Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Sri Lanka

Colombo et rébellion tamoule négocient sous la pression internationale

A Galle, le lendemain de l'attaque suicide attribuée au Tigres Tamouls, la ville tente de revenir à la normale. La sécurité est renforcée dans la seconde ville du pays, très prisée par les touristes grâce au fort du 16e siècle classé patrimoine mondial de l'Unesco. 

		(Photo : Mouhssine Ennaimi/RFI)
A Galle, le lendemain de l'attaque suicide attribuée au Tigres Tamouls, la ville tente de revenir à la normale. La sécurité est renforcée dans la seconde ville du pays, très prisée par les touristes grâce au fort du 16e siècle classé patrimoine mondial de l'Unesco.
(Photo : Mouhssine Ennaimi/RFI)
Pendant deux jours, la délégation gouvernementale devrait rencontrer les leaders de la guérilla séparatiste tamoule à Genève. Après plusieurs mois de violences, les intermédiaires de paix norvégiens tentent une nouvelle fois de remettre sur pied le processus de paix. Les deux parties sont soumises à une rude pression internationale pour cesser les sanglants combats et revenir à la trêve signée en 2002.

De notre correspondant à Colombo

La rencontre en soi est déjà une victoire diplomatique. La médiation norvégienne et la communauté internationale ont réussi l’impensable en persuadant le gouvernement et les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoule (LTTE) à s’asseoir à la même table de négociations. La dernière fois qu’un tel événement s’était produit, c’était il y a huit mois. Depuis, beaucoup de sang a coulé et le Sri Lanka est en proie à de violents affrontements au nord et au nord est de l’île. Depuis cet été, selon les chiffres officiels, plus de 300 personnes ont été tuées. Près de 200 000 ont été déplacées.

Sur le terrain, l’armée sri-lankaise remporte victoires sur victoires et inflige des défaites humiliantes à la guérilla séparatiste. De violentes offensives ont été menées et les trois corps de l’armée agissent en parfaite coordination. La marine repousse les attaques et détruit, par plusieurs occasions, des embarcations censées approvisionner la rébellion en armes. L’aviation bombarde les positions de la guérilla à l’est tandis que l’armée de terre pilonne la ligne de front à Muhamallaï dans la péninsule de Jaffna, au nord du pays.

Un rapport de force militaire équivalent

Le rapport de force semble donc favorable à Colombo jusqu’à ce que le LTTE ne renverse la donne. En moins de dix jours, pas moins de trois batailles spectaculaires ont eu lieu dans tout le pays. Le 11 octobre dernier, l’armée tente une audacieuse offensive dans la péninsule de Jaffna. La bataille dure plusieurs heures et tourne rapidement au bain de sang. Près de 130 soldats sont tués. Le LTTE, en repoussant l’offensive, sort grand vainqueur.

Le 16 octobre, un attentat suicide attribué au Tigres tamouls, tue plus de 100 marins près de Habarana, une petite commune touristique dans le centre nord du pays. Deux jours plus tard, la base navale de Galle est infiltrée et cinq embarcations suicides explosent dans la baie. Si le bilan de cette dernière attaque est léger, en revanche, l’impact, est  lourd. D’une part, la guérilla prouve qu’elle peut s’en prendre aux intérêts économiques du pays en ciblant le port commercial de Galle. D’autre part, la région est un important pôle touristique et plusieurs hôteliers voient leurs clients faire leur bagages ou annuler leurs réservations. «L’équilibre militaire est restauré en quelque sorte. Les deux parties se rendent à ces pourparlers alors que leurs puissances militaires sont quasi similaires», déclare Paikiasothy Saravanamuttu, directeur du Centre pour une politique alternative (CPA), un centre de recherche indépendant.

Dialogue de sourds

Bien que les deux parties ait décidé de se rencontrer, leurs intérêts divergent. Le gouvernement dit avoir une vision à long terme et veut s’attaquer aux problèmes de fond. Or, pour le LTTE, pas question d’aborder ces sujets tant que la situation est catastrophique sur le plan humanitaire. «Le gouvernement du Sri Lanka doit rouvrir immédiatement la route A9 au public [ndlr, l’unique route qui dessert le nord]», prévient S.P. Thamilselvan, le chef de la délégation des Tigres tamouls. Selon lui, il ne peut y avoir d’issue positive à ces pourparlers si les 600 000 habitants de la péninsule de Jaffna sont toujours coupés du reste du pays et si l’aide humanitaire ne peut accéder à ces zones.

«Je pense personnellement que les deux parties pensent toujours qu'il y a encore du travail à faire sur le champ de bataille avant qu'elles ne puissent négocier. Concernant ces pourparlers, je ne m'attends pas à grand chose. Le point positif serait que les deux parties se mettent d'accord sur un calendrier pour des rencontres futures», déclare Paikiasothy Saravanamuttu.



par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 28/10/2006 Dernière mise à jour le 28/10/2006 à 15:41 TU