Pologne
Coalition en échec, gouvernement minoritaire

Photo : AFP
De notre correspondante à Varsovie
La médiation de la dernière chance dimanche dans la nuit à l’archevêché de Gdansk n’a pas abouti. Malgré l’intervention de l’Eglise, Droit et Justice (arrivé en tête des législatives avec 27% des voix et 155 sièges) et la Plate-forme civique (24% des voix et 133 sièges) n’arrivent pas à s’entendre. Kazimierz Marcinkiewicz, le candidat au poste du Premier ministre désigné par le PIS vient de présenter un gouvernement minoritaire au président sortant Aleksander Kwasniewski.
Dimanche, le libéral Donald Tusk a annoncé son ultimatum : il reviendra à la table des négociations si Jaroslaw Kaczysnki prend la tête du gouvernement et si Andrzej Lepper, le leader des populistes paysans est révoqué de son poste de vice-président de la Diète, la chambre basse du Parlement polonais. Ultimatum rejeté par le PIS. Toutefois, Marcinkiewicz continue de répéter que le dialogue avec la Plate-forme reste ouvert. C’est ce que demandent aussi les électeurs. D’après les sondages réalisés par l’institut OBOP, 74% des Polonais voudraient la coalition.
Pour l’heure, c’est un gouvernement minoritaire élargi à des experts qui est mis en place. Il comprendra 17 ministres dont deux femmes. Les ministères liés à la défense du pays sont au main du PIS : le ministère des Affaires intérieures sera dirigé par Ludwik Dorn, appelé par la presse «le troisième jumeau», tant il est proche des frères Kaczynski. Droit et Justice a rejeté la demande de la Plate-forme de lui confier ce ministère. Ludwik Dorn est un des défenseurs de l’idée de «décommunisation» chère au cœur des frères Kaczynski : ils voudraient écarter pour de bon de la vie publique les anciens agents de la police secrète communiste.
Quelle durée de vie ?
Le ministère de la Santé sera désormais entre les mains du cardiologue Zbigniew Religa, un des candidats à la présidentielle qui s’était retiré en faveur de Donald Tusk et a soutenu la Plate-forme civique. Religa a d’ailleurs caracolé en tête des sondages il y a cinq mois et garde toujours beaucoup de sympathisants. Il aura à réformer un système de santé en complète déroute. Les finances sont confiées au professeur Teresa Lubinska de l’Université de Szczecin. Le fauteuil du ministre des Affaires étrangères sera occupé par Stefan Meller, un autre expert, francophile, aujourd’hui ambassadeur à Moscou et ancien ambassadeur à Paris.
Reste à savoir quelle sera la durée de vie de ce gouvernement. Le PIS tente à tout prix de persuader la Plate-forme de revenir négocier. Dans le cas contraire, il devra courtiser les formations populistes présentes au Parlement, telle l’Autodéfense d’Andrzej Lepper ou l’extrême droite représentée par la Ligue des familles polonaises qui vient de demander un durcissement de la loi contre l’avortement, déjà une des plus restrictives d’Europe. Or si un tel flirt était possible durant la campagne, Marcinkiewicz sait que son propre parti est contre de telles alliances. Mais face à l’échec de la coalition avec PO, il n’aura peut-être pas le choix.
par Maya Szymanowska
Article publié le 31/10/2005 Dernière mise à jour le 31/10/2005 à 14:25 TU