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Economie

Airbus : un avenir incertain

L'image de synthèse de l'avion long-courrier A-350 d'Airbus. 

		(Photo : AFP)
L'image de synthèse de l'avion long-courrier A-350 d'Airbus.
(Photo : AFP)
Alors que le numéro un mondial du fret aérien FedEx annonce l’annulation de sa commande de 10 avions A-380, le conseil d’administration du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS qui s’est tenu, mardi à Amsterdam, n’a pas apporté de précisions sur le plan de restructuration de la principale filiale du groupe, l’avionneur Airbus et sur le lancement du long-courrier A-350, destiné à concurrencer le B-787 de Boeing.

Une  mauvaise nouvelle de plus pour le groupe franco-allemand EADS et sa filiale Airbus. La société américaine de fret aérien FedEx a annoncé, mardi soir, l’annulation de sa commande de 10 avions A-380 d’une valeur de 2,5 milliards de dollars. FedEx préfère désormais se tourner vers le concurrent d'Airbus en commandant quinze Boeing 777 cargos et en prenant une option d'achat sur 15 autres appareils du même type.

Ce revirement est une première depuis l’annonce, le mois dernier, du nouveau report des livraisons de l’A-380. Pour l’heure, il n’a pas d’incidence sur les autres commandes. Les compagnies aériennes Korean Air et Singapore Airlines ont assuré mercredi qu'elles n'imiteraient pas le groupe FedEx. «Il n'y a pas de changement dans nos commandes d'appareils auprès d’Airbus», déclare Singapore Airlines dans un communiqué. La compagnie aérienne Korean Air a également indiqué qu'elle n'a «pas de projet immédiat de modifier ou d'annuler de commande».

Pour sa part, le conseil d’administration qui s’est tenu, mardi à Amsterdam, a seulement permis d’entériner les comptes du troisième trimestre 2006. Sans surprise, ceux-ci accusent une chute d'un tiers par rapport à la même période de 2005 en raison des retards d'industrialisation de l'Airbus A380.  Soit une perte de 195 millions d'euros pour le troisième trimestre 2006, alors qu' il y a un an EADS affichait des bénéfices de 279 millions d' euros.

Une réduction de 80% de ses sous-traitants

En revanche, le conseil d'administration n’a pas apporté d’élément nouveau concernant le projet de long-courrier A-350. Trop gourmand en kérosène, trop lourd et pas assez confortable, le futur biréacteur, destiné à rivaliser avec le B-787 de Boeing, n’avait pas convaincu lors de son lancement l’année dernière. Après l’avance prise en termes de commandes par son concurrent américain, l’avionneur européen a entièrement revu sa copie.

La nouvelle version de l’A-350, dite XWB, qui n’arrivera au mieux sur le marché que quatre ans après le B-787 prévu en 2008, devrait cependant coûter de 9 à 10 milliards d’euros, soit le double du coût initialement prévu. La majeure partie du budget sera financée par les économies générées par le plan de redressement «Power 8» qui doit permettre d’économiser au moins 2 milliards d’euros par an à partir de 2010.

Lancé en octobre 2006, ce plan de relance drastique engagé par l’avionneur pour faire face aux difficultés financières liées au retard du futur avion géant A-380, devrait commencer à porter ses fruits à partir de 2008. Confirmant des informations rapportées par l’édition allemande du Financial Times, l’avionneur a annoncé, lundi soir, dans le cadre de ce plan, vouloir réduire le nombre de ses sous-traitants. De près de 3 000, le nombre des fournisseurs devrait ainsi chuter à environ à 500, tandis que le recours aux sous-traitants des pays à bas coûts augmenterait parallèlement de 50 %. C’est la première d’une série de mesures grâce auxquelles Airbus entend diminuer ses coûts de revient de 350 millions d’euros. Cela passe aussi par un changement des méthodes et notamment une réorganisation de la chaîne industrielle. L’avionneur envisage ainsi de réduire le nombre de ses plate-formes logistiques de 80 à entre 4 et 8.

A la recherche d’économies, l’avionneur compte notamment réduire ses coûts administratifs de 900 millions d’euros d’ici 2010. Parmi les mesures, la vente d’immeubles de bureaux à Paris et le gel des emplois. Ce qui se traduira par des suppressions d’emplois via des mesures d’âge mais aussi une réduction de l’emploi des intérimaires et des contrats à durée déterminée dans le secteur de la production. Les réductions d’emplois affecteront également les structures administratives du groupe.

Alors que l’inquiétude grandit chez les salariés français du groupe et chez les deux principaux syndicats d’Airbus à Toulouse, Force Ouvrière et la CGT, le coprésident exécutif d’EADS et PDG d’Airbus, Louis Gallois, s’est engagé à  ne rien entreprendre sans une concertation avec les syndicats, les collectivités locales et les fournisseurs. De leur côté, les deux principaux syndicats d’Airbus à Toulouse, Force Ouvrière et la CGT, ont annoncé leur intention de demander à la direction des explications sur ces coupes, lors du comité central d'entreprises de vendredi prochain.



par Myriam  Berber

Article publié le 07/11/2006 Dernière mise à jour le 07/11/2006 à 18:24 TU