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Israël

Retour de bâton pour Olmert

Un grand nombre des manifestants étaient des réservistes, rappelés pour la guerre au Liban. Ils ont été les premiers à critiquer le gouvernement Olmert. 

		(Photo : AFP)
Un grand nombre des manifestants étaient des réservistes, rappelés pour la guerre au Liban. Ils ont été les premiers à critiquer le gouvernement Olmert.
(Photo : AFP)
Près d’un mois après la fin des combats au Liban, le mécontentement se fait de plus en plus entendre en Israël. Samedi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont descendus sur la place Rabin à Tel-Aviv pour réclamer la création d’une commission d’enquête indépendante sur la conduite de l’offensive contre le Liban. Un des ténors du gouvernement Olmert, le ministre des Transports Shaoul Mofaz a aussi exigé la mise en place d’une telle commission d’Etat. Il rejoint ainsi le mouvement de protestation envers Ehud Olmert qui, lui, s’oppose fermement à une telle commission.

En quelques semaines, les attaques ont changé de cible en Israël. L’heure des comptes a sonné pour le Premier ministre Ehud Olmert. Quelque 30 000 Israéliens se sont rassemblés samedi soir sur la place Rabin à Tel-Aviv pour exiger que l’enquête sur la conduite de la guerre au Liban soit menée en toute indépendance. Jusqu’à maintenant, Ehud Olmert penche plutôt pour une commission d’enquête publique de préférence à une commission d’Etat. Cette dernière dépend du président de la Cour suprême, une garantie d’indépendance, ce que n’assure pas une commission publique, par ailleurs dénuée de tout pouvoir juridique. La commission d’Etat est de plus habilitée à convoquer des témoins et à ordonner des perquisitions, comme un tribunal, et ses recommandations sont de facto contraignantes.

Peu impressionné par toute cette grogne, le Premier ministre israélien maintient le cap et compte toujours mettre en place une commission d’enquête dénuée de pouvoir juridique. En premier lieu, il avait chargé Nahoum Admoni, un ancien directeur du Service de sécurité intérieure de l’Etat, le Shin Bet, d’en diriger les travaux. Mais devant les protestations soulevées par sa nomination, Ehud Olmert envisagerait plutôt de confier le poste à un juge à la retraite. C’est mardi que le gouvernement doit approuver la forme définitive que prendra cette commission. 

Militaires mécontents

Autre coup dur pour Ehud Olmert : un de ses ministres et membre de son parti Kadima, Shaoul Mofaz, a rejoint la fronde et exige lui aussi la constitution d’une commission d’enquête d’Etat. Shaoul Mofaz, l’actuel ministre des Transports, est aussi et surtout ex-chef d’état-major et ancien ministre de la Défense. Sa défection, la première au sein de Kadima, a été fort mal reçue par ses collègues.

Pour le ministre de l’Intérieur Roni Bar-On, membre lui aussi de Kadima, «sa volte-face ressemble beaucoup à une manipulation». Au plus fort du conflit, Shaoul Mofaz avait en effet été accusé par l’actuel ministre de la Défense, le travailliste Amir Peretz, d’avoir ignoré la menace du Hezbollah pendant les années où il était à des postes clés à la tête de l’armée, puis ministre de la Défense. Depuis, Amir Peretz s’est prononcé en faveur d’une commission réellement indépendante, s’opposant ainsi au Premier ministre. Il a été rejoint par le ministre de la Culture, Ophir Pinès, un travailliste pour qui «une telle formule ne serait que profitable au gouvernement».   

Parmi les signataires de l’appel au rassemblement de samedi, on pouvait relever la présence de nombreux militaires du corps de réserve. Une bronca qui ne fait que s’ajouter à celle qui vise le chef d’état-major Dan Haloutz et qui rassemble des généraux de réserve, des officiers et des soldats réservistes qui ont tous participé aux combats sur le terrain. Ce mécontentement a fait surface dès le cessez-le-feu et, depuis, il ne cesse d’enfler. Un des premiers officiers à avoir émis de vives critiques envers Dan Haloutz, est le général de réserve Uri Saguy, un ancien directeur des services de Renseignement militaire.

Des «affaires» comme s’il en pleuvait

Le général Saguy, qui a pris la parole lundi lors d’un colloque sur le terrorisme à Herzliya, a mis en cause directement le gouvernement et le commandement militaire à propos des échecs rencontrés par l’armée au Liban. Déjà fin août, il avait attaqué bille en tête Dan Haloutz : «je pense que l’écart entre les objectifs qu’il avait fixés et ceux qui ont été atteints, est énorme. En tant que chef d’état-major il en est clairement responsable», a jugé le général Saguy.

Israël n’en a pas fini avec les turbulences. Ce lundi, s’est ouvert le procès de l’ancien ministre de la Justice, Haïm Ramon, accusé de harcèlement sexuel sur une jeune employée du gouvernement. Membre de Kadima, Haïm Ramon avait démissionné de son poste le 20 août. Par ailleurs, le chef de l’Etat israélien, Moshe Katsav est lui aussi impliqué dans une affaire de harcèlement sexuel. Il est soupçonné d’avoir usé de son autorité pour contraindre deux employées de la présidence à avoir des relations sexuelles avec lui, sous la menace de perdre leur emploi si elles refusaient. A peine quatre mois après son installation, le gouvernement d’Ehud Olmert se retrouve en pleine tempête. Mais c’est peut-être justement ce manque d’expérience qui lui permettra de tenir. Il ne peut être tenu pour responsable de toutes les erreurs commises.

par Claire  Arsenault

Article publié le 11/09/2006 Dernière mise à jour le 11/09/2006 à 16:27 TU