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Côte d’Ivoire

Le mandat de Gbagbo prolongé d’un an

Selon les recommandations de la Cedeao, le mandat du président Gbagbo (photo), ainsi que celui de son Premier ministre, Charles Konan Banny, seront prolongés pour une durée d’un an après le 31 octobre 2006. 

		(Photo : AFP)
Selon les recommandations de la Cedeao, le mandat du président Gbagbo (photo), ainsi que celui de son Premier ministre, Charles Konan Banny, seront prolongés pour une durée d’un an après le 31 octobre 2006.
(Photo : AFP)
A l’approche de la réunion des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) sur la crise ivoirienne, le 17 octobre prochain à Addis Abeba, et alors que les blocages politiques se durcissent dans un pays coupé en deux depuis 4 ans, des «recommandations détaillées» de la Cedeao préconisent de proroger d’une année le dispositif institutionnel de transition. Selon ce document, le chef de l’Etat Laurent Gbagbo resterait en poste et le Premier ministre Charles Konan Banny verrait ses pouvoirs renforcés. L’UA devra ensuite transmettre ses propositions de sortie de crise à l’Onu en vue de l’adoption, à la fin octobre, d’une nouvelle résolution.

En principe, le document aurait dû rester confidentiel. Officiellement, en effet, le communiqué publié à l’issue du sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), vendredi dernier à Abuja, se bornait à condamner les « blocages persistants » en Côte d’Ivoire et à s’en remettre à l’Union africaine (UA) puis à l’Onu pour tenter de dénouer la crise.

En réalité, les onze chefs d’Etat présents (sur les quinze que compte l’organisation) ont adopté un texte comportant des conclusions « très précises et très détaillées », notamment sur l’avenir du président ivoirien Laurent Gbagbo, lequel participait au sommet. Ce document était exclusivement destiné à l’UA, dont les chefs d'Etat se réuniront le 17 octobre à Addis Abeba, la capitale éthiopienne.

Mais au cours du week-end, des indiscrétions au Liberia, au Nigeria et en Côte d’Ivoire ont contraint, dès lundi, des sources autorisées puis officielles à confirmer l’information. Des diplomates européens en poste à Abidjan ont ainsi indiqué à l'AFP, lundi, que « la Cedeao recommande la prolongation d'un an du dispositif institutionnel de transition actuelle, avec le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Charles Konan Banny ».

Le même jour, tandis que des sources diplomatiques africaines à Lagos corroborait ces options, le secrétaire général de la rébellion des Forces Nouvelles (FN), Guillaume Soro, s’exprimait dans un entretien au quotidien ivoirien Le Patriote : « Nous sommes informés que le chef de l'Etat est encore maintenu à son poste pour une période d'un an et le Premier ministre Banny demeure à son poste ».

Enfin, à Monrovia, la présidence libérienne publiait dans la foulée un communiqué officialisant ces rumeurs, ajoutant aussi que la Cedeao avait insisté, lors de ce sommet auquel la présidente Ellen Johnson Sirleaf avait pris part, sur la nécessité de renforcer les pouvoirs de Charles Konan Banny, de restructurer les forces de sécurité ivoiriennes et de désarmer les milices pour restaurer l’autorité de l’Etat sur tout le territoire.

Les violences peuvent resurgir à tout moment

La prochaine étape du processus visant à mettre fin à la crise ivoirienne se jouera donc le 17 octobre à Addis Abeba. Signe de l’importance de l’enjeu, les pays membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine se réuniront au niveau des chefs d’Etat, selon le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré. D’ordinaire, les réunions du CPS ont lieu au niveau des ambassadeurs ou des ministres des Affaires étrangères.

Il faut dire que la tension reste très vive à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, à l’approche du 31 octobre, date d’expiration de la résolution 1633 votée voilà un an à l’Onu. Ce texte, dont l’application a totalement échoué à cause de multiples blocages, prévoyait la tenue d’élections avant le 31 octobre 2006. Or face à l’impasse politique, au marasme économique, aux incertitudes sociales et aux rivalités internes, les violences peuvent resurgir à tout moment.

Tandis que l’affaire des déchets toxiques continue de scandaliser l’opinion, le ton reste acerbe entre le régime du président Gbagbo d’une part, ses opposants politiques et la rébellion d’autre part, chacun rivalisant de menaces et de déclarations incendiaires.

La communauté internationale s’inquiète. Jeudi dernier, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a évoqué des risques de « provocations » contre les quelque 4 000 soldats français de la force Licorne, chargée de faire respecter un fragile cessez-le-feu entre le Sud gouvernemental et le Nord rebelle. La France ne se laissera « pas intimider », a-t-elle assuré.

C’est dans ce climat qu’après la réunion de l'UA à Addis Abeba, le Conseil de sécurité de l'Onu se saisira à nouveau, à la fin du mois, du dossier ivoirien. Mission délicate qui devrait, selon les analystes, se traduire par un prolongement du statu quo et une nouvelle tentative d’organiser des élections générales d’ici un an. Un paramètre qui ne laisse pas indifférents les protagonistes de la crise ivoirienne.

par Philippe  Quillerier

Article publié le 10/10/2006 Dernière mise à jour le 10/10/2006 à 17:06 TU