qui agissent pour diviser notre mouvement”. Il a montré du doigt des délégués qui se sont présentés comme des “communistes”, en dehors du Parti communiste sud-africain (SACP), et qui ont distribué leurs propres listes de candidats au NEC…
L’élection des membres de cette instance dirigeante sert de baromètre interne au parti. Elle permet d’évaluer la popularité de ses dirigeants. A Stellenbosch, de très nombreux ministres ont remporté des scores écrasants. La très populaire Winnie Madikizela-Mandela, elle, a été reléguée la 6ème place des personnes élues avec le plus grand nombre de voix, alors qu’elle était 3ème en 1997, derrière Cyril Ramaphosa, ancien leader syndical et Kader Asmal, l’actuel ministre de l’Education. Cette année, l’ancienne égérie de la lutte contre l’apartheid a été supplantée par Penuell Maduna, le ministre de la Justice (5ème place), Thoko Didiza, la ministre de l’Agriculture (4ème place), mais surtout par Nkosazana Dlamini-Zuma, la ministre des Affaires étrangères (3ème place). Devenue la femme la plus puissante d’Afrique du Sud, parfois donnée comme un successeur potentiel de Thabo Mbeki, Nkosazana Dlamini-Zuma a vu ses efforts en République démocratique du Congo (RDC) récompensés, il est vrai, pendant la conférence de l’ANC. Un accord de paix signé à Pretoria a enfin ouvert la voie à une transition démocratique.
Quoi qu’il en soit, la composition du NEC n’est pas tout à fait rêvée pour Thabo Mbeki. Elu avec le plus grand nombre de voix il y a cinq ans, à Mafikeng, Cyril Ramaphosa arrive cette année en seconde position, avec seulement 2 voix de moins que Trevor Manuel. Le message politique est fort. Cyril Ramaphosa reste un poids lourd du parti, malgré sa reconversion dans le secteur privé, en 1994, après son éviction par Thabo Mbeki dans la course à la vice-présidence –et à la succession de Nelson Mandela. Ancien secrétaire général de l’ANC, en première ligne dans les négociations avec Frederik de Klerk qui ont mené aux élections de 1994, Cyril Ramaphosa est resté une cible pour Thabo Mbeki.
Il avait notamment été accusé, en 2000, d’ourdir un complot pour renverser l’actuel président, aux côtés de deux autres leaders populaires du parti, Mathews Phosa et Tokyo Sexwale, eux aussi reconvertis sans les affaires. Ce qui est ensuite apparu comme une manipulation grossière, avec excuses à la clé, n’a pas réussi à entamer la crédibilité du milliardaire nori. Malgré son mutisme, Cyril Ramaphosa reste en selle. Il sera l’un des challengers les plus sérieux à la succession de Thabo Mbeki, lors de la la prochaine conférence de l’ANC, en 2007.
par Sabine Cessou
Article publié le 20/12/2002