Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d'Ivoire

Gbagbo confirmé, Banny renforcé

Le Premier ministre Charles Konan Banny (à gauche) et le président Laurent Gbagbo.  

		(Photo : AFP)
Le Premier ministre Charles Konan Banny (à gauche) et le président Laurent Gbagbo.
(Photo : AFP)
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), réuni mardi à Addis Abeba, a décidé de reconduire dans leurs fonctions pour un an maximum, à compter du 1er novembre 2006, le président Laurent Bagbo et le Premier ministre Konan Banny qui bénéficiera de pouvoirs élargis pour tenter de mettre en œuvre les conditions nécessaires à l’organisation des élections reportées depuis octobre 2005. L’UA réaffirme également l’importance du rôle des forces onusienne et françaises dont le mandat devra être prolongé. Ces recommandations vont être transmises a l'ONU. De son côté, le médiateur sud-africain Thabo Mbeki est remplacé par le président en exercice de l'UA, Denis Sassou Nguesso.

Le communiqué final de cinq pages rendu public à Addis-Abeba mardi reprend en grande partie les propositions du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui s’est tenu à Abuja le 6 octobre dernier. Le CPS a ainsi donné une année supplémentaire à la Côte d’Ivoire pour préparer des élections qui, de toute évidence, ne pouvaient pas avoir lieu cette année. Le président congolais Sassou Nguesso a annoncé «une période de transition supplémentaire qui ne devrait pas excéder une période de 12 mois, pendant laquelle le président Laurent Gbagbo demeurera chef de l’Etat».

«Autorité nécessaire» pour Konan Banny

Le Premier ministre Charles Konan Banny demeurera à la tête du gouvernement ivoirien pendant la nouvelle période de transition et il devra disposer de «tous les pouvoirs et moyens nécessaires pour mettre en œuvre ses activités», ce qui inclut en particulier le programme de désarmement, le démantèlement des milices et la restauration de l’autorité de l’Etat sur tout l’étendue du territoire national, mais aussi le recensement électoral. Konan Banny, qui pourra prendre des décisions par ordonnances, devra disposer de «l’autorité nécessaire sur toutes les forces de défense et de sécurité ivoiriennes intégrées pour lui permettre d’exécuter les tâches qui lui seront assignées».

Le CPS a aussi réaffirmé «son soutien aux forces impartiales», c’est-à-dire la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI ) forte de 6 000 hommes environ et les forces françaises de l’Opération Licorne. Près de 10 000 casques bleus et soldats français sont en effet déployés dans la zone tampon le long de l’ancienne ligne de front qui coupe le pays en deux depuis le coup d’Etat manqué contre le président Gbagbo en septembre 2002. Le Conseil de l’UA demande «le renforcement du mandat des forces impartiales et tout particulièrement dans les missions de protection des personnalités du gouvernement et le maintien de l’ordre pour la tenue d’élections libres, transparentes, ouvertes et régulières». La France a exprimé mercredi sa satisfaction face au nouveau cadre politique «qui doit permettre de mener à bien le processus de paix et de réconciliation en Côte d’Ivoire et d’organiser des élections incontestables».   

Absents d’Addis-Abeba, les ex-rebelles des Forces nouvelles ont salué la «fermeté» des chefs d’Etat africains concernant le renforcement des pouvoirs du Premier ministre, tout en regrettant que la Constitution ivoirienne n’ait pas été suspendue et que Laurent Gbagbo conserve son fauteuil présidentiel. Certains observateurs soulignent de leur côté que le CPS n’a pas réglé véritablement la question du partage des pouvoirs entre le président et le chef du gouvernement. En effet Konan Banny disposait déjà de pleins pouvoirs pour exercer ses fonctions, qui lui avaient été confiées il y a un an par la résolution 1633 des l’ONU. Le CPS n’a pas jugé utile d’attribuer des pouvoirs exclusifs au Premier ministre dans le domaine de la défense nationale.

Enfin, le CPS a très diplomatiquement «accepté la demande du président Thabo Mbéki pour que l’Afrique du Sud soit déchargée de son rôle de médiateur, à la suite de l’élection de son pays au Conseil de sécurité des Nations unies», une nouvelle qui réjouit l’opposition du président Gbagbo. L’UA a «décidé de confier la poursuite de la médiation au président Denis Sassou Nguesso de la République du Congo, en sa qualité de président de l’Union africaine».

par Antonio  Garcia

Article publié le 18/10/2006 Dernière mise à jour le 18/10/2006 à 19:17 TU