Pologne
La coalition gouvernementale chancelle

Le president polonais Lech Kaczynski (à droite) a officiellement démis, vendredi 22 septembre 2006, Andrzej Lepper (à gauche) de ses fonctions de vice-Premier ministre et ministre de l'Agriculture.
(Photo : AFP)
(Photo : AFP)
Il a suffit de quatre mois pour que la coalition sulfureuse entre les conservateurs au pouvoir en Pologne et les populistes du syndicat paysan l’Autodéfense vole en éclats. Andrzej Lepper, le ministre de l’Agriculture vient de se faire remercier par le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski.
De notre correspondante à Varsovie
Plus les élections locales prévues pour le 12 novembre approchaient, plus les frictions au sein de la coalition étaient fortes. Pour ne pas perdre son électorat Andrzej Lepper, ministre de l’Agriculture, devait regagner son image de rebelle et rompre la laisse que tenaient les frères jumeaux Lech et Jaroslaw Kaczynski, respectivement président et Premier ministre. Le chef du gouvernement a vu rouge quand, jeudi dernier, Andrzej Lepper a clamé haut et fort qu’il ne voterait pas le budget proposé par le parti des frères Kaczynski le Droit et la Justice.
Le leader de l’Autodéfense demandait l’augmentation des dépenses pour les agriculteurs, les retraités et les plus démunis. «Andrzej Lepper n’a pas su saisir la chance qu’on lui offrait de participer à un gouvernement. Il est revenu à ses anciennes habitudes, celles d’un fauteur de troubles», fulminait jeudi soir Jaroslaw Kaczynski. «C’est de la goujaterie», répondait le ministre frondeur. L’avenir de l’actuel gouvernement est en question. Si les frères Kaczynski ne réussissent pas à former une nouvelle majorité au Parlement, les élections anticipées deviennent de plus en plus probables.
Retour à une politique moins radicale
Le ton des commentaires est au soulagement. «C’est la fin de la coalition des ignorants», a déclaré Grzegorz Napieralski du parti social-démocrate le SLD. Le leader de la très libérale Plate-forme civique, Donald Tusk, a été plus virulent : «les éternelles guerres entre les coalisés ont eu une finale sanglante». Les deux partis voudraient les élections législatives anticipées le 26 novembre. Les conservateurs ne sont pas si pressés. Pour l’heure, ils tentent de former un grand parti populaire et chrétien sur les décombres des formations de leurs anciens coalisés. Ils ont d’ores et déjà réussi un coup de maître : l’Autodéfense d’Andrzej Lepper vient d’exploser. Le Droit et la Justice est en pourparlers avec les 15 dissidents de l’Autodéfense qui viennent de créer un nouveau club parlementaire : le Mouvement national-populaire. Avant, les Kaczynski ont réduit à néant le parti de l’extrême droite la Ligue des familles polonaises, en volant leur électorat. Jaroslaw Kaczynski a décidé de jouer va banque : dans une harangue mise en scène à la télévision publique vendredi soir, il a formulé son ultimatum : «la coalition mercredi ou des élections anticipées».
Un jeu dangereux à la veille des élections locales, car, comme le montre un sondage express publié samedi par le quotidien Gazeta Wyborcza, 43% des personnes interrogées pensent que Jaroslaw Kaczynski a perdu au change et 55% croient que c’est Andrzej Lepper qui avait raison en ce qui concerne l’augmentation des dépenses du budget. Les frères jumeaux tentent visiblement de lorgner vers l’électorat libéral de la Plate-forme civique et d’effacer la mauvaise impression en Pologne et à l’étranger produite par la coalition avec les populistes et avec l’extrême-droite.
Pour envoyer un signe fort de retour à une politique moins radicale, Jaroslaw Kaczynski a rappelé vendredi Zyta Gilowska au gouvernement. Elle redevient ministre des Finances après avoir été limogée il y a quelques mois par les mêmes conservateurs. Entre temps elle a été lavée des soupçons de collaboration avec les anciens services secrets communistes, accusations qui l’ont forcé à quitter le gouvernement de Kazimierz Marcinkiewicz. Zyta Gilowska, transfuge de la Plate-forme civique, très amie avec le nouveau Premier ministre Jaroslaw Kaczynski fait un come back fracassant.
Grande blonde énergique, la cinquantaine triomphante, elle se compare volontiers à Margaret Thatcher. Professeur d’économie, elle sait exploiter adroitement son coté expert dans un pays qui est de plus en plus lassé par les batailles politiciennes. Zyta Gilowska est connue pour ses reparties cinglantes lancées d’une voix rauque, pour son caractère têtu et soupe au lait. D’abord une des leaders de la très libérale Plate-forme civique, elle est partie en claquant la porte quand ses collègues du parti l’ont accusé de népotisme. Accueillie à bras ouverts par les conservateurs, elle demeure pour le Droit et la Justice le garant d’une certaine sévérité budgétaire qui rassure les marchés financiers.
Plus les élections locales prévues pour le 12 novembre approchaient, plus les frictions au sein de la coalition étaient fortes. Pour ne pas perdre son électorat Andrzej Lepper, ministre de l’Agriculture, devait regagner son image de rebelle et rompre la laisse que tenaient les frères jumeaux Lech et Jaroslaw Kaczynski, respectivement président et Premier ministre. Le chef du gouvernement a vu rouge quand, jeudi dernier, Andrzej Lepper a clamé haut et fort qu’il ne voterait pas le budget proposé par le parti des frères Kaczynski le Droit et la Justice.
Le leader de l’Autodéfense demandait l’augmentation des dépenses pour les agriculteurs, les retraités et les plus démunis. «Andrzej Lepper n’a pas su saisir la chance qu’on lui offrait de participer à un gouvernement. Il est revenu à ses anciennes habitudes, celles d’un fauteur de troubles», fulminait jeudi soir Jaroslaw Kaczynski. «C’est de la goujaterie», répondait le ministre frondeur. L’avenir de l’actuel gouvernement est en question. Si les frères Kaczynski ne réussissent pas à former une nouvelle majorité au Parlement, les élections anticipées deviennent de plus en plus probables.
Retour à une politique moins radicale
Le ton des commentaires est au soulagement. «C’est la fin de la coalition des ignorants», a déclaré Grzegorz Napieralski du parti social-démocrate le SLD. Le leader de la très libérale Plate-forme civique, Donald Tusk, a été plus virulent : «les éternelles guerres entre les coalisés ont eu une finale sanglante». Les deux partis voudraient les élections législatives anticipées le 26 novembre. Les conservateurs ne sont pas si pressés. Pour l’heure, ils tentent de former un grand parti populaire et chrétien sur les décombres des formations de leurs anciens coalisés. Ils ont d’ores et déjà réussi un coup de maître : l’Autodéfense d’Andrzej Lepper vient d’exploser. Le Droit et la Justice est en pourparlers avec les 15 dissidents de l’Autodéfense qui viennent de créer un nouveau club parlementaire : le Mouvement national-populaire. Avant, les Kaczynski ont réduit à néant le parti de l’extrême droite la Ligue des familles polonaises, en volant leur électorat. Jaroslaw Kaczynski a décidé de jouer va banque : dans une harangue mise en scène à la télévision publique vendredi soir, il a formulé son ultimatum : «la coalition mercredi ou des élections anticipées».
Un jeu dangereux à la veille des élections locales, car, comme le montre un sondage express publié samedi par le quotidien Gazeta Wyborcza, 43% des personnes interrogées pensent que Jaroslaw Kaczynski a perdu au change et 55% croient que c’est Andrzej Lepper qui avait raison en ce qui concerne l’augmentation des dépenses du budget. Les frères jumeaux tentent visiblement de lorgner vers l’électorat libéral de la Plate-forme civique et d’effacer la mauvaise impression en Pologne et à l’étranger produite par la coalition avec les populistes et avec l’extrême-droite.
Pour envoyer un signe fort de retour à une politique moins radicale, Jaroslaw Kaczynski a rappelé vendredi Zyta Gilowska au gouvernement. Elle redevient ministre des Finances après avoir été limogée il y a quelques mois par les mêmes conservateurs. Entre temps elle a été lavée des soupçons de collaboration avec les anciens services secrets communistes, accusations qui l’ont forcé à quitter le gouvernement de Kazimierz Marcinkiewicz. Zyta Gilowska, transfuge de la Plate-forme civique, très amie avec le nouveau Premier ministre Jaroslaw Kaczynski fait un come back fracassant.
Grande blonde énergique, la cinquantaine triomphante, elle se compare volontiers à Margaret Thatcher. Professeur d’économie, elle sait exploiter adroitement son coté expert dans un pays qui est de plus en plus lassé par les batailles politiciennes. Zyta Gilowska est connue pour ses reparties cinglantes lancées d’une voix rauque, pour son caractère têtu et soupe au lait. D’abord une des leaders de la très libérale Plate-forme civique, elle est partie en claquant la porte quand ses collègues du parti l’ont accusé de népotisme. Accueillie à bras ouverts par les conservateurs, elle demeure pour le Droit et la Justice le garant d’une certaine sévérité budgétaire qui rassure les marchés financiers.
par Maya Szymanowska
Article publié le 23/09/2006 Dernière mise à jour le 23/09/2006 à 12:47 TU