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Conjoncture

La France en panne de croissance

Selon une première estimation publiée vendredi 10 novembre par l’Institut national de la statistique (Insee), la croissance française a été strictement nulle au troisième trimestre 2006. 

		(Graphique : Julie Biroulès/RFI)
Selon une première estimation publiée vendredi 10 novembre par l’Institut national de la statistique (Insee), la croissance française a été strictement nulle au troisième trimestre 2006.
(Graphique : Julie Biroulès/RFI)
Après l’exceptionnelle flambée du deuxième trimestre 2006, la croissance économique est retombée au point mort au cours du troisième. Le gouvernement français aura du mal à tenir les objectifs annoncés et notamment une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 2,3% sur l’ensemble de l’année 2006. Autre statistique du jour : l’inflation revient à son plus bas niveau depuis 1999.

A l’évidence, à quelques mois de l’élection présidentielle, les chiffres sont cruels pour le gouvernement. Selon une première estimation publiée vendredi 10 novembre par l’Institut national de la statistique (Insee), la croissance française a été strictement nulle au troisième trimestre 2006. Autrement dit, l’évolution du produit intérieur brut (PIB) est restée proche de 0%. Ce coup d’arrêt est tout aussi inattendu que l’avait été le rythme exceptionnel de 1,2% observé au second trimestre. Les conjoncturistes français s’attendaient certes à un ralentissement, mais pas à une rechute aussi brutale, comme le confie Alain Chabbert, le directeur des études et des synthèses économiques de l’Insee qui prévoyait encore, début octobre,une croissance de 0,6%  pour le troisième trimestre : « On peut difficilement nier que c’est une surprise ».

Même si le chiffre publié ce vendredi est susceptible d’être révisé, le détail de ces statistiques ne sera connu en effet que la semaine prochaine. Bon nombre d’experts formulent déjà un certain nombre d’hypothèses pour expliquer cette contre-performance. Le repli brutal et inattendu de la production industrielle en septembre (-0,9%), alors qu'on s'attendait à un rebond, aide à comprendre ce chiffre si décevant. L’économie française a perdu ses positions sur les marchés de l’industrie automobile, textile et dans celui des industries agricoles et alimentaires. Les preuves s’accumulent d’une économie de moins en moins exportatrice, notamment en comparaison avec l’Allemagne. D’autant que les prévisions de la consommation des ménages sont relativement pessimistes, en raison notamment d’un ralentissement du marché du crédit à la consommation.

La croissance nulle : «un accident», selon Dominique de Villepin

Les experts proposent également une explication plus technique. Ils observent ainsi qu’avec la baisse des prix des matières premières et de l’énergie, les entreprises ont cherché à déstocker pour passer sans attendre dans leurs comptes les pertes correspondantes, alors que les stocks avaient explosé au deuxième trimestre, comme l’investissement d’ailleurs. La seule bonne nouvelle, finalement, provient de la baisse des prix de l’énergie qui a amoindri le déficit commercial et l’inflation. Les prix à la consommation en France ont poursuivi leur recul en octobre, ramenant l’inflation à 1,1% sur un an, soit son plus faible niveau depuis novembre 1999.

Quoi qu'il en soit, l’Insee voit désormais la croissance française plafonner à 1,9 % en 2006, alors que le ministre de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, espérait atteindre une croissance annuelle entre 2 et 2,5%, favorable à la lutte contre le chômage. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a estimé, vendredi, que la croissance avait marqué «une pause ». Dans le même ordre d'idée, le cabinet de Thierry Breton ne croit pas à un essoufflement durable de l’économie française. Selon Bercy, «le quatrième trimestre devrait être bon, comme semblent l'indiquer le moral des industriels, plutôt optimistes, et les recettes fiscales qui galopent ». Ces prévisions optimistes ne sont pas partagées par les conjoncturistes. Là encore, bon nombre d’experts interrogés estiment que ces mauvais chiffres viennent conforter le scénario d’un ralentissement de l’activité dans les prochains mois. Selon eux, les dernières données glanées auprès des entreprises durant le mois d’octobre font état d’un début de quatrième trimestre également morose.  



par Myriam  Berber

Article publié le 10/11/2006 Dernière mise à jour le 10/11/2006 à 16:59 TU