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Environnement

Ça roule pour les voitures vertes !

Le ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton devant un moteur flex-fuel capable de recevoir du biocarburant E85. 

		(Photo : AFP)
Le ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton devant un moteur flex-fuel capable de recevoir du biocarburant E85.
(Photo : AFP)
Prix du pétrole et problèmes environnementaux obligent. Cette année, la tendance du Mondial de l’automobile est à la voiture verte. D’ores et déjà, certains Etats dont la France s’engagent concrètement dans la fabrication de biocarburants.

Dans un monde où le pétrole devient de plus en plus cher, les pays sont de plus en plus tentés par les biocarburants. La France a d’ailleurs placé les énergies dites renouvelables au rang de ses priorités. A l'occasion de la présentation du budget 2007, le gouvernement français a dit sa volonté d'installer l'an prochain 500 «pompes vertes» au bioéthanol E85 à travers le territoire. A base de céréales et de betteraves, ce carburant vert qui peut contenir jusqu'à 85% d'éthanol et 15% d'essence, sera distribué en septembre 2007 dans des stations-service classiques. Sa distribution est déjà autorisée aux Etats-Unis, au Brésil, en Suède, en Allemagne et en Pologne.

Mesure écologique prise dans le cadre de la lutte contre les émissions de carbone, l’utilisation permet de dégager 70% de gaz carbonique en moins que le pétrole, et donc de moins réchauffer le climat. C’est également une solution pratique pour faire face à l’envolée des prix du pétrole. Autre objectif avoué : remplir les engagements européens c’est-à-dire transposer une directive qui impose que, d’ici à 2015, 10% du carburant consommé en France soit du biocarburant.

Un litre de pétrole pour produire un litre de ce carburant

Le ministre de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, qui a annoncé cet engagement mardi, n'a toutefois donné aucun détail sur le niveau de fiscalité et les mesures législatives et réglementaires nécessaires au développement de ce nouveau carburant, «le premier de l'après-pétrole». L'objectif est de «permettre aux Français de s'approvisionner en essence ou en bioéthanol, grâce à des véhicules dits flex-fuel», a déclaré le ministre. Il a souligné que de tels modèles seront présentés au Mondial de l'automobile, qui s'ouvre à la fin de la semaine, à Paris. Thierry Breton s'est félicité de l'engagement de cinq constructeurs dans cette filière, comme notamment Peugeot PSA, Renault, Ford, Saab et Volvo.

Les visiteurs du Mondial 2006 pourront admirer deux modèles dits «flex-fuel», l’un Ford, l’autre Saab, roulant au E85, et la palette va s’élargir dans les prochains mois. Le constructeur français Renault s’apprête à commercialiser une gamme complète de véhicules compatibles aux biocarburants, et notamment une Megane. Le groupe PSA Peugeot Citroën aura également une offre de modèles Peugeot 307 et Citroën C4 disponible en Europe à la mi-2007, dans un premier temps. Reste à savoir si les Français sont prêts à se lancer dans l’aventure. Si l’on en croit un sondage publié cette semaine, neuf Français sur dix seraient prêts à acheter un véhicule roulant au carburant vert, mais ils sont bien entendu moins nombreux, 70% à vouloir payer plus cher pour rouler «propre».

Le nouvelle de l’engagement concret du gouvernement français en faveur des biocarburants a été bien accueillie du côté des céréaliers. La fabrication du carburant E85 représente un nouveau débouché pour le blé, le maïs et les betteraves à sucre, même si, en coulisse, on s’interroge sur les capacités des producteurs à répondre à la demande lorsqu’elle atteindra sa vitesse de croisière. De son côté, la Confédération paysanne regrette une décision qui «ne répond pas aux réels enjeux énergétiques et climatiques». Selon le syndicat, il est aujourd’hui démontré que le bilan énergétique et environnemental de l’éthanol comme agro-carburant «n’est pas l’alternative susceptible de lutter efficacement contre les gaz à effet de serre».

De leur côté, bon nombre d’écologistes réfutent également les atouts économiques et écologiques de ce carburant vert. Car entre les engrais, les pesticides et les traitements divers, il faut l’équivalent d’un litre de pétrole pour produire un litre de ce carburant. D’autres biocarburants comme le biodiesel et le colza sont, selon eux, beaucoup plus intéressants. Et Corine Lepage, ex-ministre de l’Environnement, présidente de Cap 21 de souligner : «ce n’est pas une bonne solution, cette décision va surtout faire plaisir aux grands agriculteurs céréaliers qui veulent écouler leur production et se réserver de nouveaux débouchés face à l’évolution de la Politique agricole commune européenne».



par Myriam  Berber

Article publié le 28/09/2006 Dernière mise à jour le 28/09/2006 à 17:34 TU