Terrorisme
11-Septembre : New York continue mais n'oublie pas
(Photo : AFP)
De notre correspondante aux Etats-Unis
Le projet de mémorial à Ground Zero ne devant se terminer qu’en 2007, longtemps les visiteurs du site des attaques qui ont fait 2 749 morts à New York n’y ont vu qu’un chantier derrière des grilles. Ce n’est que le mois dernier que des photos relatives aux attaques ont été accrochées aux grilles, remettant le trou géant dans son contexte.
Le Tribute Center finalement mis en place face à Ground Zero n’ouvrant que la semaine prochaine au public, les touristes cherchant à mesurer l’événement peuvent aller en voir des résidus disséminés dans les musées de la ville : une vitrine de magasin de Broadway recouverte de poussière reconstituée sous verre à la New York Historical Society, une exposition des mémoriaux spontanés de l’après 11-Septembre à Brooklyn, les photos des journalistes du New York Times au musée des pompiers, ainsi que des vestiges des secours.
Retour à la normale
Le 11 septembre entré au musée, New York a repris vie à une vitesse qui a surpris le pays, les New-Yorkais les premiers. «Ce qui me frappe finalement, c’est qu’il n’y ait pas plus de choses qui aient changé», remarque Dick Howard, homme politique new-yorkais et auteur de La démocratie à l’épreuve, quand on l’interroge sur les changements provoqués les attentats du 11-Septembre 2001. Déjà un an après les attentats un sondage Gallup indiquait que les trois quarts des Américains vivaient leur vie de la même manière qu’avant le 11-Septembre.
Les chaînes d’information permanente, qui avaient passé l’été 2001 à spéculer sur ce qui était arrivée à une stagiaire du Congrès disparue, juraient qu’elles avaient négligé leur tâche et se consacreraient à nouveau à l’actualité sérieuse. En août dernier, la diffusion en boucle des images de l’arrestation d’un suspect présumé dans un meurtre d’une petite fille de six ans commis il y a dix ans ont montré que la vie avait bien repris son cours.
Rebond économique
Si la politique étrangère américaine a été redéfinie par les attaques terroristes, la ville la plus durement frappée, elle, n’a guère changé. En tout cas bien moins que les pronostics des jours suivants l’attentat ne le laissaient croire.
Le sud de Manhattan ne s’est pas vidé autour du grand trou qu’est encore le chantier de reconstruction du World Trade Center. Les entreprises n’ont pas quitté New York pour les voisins New Jersey et Connecticut. Au contraire, le taux d’occupation des bureaux dans le sud de Manhattan a repassé la barre des 90 %. Le sud de l’île n’est pas devenu un quartier fantôme. Plus de 5 800 appartements y ont été construits depuis. Hermes et Tiffany y préparent l’ouverture de boutiques.
Les touristes, eux aussi, sont revenus à New York. Ils étaient 36,2 millions en 2000 ; on en attend 44,4 millions pour 2006. Le taux d’occupation des hôtels est revenu à son niveau de septembre 2001. Les transports aériens, eux aussi, se remettent. Plus d’une vingtaine de compagnies aériennes se sont placés sous le régime de la protection des faillites depuis les attentats.
En septembre 2001, le trafic aérien, de 34,6 millions sur les lignes intérieures et internationales, a marqué une chute de 34 % par rapport à septembre 2000. Depuis, il est même repassé au dessus de son niveau de septembre 2001. Des conditions de voyage plus difficiles, marquées par les ralentissements des contrôles de sécurité, ne dissuadent pas de prendre l’avion.
La peur d’un nouvel attentat
Contre tous les pronostics de l’après 11-Septembre, aucun attentat n’a eu lieu depuis sur le sol américain. Les New-Yorkais ne sont pas amnésiques pour autant. Un tiers d’entre eux, selon un sondage du New York Times, disent penser aux attaques du 11-Septembre tous les jours. Et les deux tiers se disent «très préoccupés» par la perspective d’une nouvelle attaque contre leur ville.
Même si le maire Michael Bloomberg a déclaré dans une interview à Rolling Stone que les New-Yorkais feraient mieux de s’inquiéter des méfaits du tabac ou des risques à traverser les rues sans regarder que du terrorisme, ses administrés savent que depuis la mise en place du système fédéral d’alerte multicolore, New York, depuis les attentats, est resté à l’orange – le deuxième niveau le plus sérieux. Et selon le Pew Research Center, une majorité (55 %) des Américains estime que le gouvernement fédéral n’est pas préparé à y répondre.
par Guillemette Faure
Article publié le 11/09/2006 Dernière mise à jour le 11/09/2006 à 08:27 TU