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Equateur

Le candidat de gauche part favori

Le candidat de la gauche à l'élection présidentielle du 15 octobre prochain, Rafael Correa, sympathisant de Hugo Chavez, est en tête des sondages.  

		(Photo : AFP)
Le candidat de la gauche à l'élection présidentielle du 15 octobre prochain, Rafael Correa, sympathisant de Hugo Chavez, est en tête des sondages.
(Photo : AFP)
L’économiste de gauche Rafael Correa est donné favori pour l’élection présidentielle dont le premier tour se déroule ce dimanche. Ses adversaires l’accusent d’avoir des liens étroits avec le président vénézuélien Hugo Chavez. Les autorités américaines ne sont pas, loin de là, très enthousiasmées par l’élection de Correa. Lors de la clôture de la campagne électorale, jeudi, le candidat de l’Alianza Pais a promis de renégocier les contrats avec les compagnies multinationales qui exploitent le pétrole équatorien.

Les 9,2 millions d’électeurs équatoriens sont invités à choisir ce dimanche leur président, ainsi que les cent députés du Congrès de Quito et les conseillers provinciaux et municipaux. L’élection présidentielle est évidemment la plus importante, dans un pays où les institutions politiques ont perdu beaucoup de légitimité. Depuis dix ans, sept présidents se sont succédé, suite à des crises politiques ou à des coups d’Etat.  

L’ancien ministre de l’Economie, Rafael Correa, âgé de 43 ans, formé en Belgique et aux Etats-Unis, mais surtout connu par ses positions de gauche, est a fait campagne en dénonçant notamment la corruption et l’incompétence de la classe politique nationale : «nous nous débarrasserons de l’oligarchie du mensonge». Il s’est aussi prononcé contre le néo-libéralisme et tout particulièrement contre la politique latino-américaine des Etats-Unis, s’opposant fermement à l’accord de libre-échange entre les deux pays.

Les compagnies pétrolières sur la sellette

Dans son programme électoral, Rafael Correa a promis de fermer la base militaire américaine installée à Manta, sur la côte du Pacifique. Il a aussi menacé de rompre avec le Fonds monétaire international (FMI) et avec la Banque mondiale, responsables selon lui du «sous-développement» de son pays. En clôturant sa campagne, Rafael Correa a annoncé que, une fois élu, les contrats avec les compagnies pétrolières étrangères seront renégociés, car «grand nombre d’entre eux ont été un hold-up», dit-il. L’Equateur, avec ses 530 000 barils de brut par jour est le cinquième producteur d’Amérique latine.

Les derniers sondages publiés à Quito donnent à Correa entre 24 et 30% des intentions de vote, devant le milliardaire populiste de droite Alvaro Noboa, qui atteint les 20%. Le social-démocrate Leon Roldos est crédité de 16,8%, tandis que l’avocate conservatrice, Cynthia Viterie, en obtient 11%. Les mêmes sondages attribuent des scores marginaux aux neuf autres candidats qui se présentent à cette élection.

Rafael Correa a promis à ses électeurs une victoire des le premier tour, ce qui semble difficile, car le magnat de la banane Alvaro Noboa, 55 ans avec une fortune évaluée à un milliard de dollars, a réussi à distancer les autres candidats et tout particulièrement l’ancien vice-président Leon Roldos, 64 ans, qui était le favori dans les premiers sondages. Si aucun des candidats n’obtient au moins 40% des voix ce dimanche, un second tour aura lieu fin novembre.

Une personnalité de la «nouvelle gauche»

En élisant un président «gauchiste», l’Equateur suivrait l’exemple d’autres républiques latino-américaines qui ont à leur tête des chefs d’Etat prônant des politiques socialistes qui suscitent des inquiétudes à Washington, comme c’est le cas du Venezuela et de la Bolivie. Mais le professeur Werner Baer, qui a dirigé le doctorat de Correa à l’Université d’Illinois, cité par le Chicago Tribune, estime que son ancien élève, une fois élu, «ne sera pas vraiment un anti-Américain virulent comme Chavez» mais qu’il suivra une politique plus modérée, à l’instar du président brésilien Lula da Silva.

Rafael Correa a promis une consultation populaire pour mettre en place une Assemblée constituante. Ses adversaires l’accusent de vouloir imiter le Vénézuélien Chavez et le Bolivien Morales qui avaient décidé de changer les textes fondamentaux de leurs Etats respectifs après avoir été élus à la présidence. Les politologues équatoriens soulignent que Rafael Correa est surtout une personnalité de la «nouvelle gauche» engagée dans la réforme du système politique national. Interrogé par le service latino-américain de RFI, le professeur Adrian Bonilla de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (FLACS) voit pour sa part l’émergence de la gauche comme une conséquence de la politique des Etats-Unis vis-à-vis des pays andins, en particulier en Equateur où il estime que des réformes politiques sont urgentes, «car l’actuelle architecture est épuisée ce qui met en cause l’existence de l’Etat de droit», dit-il.

Pour leur part, les économistes soulignent surtout que l’Equateur et ses 13 millions d’habitants traversent depuis bientôt deux décennies une profonde crise économique qui a provoqué une énorme vague d’émigration. Plus de 500 000 Equatoriens se sont installés en Espagne ces dix dernières années. A peine 90 000 d’entre eux se sont inscrits sur les listes électorales pour cette présidentielle.

par Antonio  Garcia

Article publié le 13/10/2006 Dernière mise à jour le 13/10/2006 à 18:40 TU