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Aéronautique

Villepin vole au secours des sous-traitants d’Airbus

Le Premier ministre français Dominique de Villepin visite à Toulouse la chaîne d'assemblage des Airbus A-320, le 14 novembre 2006. 

		(Photo: AFP)
Le Premier ministre français Dominique de Villepin visite à Toulouse la chaîne d'assemblage des Airbus A-320, le 14 novembre 2006.
(Photo: AFP)
Le Premier ministre s’est déplacé mardi à Toulouse pour défendre les projets aéronautiques européens et les sous-traitants d’Airbus qui représentent près de 60 000 emplois dans la région Midi-Pyrénées. Le chef du gouvernement français a voulu donner de l’espoir à ce secteur stratégique, au moment où le consortium aéronautique européen traverse des turbulences et prévoit de délocaliser sa production. L’avionneur veut faire des économies pour rester compétitif au niveau mondial, suite aux problèmes liés au développement de certains de ces projets, notamment celui du super-jumbo A380.

Dominique de Villepin, qui fêtait ce mardi son 53ème anniversaire, est ainsi monté au créneau en compagnie de plusieurs membres de son gouvernement : Affaires étrangères, Transports, Recherche et Industrie. Il s’agissait, fondamentalement, d’établir une «charte de confiance» avec les sous-traitants d’Airbus, concernant les délais de payement, et d’appuyer fermement le développement du programme du moyen porteur A350. «La filière aéronautique traverse une période difficile», a reconnu le chef du gouvernement qui a annoncé 145 millions d’euros d’aides pour ce secteur.

Il y a 548 entreprises qui sont directement liées au constructeur aéronautique européen. «Je viens à Toulouse avec des propositions concrètes pour aider les sous-traitants», a déclaré le Premier ministre au journal La Dépêche du Midi, annonçant des avances remboursables «à hauteur de 80 millions d’euros pour 2007 et 2008». La plupart de ces entreprises sous-traitantes ont des problèmes de trésorerie qui peuvent s’aggraver avec les difficultés d’Airbus. Dans cet entretien, Dominique de Villepin s’est aussi déclaré «particulièrement vigilant» en matière d’emploi et il a évoqué le «rôle de l’Etat actionnaire» au sein du groupe, en défendant une «vision stratégique de long terme, garante de l’emploi et du dynamisme économique de l’entreprise».

A350 : un projet stratégique

Le Premier ministre s’est prononcé pour le démarrage rapide de la construction du moyen courrier A350 : «un programme stratégique pour Airbus». Le gouvernement souhaite que la chaîne d’assemblage de l’A330-340, installée à Toulouse, puisse être aussi utilisée pour l’A350. Mais le patron de l’avionneur, Louis Galois, qui est aussi le co-président exécutif de la maison mère EADS, a déclaré que le lancement du programme A350 XWB va dépendre des retombées du plan de réduction des coûts, dénommé «Power 8».

La décision concernant le démarrage de ce programme va être prise à la fin du mois par le conseil d’administration d’EADS. «Nous ne pouvons pas lancer un programme si nous ne sommes pas sûrs d'être en situation de compétitivité», a déclaré Louis Galois. Le groupe aéronautique européen veut économiser deux milliards d’euros par an, d’ici 2010, pour pouvoir faire face à la concurrence de l’avionneur américain Boeing et tout particulièrement à son programme B787 «Dreamliner», un avion de capacité équivalente mais plus économique en consommation de carburant que la version initiale du projet A350.

Le dollar impose des délocalisations

L’industrie aéronautique européenne doit faire face également aux effets de la baisse des cours du dollar qui rend trop chers les produits facturés en euros. Face a ce problème, le journal britannique Financial Times affirme dans son édition de mardi, que le groupe Airbus souhaiterait porter de 30% à 50% la part de la sous-traitance du projet A350, afin de réduire les coûts qui sont de l’ordre de 10 à12 milliards de dollars.

Le même quotidien souligne que cette «externalisation» représente l’équivalent de 2,7 milliards d’euros et que le constructeur européen se préparerait à délocaliser une partie de la fabrication de l’appareil vers des pays de la zone dollar, un mélange de pays en développement et de pays développés, selon Olivier Andriès, chef de la stratégie d’Airbus. Il a ajouté que la faiblesse du dollar a enlevé 20% de la compétitivité au constructeur aéronautique européen.

La Russie a déjà été associée au programme avec une participation de 3%. La Chine devrait également participer à hauteur de 5%. L’Inde est également pressentie comme futur partenaire. Les coûts de développement du projet A350 auraient ainsi 40% de contributions étrangères.

Les turbulences d’Airbus

La visite de Dominique de Villepin à Toulouse intervient dans une période particulièrement agitée pour l’industrie aéronautique européenne. Les aspects le plus visibles des ces turbulences ont été mis en évidence, depuis plusieurs mois, par les problèmes successifs qui ont provoqué un retard de deux ans dans la livraison des premiers exemplaires du long-courrier géant A380. Plusieurs compagnies ont ainsi annulé leurs commandes de cet appareil capable de transporter près de 800 passagers et qui effectue actuellement ses ultimes essais en vol avant sa certification. L’avionneur a ainsi enregistré une perte de 195 millions d’euros au troisième trimestre.

Ces problèmes sont généralement attribués à des difficultés dans les chaînes de fabrication de l’appareil et aussi à des rivalités au sein de l’entreprise. Plusieurs hauts responsables du constructeur ont été remplacés et Airbus pourrait être obligé de faire appel aux marchés financiers, même si les autres projets se portent plutôt bien. D'ailleurs, Airbus livrera cette année 430 avions, ce qui le place en position très honorable vis-à-vis de son concurrent américain.

Néanmoins, deux des principaux actionnaires d’EADS, le français Lagardère et l’allemand Daimler-Chrysler, veulent réduire leur participation dans le groupe Airbus. Cette décision devra entraîner une augmentation de la participation publique européenne. Or, le gouvernement américain devrait déposer mercredi à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) une plainte concernant l’aide publique à Airbus. Les européens vont sûrement rappeler que le gouvernement fédéral américain n’a pas hésité à aider Boeing, quand ce constructeur traversait, lui aussi, des turbulences.   



par Antonio  Garcia

Article publié le 14/11/2006 Dernière mise à jour le 14/11/2006 à 19:05 TU