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Soudan

Le Darfour, priorité du calendrier new-yorkais

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan (à droite) et le président de l’Union africaine Omar Konare (à gauche) lors de la conférence des donateurs pour le Darfour. 

		(Photo : AFP)
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan (à droite) et le président de l’Union africaine Omar Konare (à gauche) lors de la conférence des donateurs pour le Darfour.
(Photo : AFP)
C’est finalement mercredi prochain que se tiendra à New York le sommet des chefs d’Etat africains qui devraient prendre une décision définitive au sujet du départ des troupes de l’Union africaine du Darfour ou de la poursuite de la mission, dont le mandat arrive à échéance le 30 septembre. Les autorités soudanaises ont annoncé lundi que le mandat de cette force de paix africaine devait être étendu, tout en refusant son remplacement par des casques bleus de l’Onu. La communauté internationale s’était dernièrement mobilisée pour obliger le président soudanais Omar el-Béchir à accepter la présence des forces de paix de l’Onu dans cette province en proie à une guerre civile meurtrière et à des catastrophes humanitaires.

Les dirigeants des pays membres du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine vont se réunir mercredi à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, pour prendre une décision définitive au sujet de l’avenir de la mission de l’Union africaine (UA) au Darfour, dont le mandat expire fin septembre. Ce sommet est d’une importance capitale étant donné que le conflit s’est aggravé et aussi parce que les troupes africaines - peu nombreuses, mal payées et mal nourries - n’ont pas été capables d’intervenir pour limiter les incidents armés attribués aux rebelles et aux milices soutenues par le régime du président Omar el-Béchir. Cette réunion cruciale des dirigeants africains n’a pas pu se tenir lundi, car les présidents du Nigeria et du Rwanda n’étaient pas arrivés à temps à New York.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA doit donc décider du sort de la mission des 7 000 hommes déployés au Darfour et répondre à la question de savoir si ils devront être remplacés par Casques bleus de l’Onu, malgré l’opposition ferme du gouvernement de Khartoum qui avait même menacé d’expulser immédiatement les soldats africains au cas où l’UA donnerait un feu vert définitif à leur remplacement par des Casques bleus. Le président el-Béchir a affirmé que «les forces de l’Onu dissimulent un autre dessein au Soudan, parce qu’elles ne viennent pas pour établir la paix au Darfour : elles veulent recoloniser le Soudan». Les observateurs pensent que les autorités soudanaises craignent que les Casques bleus puissent aussi arrêter des personnes soupçonnées d’atrocités, pour les faire juger ensuite par la Cour internationale de justice. L’UA est ainsi devant un dilemme : soit maintenir la date prévue pour la fin du mandat, soit repousser cette échéance dans l’attente d’un éventuel envoi de casques bleus. Les autorités soudanaises envisagent néanmoins la création d’une version renforcée de la mission de l’UA, qui pourrait bénéficier de l’aide de pays occidentaux, en termes de moyens de transport et de systèmes de surveillance.

Mobilisation internationale pour le Darfour

La situation semble bloquée, malgré les appels pressants de la communauté internationale, en vue du déploiement des troupes des Nations unies. Dimanche 17 septembre a été marquée par une Journée internationale de mobilisation pour l’envoi de soldats de l’Onu. Des manifestations ont mobilisé des milliers de personnes dans plusieurs grandes villes du monde, notamment à New York, ainsi qu’à Londres, à Dakar, à Kigali et à Abuja. L’Union européenne qui avait été critiquée par le gouvernement américain au sujet du Darfour a envoyé des «messages de fermeté», rappelant au gouvernement soudanais ses obligations concernant la protection des civils, laissant planer la menace d’un jugement devant des tribunaux internationaux. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, devrait se rendre bientôt au Soudan.

A Paris, le président Jacques Chirac s’est déclaré lundi très inquiet par la situation au Darfour qu’il a qualifié d’inadmissible. Dans un entretien à la radio Europe 1, Jacques Chirac a annoncé qu’il va lancer «un appel solennel au président du Soudan, pour qu’il accepte la venue de l’Onu». 

Jacques Chirac

Président de la République française

«Il y a une opposition du Soudan qui ne veut pas que les casques bleus de l’ONU viennent apporter la paix.»

Un conflit particulièrement meurtrier

La région du Darfour, située à l’ouest du Soudan, est en guerre depuis février 2003. Les rebelles du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) et du Mouvement/armée de Libération du Soudan (SLM/SLA), réclament une répartition plus équitable du pouvoir et des richesses. Ils se sont emparés de plusieurs localités, dont le chef-lieu de Gulu dans la partie nord de la province. Le pouvoir central a vivement réagi contre ces opposants qualifiés de «terroristes», avec le soutien des milices arabes djandjawids accusées par les rebelles d’avoir commis des massacres. Les organisations humanitaires internationales ont dénoncé des crimes contre l’humanité au Darfour, mais le gouvernement de Khartoum n’a pas été accusé directement de génocide par les Nations unies. Néanmoins, l’Onu a approuvé l’application de sanctions contre les personnes reconnues coupables d’atrocités, pouvant être jugées et condamnées par la Cour pénale internationale (CPI).

C’est le 10 mars 2006 que l’Union africaine a donné son accord de principe pour que sa force de paix soit remplacée par les Casques bleus, dont les effectifs devront dépasser 20 000 hommes, conformément à la résolution 1706 du Conseil de sécurité rejetées par le gouvernement soudanais qui estime que le déploiement d’une force des Nations unies serait une violation de sa souveraineté nationale. Le 5 mai, un accord de paix avait été conclu entre le gouvernement et une des factions du SLM, accord rejeté par les autres mouvements. On évalue à près de 300 000 morts, le nombre de victimes de ce conflit qui a provoqué aussi plus de 2 millions de déplacés.

Le 11 septembre, les Nations unies ont condamné les nouveaux bombardements effectués par l’aviation gouvernementale soudanaise contre des civils du Darfour. Les organisations de défense des droits humains considèrent que la situation est très grave au Soudan et que l’Onu doit y intervenir, éventuellement sans l’accord de Khartoum. 

Sadikh Niasse

Membre de Raddho

«Pour nous, il faut eviter un second Rwanda. »



par Antonio  Garcia

Article publié le 18/09/2006 Dernière mise à jour le 18/09/2006 à 18:41 TU